Les éditions Syllepse viennent de publier (en février 2012) l’ouvrage « Sarkozy : bilan de la casse », dans la collection « Les notes et documents de la Fondation Copernic » (144 pages, 7 euros) ; le même texte est disponible aussi sous forme de hors série de l’Humanité sous le titre « L’abécédaire des maux du sarkozysme ».
C’est un ouvrage à lire impérativement, afin de voter en connaissance de cause et de ne pas (ou ne plus) se laisser endormir par les berceuses d’une équipe à laquelle il faut reconnaître un grand mérite : elle est inégalée en communication. Cette communication se fait grâce à l’emprise sur des media serviles – soit par conflits d’intérêts, soit par autocensure -, où le journalisme d’investigation n’existe plus. Ces media nous désinforment en habillant (à peine) les communiqués de presse reçus des lobbyistes et autres agences de communication travaillant pour les industriels et autres « acteurs de la vie économique », acteurs de ce monde des affaires – dans tous les sens du terme – que Nicolas Sarkozy voulait promouvoir en allégeant le droit des affaires, par exemple pour ne plus embêter des entrepreneurs aussi exemplaires que les laboratoires Servier par des lourdeurs administratives et autres contrôles.
Cette communication fabrique l’opinion par des méthodes d’influence et de persuasion pourtant bien connues, mais néanmoins toujours aussi efficaces, dans un monde où, justement, c’est l’opinion qui domine, car l’avis en connaissance de cause ne peut plus se former, la citoyenneté ne peut plus se construire et s’exprimer, puisque cette emprise empêche l’espace public politique (la Öffentlichkeit des philosophes) de se construire.
Nous finissons par reprendre, comme si c’était notre avis mûrement réfléchi, l’essentiel de la désinformation que l’on nous sert à toutes les sauces : Nicolas Sarkozy aurait sauvé l’Europe… en cautionnant la pseudo-politique économique qui ne sert que les intérêts de l’Allemagne et finira par mettre l’Europe à genoux ; il aurait « moralis[é] le capitalisme »… d’une façon qui démonétise le mot « morale » tout comme le mot « réforme », jusqu’à les rendre synonymes de régression, d’involution sociale, de collusions, copinages, conflits d’intérêts… Et ainsi de suite.
[Parenthèse sans rapport avec le livre: j’ai essayé de contribuer un peu, sur ce blog et ailleurs, à l’analyse des exploits de Nicolas Sarkozy et de son équipe en matière de conflits d’intérêts, lobbying et collusions avec l’industrie pharmaceutique et les « industries de la santé » (le terme même en dit long…). Pour ce qui est des collusions avec les industriels intervenant dans tous les aspects de la prise en charge des personnes âgées (maladie, assurances et mutuelles, maisons de retraite…), j’ai publié en mars 2009 une longue analyse des relations étroites de Nicolas Sarkozy et de ses frères avec ceux qui font du profit sur le dos de nos grand-parents. L’article, largement repris depuis 2009 par les rares media indépendants, s’appelle « Conflits d’intérêts des frères Sarkozy, plan Alzheimer et mutuelles obligatoires pour le profit de Sanofi et des assurances ».
Ce n’est que l’une des mailles du filet, en matière de santé, mais elle est typique et aide à comprendre quelle est la vraie raison de certains choix économiques – franchises médicales et autres ponctions des patients, maladie d’Alzheimer comme priorité de santé publique, partenariats public/privé, restructuration de la recherche publique… – qui favorisent les intérêts privés et les profits des industriels, mais nous sont présentés par la communication comme relevant des meilleures intentions de promouvoir la santé publique et d’un volontarisme politique inégalé. Il en va de même pour la loi de Xavier Bertrand, de réforme de la chaîne du médicament, introduisant certaines mesures cosmétiques dues de longue date, compte tenu du retard français en la matière, mais qui ne changeront en rien la nature structurellement pharma-amicale de notre système de santé et de soins, donc les risques pour la santé publique. (Voir les billets sur tous ces sujets à partir de la liste des catégories à gauche de la page.)]
Nous sommes désinformés en permanence. Aussi, lorsque des analyses indépendantes arrivent à voir le jour, il faut impérativement les lire. Lisons ce bilan de Nicolas Sarkozy, de son gouvernement et son administration, cet ouvrage que l’Humanité présente comme un « manuel de campagne » : « De A à Z, les principales mesures du quinquennat sont décryptées par 64 auteurs réunis par la Fondation Copernic. De AAA à Vidéosurveillance, en passant par Bouclier fiscal, Gandrange, Enseignants, Roms, RGPP ou encore Kadhafi, près de 130 mots sont rassemblés dans ce hors série que l’Humanité publie en partenariat avec la Fondation Copernic. Les auteurs, pour l’essentiel des responsables d’associations, de syndicats, des acteurs et chercheurs du mouvement social, passent au crible le bilan du quinquennat, de A à Z. »
Et voici la présentation détaillée postée le 6 mars sur le site de la Fondation Copernic :
« La campagne pour les élections présidentielles est engagée, il est plus que temps de parler du fond, et de dresser le bilan de la politique menée ces 5 dernières années – des cadeaux fiscaux à l’aggravation de la dette, de la RGPP à la réduction des dépenses publiques avec, pour chacun-e, des conséquences très concrètes : baisse de la protection sociale, compression des salaires et de l’indemnisation du chômage, suppression des aides aux associations, continuelles réductions des effectifs… Certaines réformes sont connues : le bouclier fiscal, le recul de l’âge de la retraite, le démantèlement de la fonction publique, la privatisation de la poste, la compression des moyens de la justice et des hôpitaux publics, de l’école et de la police, la fermeture de maternités et de centres IVG … Il faut rappeler ce que ces réformes libérales ont concrètement détruit, ce qu’elles coûtent et à qui, en conditions de travail comme aux usagers.
D’autres réformes, dissimulées ou peu visibles, constituent aussi le bilan de la présidence Sarkozy : désorganisation du service public de l’emploi, remise en question de l’accueil en école maternelle, démembrement de la médecine du travail, taxation des indemnités des accidentés du travail… Il faut les donner à voir.
Sous la forme d’un abécédaire, la Fondation Copernic a récapitulé tout ce qui été défait ces dernières années. Pour chacune des mesures, elle avance également des contre-propositions.
Pas un gouvernement, depuis 1945, n’a autant détruit, méticuleusement détricoté, l’un après l’autre, les droits sociaux conquis de haute lutte par les générations qui nous ont précédés. Aujourd’hui, 10% de la population détiennent 48% du patrimoine national, quand 50% n’en possèdent pas 7%. Ces quinze dernières années, les premières fortunes professionnelles françaises ont progressé six fois plus vite que la richesse nationale. Mieux, de 2010 à 2011, selon le baromètre Forbes, le nombre des milliardaires français en dollars a augmenté de 16,7% – quand la France compte 8 millions de pauvres. Il faut en finir avec ces inégalités, avec la précarité qui progresse et encourage les replis sur soi, la peur du plus proche, les rivalités dans et pour l’emploi, la concurrence à tous les niveaux, la fin des solidarités.
Par un singulier tour de passe-passe, l’équipe Sarkozy prétend être évaluée sur ses promesses, son projet, les solutions qu’elle dit vouloir apporter à la crise. Nous l’avons prise au mot : la Fondation Copernic, réunissant 64 auteurs, a dressé le bilan de ce quinquennat en traitant 130 items, et autant de contre-réformes.
Ce travail collectif est accessible pour armer les débats et les argumentaires dans la campagne en cours : sous la forme d’un hors-série de L’Humanité, L’Abécédaire des maux du Sarkozysme est distribué en kiosque au prix de 6 € ; plus traditionnellement, il est disponible dans la collection « Notes et Documents de la Fondation Copernic », chez Syllepse (7 €), sous le titre Sarkozy : Bilan de la casse, dans toutes les bonnes librairies.
Les résistances sont toujours là . Nous étions, courant 2010, des millions à manifester contre la fin de la retraite à 60 ans. Aujourd’hui, dans le privé, souvent silencieuses, mais nombreuses, les luttes se multiplient pour la préservation de l’emploi, les salaires et les conditions de travail.
Il faut, au plus vite, non seulement reconstruire ce que l’équipe Sarkozy a détruit, mais opérer une transformation sociale qui permette à toutes et tous de vivre dignement. Ce bilan est un outil pour y aider. »
La Fondation Copernic
Les auteurs :
Jean-Pierre ALAUX, GISTI
Julien BACH, juriste
Caroline BARDOT, conseillère régionale d’Ile-de-France, inspectrice du travail
Louis-Marie BARNIER, sociologue, syndicaliste
Emmanuel BLANCHARD, vice-président du GISTI, membre du réseau Migreurop
Régis BLANCHOT, SUD-PTT, membre du Conseil d’administration de La Poste
Catherine BLOCH LONDON, responsable à la Dares des études sur les heures supplémentaires
Gérard BOHNER, ingénieur CNRS, Gauche Unitaire
Nicolas BONNET, responsable des questions du sport au PCF
Catherine BOURGAIN, chercheuse en Génétique humaine
Josiane BOUTET, sociolinguiste, professeur des universités, co-coordinatrice générale de la Fondation Copernic
Jean DANET, universitaire, président du syndicat des avocats de France
Caroline DE HAAS, fondatrice d’Osez le féminisme !
Benjamin DEMAGNY, membre de la Comede
Vincent DREZET, porte-parole de l’Union SNUI-SUD Trésor Solidaires
Françoise DUMONT, membre de la LDH
Jean-Marc DURAND, économiste
Guillaume ETIEVANT, expert économique auprès des Comités d’entreprises et des organisations syndicales, président de la Commission économie du Parti de Gauche
Jean-Baptiste EYRAUD, porte-parole de Droit au logement (DAL)
Jacques FATH, responsable des questions internationales au PCF
Hervé FAYAT, politiste, groupe d’analyse politique de Paris-Ouest Nanterre
Gérard FILOCHE, inspecteur du travail et membre du Conseil national du PS
Laurent GARROUSTE, juriste du travail
Lionel GAY, vice-président du Conseil général du Puy-de-Dôme
Didier GELOT, économiste
Gérard GOURGUECHON, président des retraités de l’union syndicale Solidaires, membre du conseil scientifique d’ATTAC
André GRIMALDI, professeur de Diabétologie CHU Pitié Salpêtrière
Stéphane GUILLEMARE, professeur de philosophie
Jean-Marie HARRIBEY, économiste, Université de Bordeaux IV, membre du Conseil scientifique d’ATTAC
Régis HOCHARD, porte-parole de la Confédération paysanne
Camille JOUVE, professeur d’histoire-géographique, Conseil National du NPA
Pierre KHALFA, coprésident de la fondation Copernic, membre du Conseil scientifique d’Attac
Claire LE STRAT, politiste, groupe d’analyse politique de Paris-Ouest Nanterre
Safia LEBDI, présidente de la Commission du film en Ile-de-France
Alain LIPIETZ, économiste, Europe Ecologie/Les Verts
Claude LOUZOUN, psychiatre de service public, animateur du collectif Mais c’est un Homme, membre du collectif des 39-La nuit sécuritaire et de l’Union Syndicale de la Psychiatrie
Laurent KLAJNBAUM, chargé de communication au PCF
Christian MAHIEUX, porte-parole de Solidaires
Didier MAILLE, membre de la Comede
Jean MALIFAUD, mathématicien, Snesup
Marc MANGENOT, économiste
Christiane MARTY, ingénieure chercheuse, membre du conseil scientifique d’ATTAC
Pierre MASNIERE, ingénieur retraité EDF-Recherche et développement
Bénédicte MATTHIEU, journaliste
Caroline MECARY, avocate au Barreau de Paris, co-présidente de la Fondation Copernic
Olivier MICHEL, professeur d’informatique, Université Paris Est Créteil
Joëlle MOREAU, membre d’AC !
Francis PARNY, membre de l’exécutif national du PCF, chargé des relations extérieures, membre du comité de liaison du Front de Gauche, vice-président de la Région Ile-de-France
Willy PELLETIER, sociologue, Université de Picardie, coordinateur général de la Fondation Copernic
Robert PELLETIER, syndicaliste métallurgie CGT
Serge PORTELLI, Magistrat, vice-président au tribunal de grande instance de Paris
Jacques RIGAUDIAT, économiste
Nathalie ROBATEL, sociologue, membre de l’association Henri Pézerat Santé Travail Environnement
Claire RODIER, juriste au GISTI
Gaëlle ROUGERIE, Directrice des Relations au citoyen, ville d’Argenteuil
Gilles SAINATI, ancien secrétaire général du Syndicat de la magistrature
Stéphanie TREILLET, économiste, université Paris Est Créteil
Malik SALEMKOUR, vice-président Ligue des droits de l’Homme et animateur du collectif Romeurope
Edouard SILL, historien
Evelyne SIRE-MARIN, magistrat, présidente d’honneur de la fondation Copernic, vice-présidente de la LDH
Mylène STAMBOULI, avocate au Barreau de Paris, présidente de l’association Avocats pour la défense des droits des étrangers (ADDE) et du bureau national de la Ligue des droits de l’Homme
Axel TRANI, inspecteur général aux ministères de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur et de la recherche
Jean-Claude VITRAN, membre de la direction de la LDH
Louis WEBER, ancien président de l’Institut de recherche de la FSU
Je vous remercis pour votre article , très éclairant sur la vérité ,et que tout le monde devrait savoir . Mais , avec leur communication a eux , il n’est pas facile de savoir,en dehors de votre site ,ce qui se passe la haut . Merci encore ,a vous tous , toutes mes Salutations , et mes félicitations !
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dans les kiosque d’accord mais publier aussi sur le web , diffuser, c’est pour la bonne cause, eliminons l’escroc.
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Merci Eléna, j’ai fait suivre à tous mes contacts. Mon mari est en train de commander plusieurs hors-série de l’Humanité, car nous n’en trouvons pas dans les kiosques de notre ville, ville de Droite depuis toujours.
De cette façon, nous allons pouvoir faire circuler l’Humanité sans problème.
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Je vous remercis pour votre article, tres interressant et qui ouvre les yeux !
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Je trouve vraiment dommage que vos articles ne peuvent toucher qu’un public très restreint et déjà averti,on ne retrouve pas vos notes sur d’autres sites plus fréquentés.Il m’était impossible également de faire copier-coller,les liens ne passent pas,est-ce voulu? N’est-il pas urgent et vital que le plus de personnes possible soient au courant de l’énorme désinformation ;médecine et politique;finalement ce sont les mêmes méthodes de manipulation ,par le même genre d’individus sans scrupules.C’est tout simplement criminel.
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