Pauvreté en hausse, accès aux soins en baisse. Les médecins gardent revenus et privilèges

Le 30 août 2011, l’Observatoire des inégalités a publié un point d’information sur la hausse de la pauvreté en France, revenus médecins,dépassement d'honoraires encadrement,pauvreté hausse 2011,insee hausse pauvreté,inégalités sociales en santé,accès aux soins inégalité pauvreté,déserts médicaux démographie médicale,médecine libérale loi fourcade,secteur optionnel honoraires tarifs,médecine générale revenus honoraires,médecine libérale droite clientélisme politique,lobby médecine libérale,michel chassang lobby médical libéral,assurance reposabilité médecins,cmu refus testing médecine libérale,loi hpst médecine libérale accès aux soinsbasé sur la dernière étude de l’Insee. (Dessin Rodho, entre la réalité et le rêve…). 

Je l’évoque dans ce billet d’humeur, spontané, en continuité avec tout ce que j’ai écrit sur la rupture du contrat républicain entre usagers et médecins, du fait des démarches corporatistes des médecins, à l’exception du mouvement des psychiatres contre la Nuit sécuritaire (Collectif des 39). Je ne peux plus lire la presse médicale gratuite, ces litanies continuelles où il n’est question que d’argent – celui des professionnels de santé uniquement – et de défendre des privilèges. Les syndicats médicaux savent parfaitement y faire. S’il faut lire les communiqués du CSMF, il faudrait penser à prendre un antiémétique en « prévention », mot à la mode.

Le lobby médical en général est très puissant et fort influent auprès des élus. On a vu ce que cela donne avec le détricotage de la loi HPST, et je rappelle plus bas en détail que tout ce qui pouvait aller dans le sens des droits des patients et d’un accès égalitaire aux soins a été éliminé.

La droite « responsabilise » les usagers, qui paient toujours plus ; par contre, les médecins, eux, ne sont jamais responsables de rien. Alors sont-ils irresponsables?

On commencera à vraiment changer le système et prendre des mesures concrètes pour empêcher la corruption ordinaire et les scandales sanitaires du genre du Médiator lorsqu’il n’y aura plus de corporations et autres ordres et groupes d’intérêts qui s’autorégulent (sic). Le premier pas, c’est l’abolition de l’ordre des médecins, rétabli sous Vichy en violation des principes républicains et de la loi commune, et l’obligation pour tous les professionnels et industriels de devenir enfin responsables de leurs actes et se soumettre à la loi commune.  

Selon l’Observatoire des inégalités :

« En 2009, le seuil de pauvreté situé à 60 % du revenu médian, pour une personne seule, est de 954 euros mensuels ». 13,5% de la population vivant en France métropolitaine vit donc sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire 8,2 millions de personnes en 2009, alors qu’elles étaient 7,84 millions en 2008.

La tendance est à la hausse constante depuis 2002 : « La pauvreté a baissé des années 1970 au milieu des années 1990. Elle est ensuite restée plutôt stable jusqu’au début des années 2000. Depuis 2002, le nombre de personnes pauvres (…) a progressé de 678 000 (+ 9 %). Les taux sont passés respectivement (…) de 12,9 à 13,5 % », précise l’Observatoire, qui ajoute que même s’il ne s’agit pas d’une explosion, la tendance est très nette et constitue « un tournant historique depuis 1960 ». Selon l’Insee, cette hausse peut être rapprochée de l’augmentation du chômage.

De plus, il y a un écart de plus en plus important entre les plus aisés et les plus pauvres : « le niveau de vie des 10% les plus modestes est inférieur à 10 410 euros annuels, en baisse de 1,1% ». A l’autre bout, le niveau de vie des 10% les plus aisés dépasse 35 840 euros annuels, en progression de 0,7% par rapport à 2008.

Dans son numéro du 3 au 9 septembre, l’hebdomadaire Marianne relaie ces informations, et la brève est précédée par une autre : « + 10% : C’est, au premier trimestre 2011, l’augmentation des profits des entreprises du CAC 40. Une année qui s’annonce excellente pour le capitalisme français ».

Gageons que les inégalités en santé suivront la même courbe.

Un autre écart est lui aussi de plus en plus net : entre l’augmentation constante des revenus des médecins (voir le rapport de la Cour des comptes, par exemple) et la diminution des ressources des patients, avec une augmentation constante des restes à charge à payer de leur poche (forfaits, dépassements d’honoraires, franchises…) Parlant augmentation du pouvoir d’achat et des revenus, quelle profession fait mieux que les médecins généralistes signataires du CAPI (contrat d’amélioration des pratiques individuelles), dont la prime pour faire le travail qu’ils devraient faire de toute façon (sur les objectifs raisonnables, j’entends) peut atteindre 9.000 euros par an ?

Ce supplément – gagner plus sans travailler plus – est à comparer avec les 10 040 euros de revenus annuels que les 10% les plus modestes de la population n’atteignent pas. En ce sens, la caricature tirée du blog Social sociétal, où elle illustre un article et des références sur les significations de la loi HPST (démolition de l’hôpital public, du service public de santé…) est bien inspirée: 

 

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Mais les médecins sont, en France comme ailleurs, l’un des bastions traditionnels de la droite. Les élections présidentielles approchent, alors il ne faut rien leur refuser. Il n’y a pas d’argent ? Le monde est en crise ? Pas de problèmes, la droite le prendra dans la poche de ceux qui n’en ont pas pour en donner plus à ceux qui en ont déjà.

Pourquoi s’étonner que, pendant la même période de hausse de la pauvreté, 23% de la population renonce à des soins pour des raisons financières (voir mon article détaillé du 27 janvier 2011) ?

Ce n’est pas un contrat d’amélioration des pratiques individuelles (CAPI) que les médecins libéraux devraient signer. C’est un contrat collectif qui rappelle leurs devoirs, un contrat de changement des pratiques au niveau global, pour les ramener à des pratiques rationnelles. Et sans compensation financière supplémentaire, puisqu’il s’agit de faire leur travail et qu’aucune corporation ne doit être payée en double pour cela.

Que le tarif de la consultation des médecins généralistes passe de 21 à 22 euros, puis de 22 à 23, on peut le comprendre dans l’absolu, même si cette dernière augmentation coûte à elle seule 250 millions d’euros par an à la Sécurité sociale, en pleine crise économique, comme le souligne le Canard enchaîné (13 juillet 2011, p. 8) dans un article intitulé fort à propos « Vote sous perfusion ».

Mais ce qu’on ne peut pas comprendre, ni accepter, c’est que l’on prenne cet argent dans la poche des plus pauvres, à coups de forfaits, franchises « médicales » et autres dépassements. Et surtout, il est inadmissible que les puissants syndicats médicaux ne s’élèvent pas contre tout cela et ne demandent pas de quoi les usagers vont bien pouvoir payer, comment ils vont pouvoir se soigner entre les franchises et les dépassements d’honoraires, en particulier sachant que ces derniers sont en train de se généraliser avec le secteur optionnel. J’en ai parlé en détail dans un autre billet d’humeur: « Le hold-up des médecins: secteur optionnel, CAPI, refus de soins, dépassements d’honoraires, loi HPST refaite par le lobby médical… », qui adapte le titre d’une brève du Canard enchaîné, « Le hold-up des toubibs » et reprend un communiqué du SMG (Syndicat de médecine générale) dénonçant l’hypocrisie du secteur optionnel et ses dangers.

Un ordre réinstallé sous Vichy, en retour au Moyen âge, avec son clientélisme et la corruption qui en résulte…

Seuls Marianne et Le Canard enchaîné osent publier de temps à autre quelques informations sur les penchants corporatistes de la profession médicale et les privilèges qu’elle en tire, oubliant que ses intérêts ne revenus médecins,dépassement d'honoraires encadrement,pauvreté hausse 2011,insee hausse pauvreté,inégalités sociales en santé,accès aux soins inégalité pauvreté,déserts médicaux démographie médicale,médecine libérale loi fourcade,secteur optionnel honoraires tarifs,médecine générale revenus honoraires,médecine libérale droite clientélisme politique,lobby médecine libérale,michel chassang lobby médical libéral,assurance reposabilité médecins,cmu refus testing médecine libérale,loi hpst médecine libérale accès aux soinsdevraient jamais diverger de ceux des patients, qu’elle devrait se battre pour que les deux avancent ensemble. (Je compléterai plus tard ce billet spontané par des nouvelles récentes et des chiffres).

« Egal accès aux soins pour tous? Recul clientéliste« , titrait Marianne dans son numéro du 16 au 22 juillet (p. 39), détaillant les contenus de la loi Fourcade (photo) qui détricote la loi HPST (Hôpital, patients, santé, territoires) afin de « reconquérir des médecins libéraux très fâchés » et qui seront « dégagés des obligations du service public de la santé« .

Mais alors pourquoi ce service public, pourquoi cette collectivité dont ils ne veulent pas entendre parler en tant que « libéraux » paie-t-elle leurs charges sociales, leurs primes d’assurance? Et Marianne de citer Nicole Smolski, présidente du Syndicat national des praticiens hospitaliers en anesthésie-réanimation (SNPHAR-E): « Il est inadmissible de faire des cadeaux aux libéraux pendant qu’on démolit l’hôpital public« . Cela dit, cette spécialité est l’une des mieux loties, avec la radiologie, alors la journaliste aurait mieux fait de citer quelqu’un d’autre.

 

 

En finir avec l’ordre des médecins et toute autre corporation contraire à la République

Il y a encore des corporations, des ordres comme sous l’Ancien régime, comme les Stände (ordres) du Moyen âge; nous supportons qu’il y ait un ordre des médecins refondé sous Vichy (!), qui interpose des intérêts communautaires entre la seule communauté qui vaille en République (celle politique nationale) et les citoyens. Que les intérêts soient d’ordre professionnel n’en font pas moins des intérêts communautaires, qui ne devraient pas exister en République.

Le premier pas du rétablissement d’un ordre républicain minimaliste serait l’abolition de l’ordre des médecins et de toutes les structures qui vont avec (conseil de l’ordre, filiales régionales, structures qui organisent et accréditent les conflits d’intérêts dans tous les domaines de l’exercice de la médecine, etc.). 

Il faut en finir avec les ordres qui s’ « autorégulent », qui plus est, dans un pays qui se dit pourtant une république. On peut comprendre pour quelles raisons la profession médicale s’autorégule – promouvoir et défendre ses intérêts économiques et ses privilèges – et ne veut dépendre que de son conseil de l’ordre, pas de la loi commune et générale en République… Mais ce n’est pas une raison d’accepter cela. Au contraire. Les médecins doivent relever eux aussi directement de la loi, sans aucune interface communautaire – soit-elle d’ordre professionnel – qui serve d’amortisseur. La loi est commune, en République, précisément en s’opposant aux modèles de « common law« , de lois particularistes à l’anglo-saxonne, qui permettent que des organisations ou instances communautaristes servent d’interface et « résolvent » à leur façon des problèmes disciplinaires, des manquements et violations à la loi générale, etc., sans en référer aux autorités qui ont pourtant seules « le monopole de la violence légitime », à savoir celles étatiques.

Je reviendrai sur le rôle de l’ordre des médecins et ses communiqués (signés par le Dr Michel Legman ou d’autres) dans l’organisation de cette corruption ordinaire du système de recherche, de formation et d’information médicales par l’industrie pharmaceutique et dans la structuration et le maintien de l’influence – incompréhensible et inexistante dans d’autres pays – de la médecine organisée sur l’ensemble du système de santé français, sur la décision à tous les niveaux, depuis l’économie de santé jusqu’aux moindres détails de la pratique médicale. 

La faillite actuelle du système, qui se traduit dans des drames humains et des scandales sanitaires répétés, l’ordre des médecins en est parmi les tout premiers responsables, compte tenu de son influence.

Il faut en finir avec l’aveuglement, se rendre à l’évidence et exiger les mesures qui s’imposent. Le projet de loi de Xavier Bertrand réformant le circuit du médicament devrait commencer par cela: en finir avec tous les ordres, toutes les corporations, toutes les autorégulations et autres chartes de bonne conduite (de l’ordre des médecins, du LEEM, de la visite médicale, etc.) et casser toutes les interfaces qui s’interposent entre ces professionnels de la médecine (médecins, pharmaciens, infirmiers, kinésithérapeutes, etc.), ces professionnels de la pharmacie et autres industriels, d’une part, et la loi commune générale, d’autre part. 

Chaque individu est directement responsable de ses actes, sans le parapluie d’une organisation (ordre, corporation) privilégiée. De quel droit laisser des ordres (désordres) d’une part, mais interdire des communautés culturelles ou autres, qui voudraient jouer le même rôle, d’autre part?

Or on a vu que le projet de loi de Xavier Bertrand n’en prend pas le chemin. Et que les maigres avancées dans la loi HPST de Roselyne Bachelot ont été cassées.

 

Recul clientéliste de la droite: liberté d’installation, dépassements d’honoraires, permanence des soins…   

Car quelle levée de boucliers professionnels criant misère, si d’aventure il s’agissait de légiférer sur le testing à propos du refus de la CMU, sur la liberté d’installation, les dépassements d’honoraires, le signalement des vacances, les efforts pour compenser les déserts médicaux, etc. Comme si ce n’était pas la communauté nationale qui payait pour leurs études, pour leurs charges sociales, pour leur prime de responsabilité civile professionnelle; assurance responsabilité qui ne doit pas dépasser 5 000 euros par an et par médecin, disent les syndicats…

C’est cet énième recul par rapport à ce qui était initialement prévu dans la loi HPST de Roselyne Bachelot qui me pousse à écrire ce billet d’humeur. Qu’on ne m’explique pas que 10 ou 12 années d’études justifient tous les privilèges. D’autres en ont fait autant, sans avoir des passe-droits, des privilèges et sans les exiger. Et c’est tant mieux.

Dans l’article « Vote sous perfusion » déjà cité, le Canard enchaîné notait à juste titre: « C’est fou, cette manie de draguer les toubibs. (…) [Les mesures déjà prises n’ont pas suffi aux médecins, qui ont exprimé leur mauvaise humeur dans des sondages, menançant de voter à gauche en 2012] Rien que des ingrats. (…) Malheur! Il fallait fissa guérir cette mauvaise humeur« . 

C’est chose faite. Déjà la nomination de Xavier Bertrand allait dans ce sens, puiqsu’il semble apprécié des syndicats médicaux, qu’il sait caresser dans le sens du poil. Et puis, « jeudi 7 juillet, les revenus médecins,dépassement d'honoraires encadrement,pauvreté hausse 2011,insee hausse pauvreté,inégalités sociales en santé,accès aux soins inégalité pauvreté,déserts médicaux démographie médicale,médecine libérale loi fourcade,secteur optionnel honoraires tarifs,médecine générale revenus honoraires,médecine libérale droite clientélisme politique,lobby médecine libérale,michel chassang lobby médical libéral,assurance reposabilité médecins,cmu refus testing médecine libérale,loi hpst médecine libérale accès aux soinsdéputés UMP ont détricoté la loi Bachelot qui imposait deux mesurettes pour lutter contre les déserts médicaux. Envolée, l’affreuse obligation pour les médecins de déclarer leurs congés et d’aider, en cas de besoin et à temps très partiel, leurs confrères des zones sousmédicalisées. Tant pis si les déserts médicaux sont de plus en plus déserts. Et si la manip se voit comme un stéthoscope au milieu du bulletin de vote. Dans Le Monde (9/7), Michel Chassang, président du puissant syndicat de toubibs CSMF, en rigolait presque: « Est-ce que ça changera le vote des médecins? Impossible à dire, mais, au moins, cela ne peut pas faire de mal. » Vive l’électoralisme sans complexe! »

Dans le même sens, à propos des déserts médicaux et de la sacro-sainte liberté d’installation, Marianne note dans une brève (numéro du 3 au 7 août 2011, p. 38): « Le chiffre qui chiffonne : 0,41% C’est le taux d’augmentation du nombre d’internes en médecine dans le Nord-Ouest pour la période 2010-2014, selon des élus. L’Ile-de-France et la région Paca seront mieux loties avec une hausse de 46,2% et 58,4%. Alors même que ces deux régions sont déjà surdotées en médecins. »

Les usagers de certaines régions n’ont qu’à ne pas tomber malades.

Il ne reste plus rien des amendes de 3.000 euros prévues en cas de non respect des obligations. Les médecins ne sont pas tenus à respecter quoi que ce soit, ils ne sont pas responsables de quoi que ce soit, et il faut leur donner toujours plus, même si c’est de la poche de l’autre « partenaire », qui passe de plus en plus pour le pigeon à plumer…

Les mesures incitatives (bourses et autres incitations financières et facilités telles que le logement et le cabinet gratuits, etc.) pour que des médecins aillent s’installer dans les déserts médicaux ont coûté plusieurs dizaines de millions d’euros, sans résultat notable. Et après, les médecins français se plaignent si les élus locaux vont chercher des médecins à l’étranger; ils se permettent même de sortir des blagues douteuses sur leur compte… Les syndicats de médecins ont d’ailleurs vertement critiqué les syndicats d’infirmiers qui ont accepté des accords limitant leur liberté d’installation – contre compensations financières et autres.  

Curieusement, d’autres agents de service public (enseignants…) n’ont pas le choix, eux, et n’ont pas d’incitations financières. Et c’est tant mieux.

 

Absence de responsabilité pour leurs actes, leurs querelles et leurs divisions

Les médecins ne sont-ils jamais responsables, ni de leurs prescriptions, ni de leurs primes d’assurance responsabilité ? C’est toujours les autres qui doivent payer ? Pas question de contribuer à l’indemnisation des victimes du Médiator ? Ce serait même une injure de poser la question, paraît-il… Mais qui a prescrit ce médicament, ainsi que les autres de la même trempe ? Ces médecins dont certains disent qu’accepter des patients qui bénéficient de la CMU serait gripper la machine : comme accepter un SDF dans un restaurant de luxe, qui n’est pas fait pour eux.

D’autres qui comparent le contrat social à un contrat entre un garagiste et un automobiliste.

D’autres encore prennent la demande de continuité des soins comme une demande de travailler tout le temps. (Mais essayez de trouver un médecin de ville un samedi. Après, on se plaint que les urgences sont surchargées. Est-ce impossible qu’ils s’arrangent entre eux pour travailler un samedi et prendre un jour libre le lundi ?)

D’autres encore s’étripent en se divisant entre spécialistes et généralistes, entre libéraux et hospitaliers, chaque camp renvoyant la balle dans le camp d’en face et l’accusant de tous les maux. La caste hospitalière, c’est le diable, les généralistes libéraux, ce sont des anges. Et vice versa.

Et dans tout cela, ce sont toujours les patients qui paient les pots cassés, ce sont toujours eux qui ont plus à payer, dans tous les sens du terme. Ils paient le prix aussi lorsqu’ils sont accusés d’être des fraudeurs et mener la Sécurité sociale à sa perte, alors que les analyses plus précises montrent que ce sont les professionnels de santé (tous, pas seulement les médecins) qui sont responsables des fraudes les plus importantes. Et les fraudes n’ont pas les mêmes raisons. Ce n’est pas un pauvre qui n’a pas de quoi payer quelque chose, mais un professionnel payé correctement qui veut gagner plus, en « chauffant la carte Vitale » de ses patients, en faisant des consultations de plus en plus courtes et de plus en plus nombreuses, etc.

C’est pour de telles raisons que le climat a changé peu à peu en Allemagne, lorsque les media ont compris qu’ils se sont fait avoir par des spécialistes de la jérémiade sur les médecins qui crèveraient la dalle, mais qui vont faire grève en roulant en Porsche Cayenne. J’en ai parlé dans cet article, comme j’ai parlé plusieurs fois du désamour qui s’installe de plus en plus entre patients et médecins dans les pays anglo-saxons, du fait de cette perte de professionnalisme (terme qui comprend les éthiques dans son acception là-bas) fort bien décrite par le Pr Arnold Relman. Il est de la vieille école, lui. Un médecin mandataire des intérêts de son patient, ce n’était pas du chinois pour lui, ni une corvée ; cela allait de soi.

En France, on pensait les privilèges finis avec l’Ancien régime… Le travail n’est manifestement pas fini. le néolibéralisme exacerbe tout cela.

On me traitera certainement de tous les noms pour en parler aussi directement; c’est d’ailleurs déjà arrivé. Il faudrait utiliser des euphémismes, voir ne jamais évoquer le sujet. Même pas alors que 2011 était censée être l’année des patients et de leurs droits.

Quelle bonne blague!

Le républicanisme n’a plus cours. Parler d’une convergence des intérêts des médecins et des patients, qui devrait être l’une des raisons d’être de la médecine, n’a plus cours. Chacun son intérêt, et c’est celui qui a les plus forts moyens de pression, qui a des organisations et un lobby pour l’imposer, qui l’emporte.

Il n’y a pas de suspense; les dés sont pipés et jetés depuis longtemps. C’est l’utilitarisme néolibéral dans toute sa splendeur. Les plus forts y trouvent leur compte et font ce qu’il faut pour que le système se reproduise; les autres n’ont pas voix au chapitre.

Elena Pasca

*

Mise à jour

Revenu des médecins libéraux en 2007, net, incluant l’ensemble des médecins ayant perçu au moins 1 euro d’honoraires (ce qui abaisse forcément les moyennes).

Pour les généralistes, la consultation n’avait pas encore été revalorisée et la prime allant jusqu’à 9.000 euros par an (pour le CAPI) n’existait pas encore. Le tableau est paru sur le site CFDT retraités et se base sur les données de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques des ministères de la Santé et des Affaires sociales), de la CNAMTS, de l’INSEE et de la CARMF (Caisse autonome de retraite des médecins de France).

Les auteurs notent une hausse moyenne de 8,9% par an: « l’augmentation des tarifs pratiqués est à l’origine des fortes progressions de revenus en 2007 par rapport à 2006. La hausse moyenne a été de 8,9% avec des chiffres variant de 3,2% à 12,9% selon les spécialités ».

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14 réflexions au sujet de “Pauvreté en hausse, accès aux soins en baisse. Les médecins gardent revenus et privilèges”

  1. J’ai été piqué par votre note d’aujourd’hui.
    Je trouve qu’il lui manque cette part de nuance et de contrepoint qui pourtant sont très présents dans votre blog.
    Oui je suis médecin a peine installé mais je ne me retrouve pas dans vos propos.
    J’estime exercer dans l’intérêt de mes patients et pour un salaire final net finalement peu élevé au vu du nombre d’heures travaillées.
    Je pense pour ma part réfléchir et me remettre parfois en question, je ne pense pas être le seul dans cette situation :
    http://genoudesalpages.blogspot.com/2011/05/negociations-conventionnelles-mon-c.html
    http://boree.eu/?p=1487
    http://julienbezolles.blogspot.com/2009/07/la-haine-du-pauvre.html
    Ne nous mettez pas tous dans le même panier

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  2. Le temps ne semble plus très loin, où il faudra payer le médecin avec un poulet, un saucisson, quelques poireaux du jardin, un sac de pommes de terre….. ; mais les jardins sont devenus rares et les villes grandes…..
    Ce jour là le médecin devenu pauvre se trouvera seul face aux sans voix, et ce sera la force des pauvres.
    Il était des milliers…….. !

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  3. @ le Nuage,
    Je ne pense pas qu’Eléna vous mettes tous dans le même panier, il faut juste reconnaitre qu’il y a des abus, de sérieux abus.
    Je connais également des médecins formidables ; les gens de la campagne viennent à son cabinet avec des pots de confiture maison, des légumes, des oeufs…..mais par pure bonté, car ils paient leur consultation.
    J’apportais également des pots de confiture maison à mon médecin, et lorsque j’y suis retournée avec les papiers de l’Afssaps et du Laboratoire rappelant qu’il ne fallait pas prescrire Agréal plus de 3 mois, il m’a répondu « Bien sûr que je les ai reçu, et alors, je l’ai toujours prescrit….attendez je vous rends vos pots de confiture, elles étaient très bonnes….Revenez demain, je n’ai pas le temps….!
    Il m’avait fallu une heure pour faire les 5 minutes qui me séparaient de son cabinet, accrochée aux haies, aux poteaux, tel une ivrogne ne pouvant marcher. Par la suite il me fallut 2 personnes pour m’aider à marcher.
    J’avais récupéré mes pots vides, et le médecin est parti en vacances…..
    Non il n’a pas été embêté, l’Ordre des médecins à qui j’avais envoyé un mail me répondit « voyez votre médecin traitant ! » Ah la belle affaire…….

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  4. A « Le Nuage »:
    Bonjour et merci pour votre commentaire.
    Vous dites qu’il manque dans ce billet d’humeur « cette part de nuance et de contrepoint qui pourtant sont très présents dans [mon] blog. »
    Je ne pense pas vous avoir lu auparavant sur Pharmacritique, et c’est bien dommage ; du coup, il m’est impossible de dire s’il y a chez vous la part de nuance et de contrepoint que vous attendez de moi.
    Que le seul contact se fasse par la négative, c’est dommage.
    Mais laissons de côté la forme.
    Même si je conçois que ce billet puisse vous piquer – donc pas de soucis si vous me répondez par de l’humeur à mon billet d’humeur -, merci de me lire attentivement pour ne pas me prêter des propos qui ne sont pas miens. Je critique la MEDECINE ORGANISEE, en particulier l’ORDRE des médecins, son existence même, et aussi les syndicats.
    J’ai complété un peu le texte, mais il faudra revenir plus longuement sur le rôle de l’ordre des médecins dans ce système médico-pharmaceutique en faillite, dans l’organisation de la corruption quotidienne (conflits d’intérêts banalisés, avalisés et organisés à tous les niveaux par l’ordre…)
    Je suis une vieille REPUBLICAINE, c’est dit partout. Les ordres et corporations, je les réfute au nom des principes républicains, même pas par valeurs ou opinion personnelles (même si elles coïncident chez moi).
    JE CONTESTE TOUTE CORPORATION, qu’il s’agisse de l’ordre des boulangers, de l’ordre des joueurs de pétanque ou de l’ordre des médecins. Et c’est formulé encore plus clairement, et à l’aide de références historiques, dans mes exposés lors de séminaires, colloques, etc.
    L’ordre des médecins est une actualisation faite sous le régime de Vichy – négation de la République, s’il en est – de la corporation moyenâgeuse de ceux qui faisaient commerce des soins à l’époque et qui voulaient endiguer la concurrence. Les usagers n’existent pas dans une corporation, alors même que ce ne sont pas des clients, mais la raison d’être de la médecine, le deuxième élément dans une dyade inséparable.
    C’est là-dessus que devrait porter votre réponse. Ce n’est pas moi qui vous mets tous dans le même sac, c’est vous tous qui le faites. Vous voulez faire connaître aux lecteurs de Pharmacritique des positions de résistance? Je serais ravie que vous donniez des liens ou que vous nommiez tous les médecins qui sont sortis de l’ordre des médecins, qui l’ont contesté, etc.
    Si quelques dizaines de milliers de médecins se concertaient pour le faire, l’ordre n’existerait plus. Les médecins seraient des citoyens comme les autres, responsables comme les autres de leurs actes devant la loi, sans interface protectionniste qui ne leur rend pas service, tous comptes faits.
    A suivre.

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  5. Suite de ma réponse à « Le Nuage »
    DIFFICULTES DE LA MEDECINE LIBERALE
    Vous parlez – à travers les blogs cités et ceux qui s’entrecitent dans le cercle de la référence typique de la blogosphère médicale française, excluant les usagers à égalité – des difficultés de la médecine libérale, de ce qu’il faudrait faire pour la rétablir – par exemple se déconventionner et faire payer plein pot des consultations de 70 euros aux patients, qui iraient du coup faire pression sur la Sécurité sociale et obtiendraient une situation meilleure. Vous parlez de rétablir la dignité des médecins, etc.
    Jamais vous ne dites ce que les médecins devraient faire pour rétablir la dignité des patients, ceux qui se voient traiter comme des moins que rien parce qu’ils sont pauvres et n’ont que la CMU, pour que cessent les franchises et autres forfaits, les dépassements et autres ponctions de la poche des plus pauvres.
    Vous seriez prêts, du moins selon les liens donnés, à instrumentaliser des patients pour gagner plus, quitte à ce qu’ils aient à payer encore plus (temporairement, disons).
    Cela montre ce que je disais: démarches corporatistes, façon de pensée corporatiste: vous, médecins, pensez seulement à vous, pas aux deux. C’est cet oubli des usagers – ce fossé, là où il devrait y avoir une dyade inséparable – qui est inacceptable pour la républicaine que je suis, pas tellement la recherche de plus de gains.
    POURQUOI LA MEDECINE LIBERALE SERAIT-ELLE INDEPASSABLE ?
    Mais la question que je me pose, sous un angle républicain toujours: mais puisque vous dites que le système de médecine libérale ne marche pas, qu’il est problématique pour les médecins comme pour les patients, pourquoi le défendre?
    Il y a des systèmes sans médecine libérale, j’ai eu l’occasion d’en connaître un, et médecins et malades en profitent, au meilleur sens du terme.
    Comme il n’y a pas la course à l’acte (pas de paiement à l’acte), il n’y a pas de stress pour accumuler les consultations courtes et souvent problématiques, parce que, comme cela a été redécouvert récemment, la plupart des erreurs médicales auraient pu être évitées si le médecin avait pris le temps d’écouter lors de la première consultation. Après, c’est souvent trop tard, car quel usager n’a pas connu l’orgueil de la plupart des médecins et leur difficulté (pour ne pas dire incapacité à se remettre en cause)?
    Vous vous plaignez de la médecine libérale, des charges trop lourdes, etc.? Eh bien, la solution est simple, si ce système est invivable : le SALARIAT, aménagé de façon rationnelle.
    En tout cas, je serais intéressée par tout raisonnement digne de ce nom, argumenté, en faveur de la médecine libérale. Qu’est-ce qu’elle apporte d’indépassable et pourquoi faudrait-il la garder coûte que coûte?
    Ce sont des questions complexes, je ne fais qu’affleurer quelques-unes spontanément.
    LES INFRACTIONS DES MEDECINS SANS CONSEQUENCES ?
    L’égalité des citoyens devant la loi, c’est l’un des principes républicains élémentaires.
    Refuser un patient qui a la CMU, c’est une infraction. Et on voudrait m’obliger à parler avec tel médecin qui justifie une infraction à la loi, et on me reproche d’avoir dit qu’un tel médecin et moi n’avions plus rien à nous dire sur un tel sujet… C’est le monde à l’envers. Cela montre que, consciemment ou inconsciemment, la plupart des médecins pensent être au-dessus des lois.
    D’autres infractions à la loi sont commises par les médecins, mais jamais punies, car la discipline, ce n’est pas la loi commune qui l’apporte, c’est-à-dire cet Etat qui a le monopole de la violence légitime (violence au sens d’instruction d’une infraction/délit et administration de la peine), mais… l’ordre des médecins.
    AUTOREGULATION ?
    … Autodiscipline? Chartes volontaires échappant à la loi commune?
    Jusqu’à quand cette exception à la loi commune, à la loi générale, parce que des instances corporatistes s’interposent et induisent des régimes particuliers, des droits particularistes, dans une loi qui n’est commune que pour les citoyens qui n’ont pas de privilèges apportés par une corporation?
    Je le disais dans le billet: si l’on accepte des ordres professionnels, au nom de quoi refuser des instances communautaires et COMMUNAUTARISTES qui apporteraient des lois particularistes en fonction de la religion, de la culture, de l’ethnie…?
    Cela relève strictement de la même logique – et c’est d’ailleurs l’un des points forts de mon travail, mais passons, car cela n’a pas de rapport avec Pharmacritique.
    Or tant que nous serons dans un REGIME REPUBLICAIN – qui est loin des principes, mais acceptons qu’il a au moins la forme d’un régime politique républicain -, tout ordre, toute corporation, toute instance introduisant des réglementations, codes particularistes autres que les lois générales, tout cela est à tout moment une négation de la république et devrait être perçu comme tel par ceux qui mettent cela en pratique et font vivre ce désordre des médecins, lui permettent de se reproduire.
    Mais qu’importe la loi, qu’importe la République et sa morale par rapport aux privilèges et aux intérêts économiques qu’apporte une telle protection professionnelle corporatiste?
    Les privilèges sont tellement bien ancrés qu’ils ne sont même plus perçus comme tels. On ne devrait même pas poser la question, surtout en tant qu’usager… Et comme personne n’ose appeler un chat un chat et que les syndicats sont très actifs, en plus de l’ordre des médecins et du lobby qui en résulte, ils sont pris pour un dû, pour une sorte de loi « naturelle », inscrite dans l’ordre des choses.
    Ce qui est dommage, c’est de n’avoir rien gardé d’un certain ethos, de certaines valeurs qui distinguaient les corporations et ordres au Moyen âge. Si ce n’est au sens déformé, par exemple cette solidarité coûte que coûte entre membres de la corporation – celle-là se voit elle aussi lorsqu’il s’agit de donner des noms d’oiseaux et d’exclure les usagers qui auraient osé poser une question, critiquer ou simplement rester indépendants.
    Pour la plupart d’entre vous, médecins, vous continuerez à vous citer entre vous, par cercles et chapelles, à ne pas admettre – même si ce n’est pas dit aussi directement – un avis différent, en particulier venant d’un usager.
    Vous, médecins d’une blogosphère excluant les usagers en tant que sujets à part entière, continuerez à reproduire votre point de vue, comme s’il était le seul légitime, comme si toute question sur un quelconque aspect de la médecine organisée serait une attaque personnelle à l’égard des médecins…
    Médecins qui, eux, répondent souvent par des attaques personnelles. Discréditer la personne pour discréditer le questionnement dérangeant qu’elle formule, on le voit plus d’une fois. Se moquer du physique de tel responsable d’une association d’usagers qui remet en cause les dépassements d’honoraires et le refus de la CMU passe pour de l’humour. Comme d’autres dérapages dans la blogosphère médicale. Que se passerait-il si c’était l’inverse?
    Ce sont les principes républicains qui remettent en cause la médecine organisée, l’ordre des médecins et toutes ses conséquences. Je le redis: merci de citer les médecins qui résistent à cela, et je me ferai un plaisir de les féliciter. (C’est sans ironie; j’ai l’ahbitude de dire directement ce que je pense.)
    Et n’hésitez pas à poster des commentaires aussi pour souligner la nuance et le contrepoint. Si vous dites qu’ils sont présents en général chez moi, il devrait y avoir au moins un commentaire le disant ;))
    Ou alors vous pensez que ce serait mal vu qu’un médecin de cette blogosphère médicale circulaire et exclusive à la française poste un commentaire favorable sur le blog d’un usager critique exclu de cette blogosphère ?
    Je suis curieuse de voir la suite ;))
    Bien cordialement.

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  6. Vos articles et commentaires sont intéressants. Cependant, en tant qu’étudiant en médecine – je me suis aussi senti piqué au vif.
    Lorsqu’on lit votre article un peu vite, on peut avoir le sentiment que les médecins sont des nantis, qu’ils se cachent derrière leur ordre et que le bien des patients vient après leur porte-monnaie.
    Et bien ce n’est pas fondamentalement faux.
    Après 2 concours (difficile, dont un – le 2nd – bien plus difficile que tout ce que j’ai pu imaginer, à tel point qu’un de mes conférenciers le trouvait plus violent que celui d’X, qu’il avait pourtant aussi passé…), 6 ans d’études, plusieurs milliers d’heures (2500 et des brouettes, et je vous passe les gardes/astreintes) payées 1euros de l’heure et bien … les patients commencent sérieusement à me courir.
    Pourtant, promis, au début je les aimais bien. J’avais qu’en envie, les soigner. Le mieux possible. Maintenant j’ai qu’une seule envie, profiter de la vie (parce que globalement le sentiment d’avoir gâché ma jeunesse à bosser plus de 12h par jour ne me quitte pas) et donc – et c’est bien triste, mais c’est comme ça – gagner un maximum d’argent.
    Notre système et notre formation nous transforme. On en vient à ne plus s’intéresser aux gens, on passe nos journées dans des bibliothèques à apprendre des listes de mots clés, pendant plusieurs années…
    Comment voulez vous qu’après ça on ne pense qu’a garder nos « privilège » (encore que je connais pas beaucoup de médecins privilégier) et notre argent (encore que gagner 10.000euros/mois pour finir avec un taux net horaire à 21euros – soit moins qu’un cadre – je trouve pas ça fameux) ??
    Moi aussi je voudrai d’une médecine plus sociale. Mais faut arrêter de déconner, les refus de patient en CMU tient pas au manque à gagner des médecins, ça tient surtout au fait qu’une fois sur 2 les patients CMU ne viennent pas à leur RDV et qu’au bout du 5ème fois, bah on commence à en avoir raz-le-bol.
    Alors oui, je pense qu’il faut refonder le système médical français. En commençant par ses fondations : les études. Si les médecins ne souffraient pas pendant leur externat/internat, ils feraient certainement de meilleurs docteurs.
    Cordialement.

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  7. Bonjour,
    Le commentaire de Jon Snow est affligeant. S’il est dégoûté des patients alors qu’il commence sa vie professionnelle…
    Mais votre chronique est injuste. Mettre tous les médecins dans le même panier, c’est comme mettre tous les « arabes » dans le même panier, tous les vieux, tous les agriculteurs, etc… Cela manque de nuances effectivement.
    L’Ordre des médecins n’a pas été « rétabli sous Vichy ». Il a été créé par une loi vychiste du 7/10/1940, sous forme de Conseil supérieur des médecins. Dissous par une ordonnance du gouvernement provisoire de la République Française à Alger, le 18/10/1943. Avant d’être recréé sous sa forme actuelle par une ordonnance de la République Française signé par De Gaulle et François Billoux, ministre communiste de la Santé, le 24/09/1945. Rendons à la République ce qui appartient à la République.
    Vous voulez en finir avec les Ordres, mais un certain nombre de médecins aussi. Nous avions même cru à l’une des 101 propositions du candidat Mitterrand qui prévoyait la suppression de l’Ordre. La grotesque république mitterrandesque ayant révélé sa vraie nature (Régression sociale et argent-roi, avez-vous entendu Delors à la télé se vanter d’avoir réussi à liquider la sidérurgie lorraine sans grande réaction sociale?), l’Ordre n’a pas été dissous. Vous ne vous en souvenez plus?
    A cette époque, les médecins qui ont continué le combat en refusant de payer leurs cotisations à l’Ordre ont tous été condamnés à payer par les tribunaux appliquant les lois de la République. Pas de cotisation = interdiction d’exercer.
    Evitez de faire référence à ce torchon de Marianne pour parler « des médecins ». Ah, l’argent des médecins! Il est vrai que certains ont compris que pour gagner sa vie, il vaut mieux multiplier les actes. Mais moi, avec des consultations de 20 minutes, je gagne 3 000 euros nets par mois, pour 5 personnes à la maison (moyenne sur les 20 dernières années), et je n’ai pas l’impression de voler qui que ce soit. Je reçois tous les CMU qui se présentent. Mais je dois constater que beaucoup de ces patients, comme ils ne payent rien, ne font pas leurs papiers en temps voulu, et je ne suis pas payé par la sécu (par ex. lors de visites de nuits pour des patients d’autres confrères).
    Les franchises, nous sommes un certain nombre de médecins à avoir protesté contre (cf le site du Dr Christian Lehmann). Le Capi, nous sommes un certain nombre à l’avoir refusé (Appel du Syndicat de la Médecine Générale, cf son site). Et ce n’est pas nous qui avons voté Sarko, mais une majorité des Français. Nous ne sommes pas nombreux? Mais où étaient les Français lors des manifestations contre la minoration des retraites, les samedis (pas d’excuse, même pour les salariés du privé), manifs auxquelles je participais. La majorité des Français quand il faut défendre l’Assurance Maladie Vieillesse restent devant sa télé ou part en week-end. Il ne faut pas vous étonner que les médecins français ne soient pas plus combatifs que leurs compatriotes.
    C’est un bulletin de la CFDT qui lance une campagne poujadiste sur les revenus des médecins. A la CFDT ils feraient mieux de s’inquiéter de la politique de collaboration menée par leurs dirigeants, qui passent leur temps à faire des ronds de jambe dans les ministères pour négocier la régression sociale. C’est pas la CFDT qui gère la Sécu? Et ne pas oublier que, comme les syndicats médicaux, les syndicats « ouvriers » sont largement subventionnés par l’Etat et les firmes industrielles. Ce qui explique peut être bien des signatures. Chez les médecins, au moins, c’est clair. Pour être subventionné, un syndicat doit avoir signé la Convention médicale!
    J’ai refusé le CAPI d’abord pour des raisons éthiques (comme le SMG), mais aussi pour des raisons médicales. Certains objectifs sont normaux, par ex. la surveillance des diabétiques, des hypertendus… Mais je n’ai pas envie de toucher une prime pour vacciner à tour de bras contre la grippe, ou imposer aux femmes des mammographies dont l’utilité est discutable. Et puis c’est le début d’un engrenage. Dans 5 ans, on nous demandera de vacciner toutes les jeunes filles contre le HPV, etc.
    Seuls 36% des médecins ont été volontaires pour le Capi, avant. C’est déjà trop, et ça a permis de le rendre obligatoire dans la nouvelle convention (Mais où était donc la CFDT?). Mais un sondage qui vaut ce qu’il vaut (Sur le site internet d’une télévision médicale, Pratis TV) donne ce matin plus de 40% des médecins hostiles à ce dispositif. Mais il faut le dénoncer individuellement par lettre recommandée à la Caisse Primaire avant le 26 décembre prochain.
    Les déserts médicaux ont été planifiés depuis longtemps, du temps de la république mitterrandesque. C’est Gilles Johanet, énarque, spécialiste santé du PS qui avait fait cette découverte géniale: moins il y aurait de médecins, moins il y aurait de dépenses de santé. Les socialistes décidèrent donc d’un numerus clausus pour limiter le nombre d’étudiants en médecine. Cette politique était tellement géniale qu’elle fut reprise pendant 30 ans par tous les gouvernements, de droite et de gauche. Maintenant qu’on en voit le résultat, génial, le gouvernement actuel s’est enfin décidé à remonter le nombre d’étudiants. Mais trop tard, aujourd’hui les campagnes, demain (dans les 5 ans) ce seront les villes qui vont être touchées par la pénurie de médecins. Entre deux, Johanet était passé chez les assureurs AXA. C’est justement d’AXA que vient l’actuel dirigeant de la CNAM, Van Roekegem. De gauche ou de droite, on entretient des passerelles entre Sécu et assurances privées…
    Les syndicats médicaux larbins en veulent aux infirmier d’avoir signé un accord sur la démographie? J’en voudrais plutôt aux syndicats infirmiers larbins d’avoir réclamé, et obtenu de la République toujours généreuse, la création d’un Ordre qui n’existait pas. Pareil pour les Kinés.
    Beaucoup de médecins maintenant réclament le salariat. Sur 100 diplômés de médecine chaque année, il n’y en a plus que 8% (huit sur cent), pour choisir la médecine libérale. 92% choisissent le salariat.
    Lisez « Les Fossoyeurs » et « Patients si vous saviez » de Christian Lehmann; « Alertes grippales » et « Médicaments dangereux: à qui la faute? » de Marc Girard; la revue « Pratiques » du SMG. Des médecins qui se battent, bien sûr qu’il y en a. En voici quelques uns:
    http://www.formindep.org
    http://www.rolandsimion.org
    http://www.atoute.org
    http://www.smg-pratiques.info
    enattendanth5n1.20minutes-blog.fr
    martinwinkler.com

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  8. la suppression des ordres professionnels est une condition sine qua non à la fin de l’autorisation de la corruption: les ordres sont les « autorisateurs » de la corruption médicale continue.

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  9. Supprimer les franchises médicales : Un combat légitime mais pas gagné d’avance
    Le 28 mai dernier a été déposé au Sénat une proposition de loi ayant pour objet l’abrogation des Franchises médicales votées sous le précédent gouvernement, ces franchises rappelons-le concernent les médicaments, les actes paramédicaux, et les transports.
    http://informationcomplementairesante.20minutes-blogs.fr/archive/2012/06/18/supprimer-les-franchises-medicales-un-combat-legitime-mais-p.html
    Si, si, vous ne rêvez pas, la proposition de loi est bien là :
    http://www.senat.fr/leg/ppl11-563.html
    Ne reste plus qu’à croiser les doigts, à moins d’aller à la Grand Messe, prier Dieu et tous ses saints.

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  10. Tarif dépassement d’honoraires et remboursement des complémentaires en chirurgie et obstétrique sur europe 1 le 23 février 2012.
    Etienne CANIARD président de la mutualité française et Philippe CUQ président de l’UCDF et du BLOC.

    Toujours le BLOC et les dépassements d’honoraires en date de juin 2012

    Le BLOC sur TF1 en date du 12 juillet 2012, toujours sur les mêmes sujets

    France Inter le 2 août 2012, sur les dépassements, mais avec participation d’intervenants extérieurs

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  11. Chantal, merci beaucoup pour toutes les informations et tous les liens postés!
    J’aoute le lien vers le site de l’association « La santé, un droit pour tous »
    http://collectifsante33.free.fr/
    et vers la pétition (Manifeste des médecins solidaires):
    http://www.petitions24.net/manifeste_des_medecins_solidaires
    C’est une très bonne analyse des étapes et des pseudo-arguments donnés pour justifier la privatisation rampante du système de santé et de soins et certaines pratiques du complexe médico-industriel.
    Il est désormais à la mode de critiquer la composante industrielle de ce complexe, ce qui n’était pas le cas quand j’ai commencé Pharmacritique… Et j’ai reçu moult attaques rien que pour avoir évoqué les influences, les conflits d’intérêts, les biais, les méthodes de désinformation et leurs conséquences… Mais il est toujours mal vu de critiquer la composante médicale dudit complexe. Avec des exceptions, certes, la corporation tend à faire bloc pour défendre des intérêts particularistes, et les différences disparaissent en bonne partie lorsqu’il s’agit de s’unir pour incendier les intrus qui oseraient poser des questions sur ces intérêts, pour qu’un débat sociétal s’engage, pour voir s’ils sont ou non compatibles avec l’intérêt général. De tels questionnements font pourtant partie des devoirs de tout citoyen en République. Ceux qui ont essayé de le faire en toute indépendance, c’est-à-dire sans faire allégeance à un camp pour être défendus par lui, savent de quoi je parle.
    Et les media classiques et internet sont pleins de justifications pour toutes les pratiques inacceptables, comme le paiement à la performance (suite du CAPI). C’est intéressant de voir comment certains condamnent le paiement à la performance et exposent les raisons pour lesquelles il est inacceptable, pour finir par dire qu’ils l’ont accepté. Etc.
    Pourtant, si on parle de surmédicalisation, d’actes inutiles, de conflits d’intérêts, etc., comment peut-on faire comme si les médecins étaient totalement absents de cela? Comme s’ils étaient tous seulement des victimes de l’industrie pharmaceutique? Qui prescrit? A qui profitent les conflits d’intérêts?
    Les médecins ne sont nullement obligés d’accepter. Ce serait les insulter que de penser qu’ils ne seraient que des marionnettes, des exécutants de l’industrie pharmaceutique, sans aucune liberté d’action et de résistance. Et c’est parce que je les respecte que je pose ces questions.
    Je le disais ironiquement: il n’y a jamais eu la moindre plainte d’un médecin qui aurait été obligé de faire quelque chose contre sa volonté. Par exemple, les visiteurs médicaux ne leur mettent pas un pistolet sur la tempe pour prescrire tel médicament – les usagers non plus, d’ailleurs, même si des pressions existent. Les médecins sont libres de ne pas recevoir les visiteurs médicaux. Libres aussi de s’informer par eux-mêmes, et les sources indépendantes ne manquent pas.
    J’ai été estomaquée de lire les conclusions de la Fédération hospitalière de France (FHF) qui reconnaît qu’un « petit tiers » des actes médicaux sont superflus, mais qui donne la faute uniquement aux patients, qui feraient pression sur les médecins ainsi exemptés de toute responsabilité. Evidemment, les usagers et les patients ont leurs torts, et j’en ai parlé régulièrement. Mais ces torts-là ne sont pas un sujet tabou, alors qu’il n’existe toujours pas de débat sur le rôle des médecins, des pharmaciens, des professionnels de santé en général.
    J’ai divagué parce que la conclusion de la FHF m’est restée en travers de la gorge…
    « Tout dépassement d’honoraires est abusif » – cette phrase du Dr Bernard Coadou résume parfaitement la situation. Chapeau aux médecins signataires! Certes tous les aspects ne sont pas évoqués dans leur argumentation, mais c’est déjà remarquable.
    Mais je doute que les politiques aient le courage d’aller contre le lobby médical, contre cette puissante corporation dont l’influence sur la politique de santé est plus grande que partout ailleurs (voir par exemple le livre de Marc Rodwin, Conflicts of interest and the future of medicine, qui constate cela en comparant plusieurs systèmes de santé et de soins).
    Il faudrait commencer par rétablir l’ordre républicain, ce qui veut dire aussi dissoudre tout « ordre » des médecins, des pharmaciens, etc., bref, toute corporation. J’en ai parlé aussi dans l’exposé au colloque sur la surmédicalisation, vers la fin de cette page:
    http://pharmacritique.20minutes-blogs.fr/archive/2012/06/24/actes-du-colloque-surmedicalisation-surdiagnostics-surtraite.html

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  12. Eléna, bonjour,
    Quel plaisir de vous lire. Je passe peu, mais j’essaie de ne pas laisser passer un seul billet. Je ne veux surtout pas perdre de précieuses informations.
    Merci pour les liens. J’ai fait suivre la pétition et je l’ai posté à des endroits stratégiques (sourire), comme ici
    http://www.alain-bazot.fr/index.php/l%e2%80%99acces-aux-soins-pour-tous-en-passe-de-devenir-optionnel/comment-page-1/#comment-2274
    et quelques autres, mais mon commentaire n’est pas encore validé, vacances obligent.
    Par contre, je rencontre un petit problème de signature. Celle de mon mari est passée, mais pas la mienne. Peut-être parce qu’il s’agit du même ordinateur.Je suis donc passée par « contactez-nous », j’espère que l’on me répondra. S’il existe une autre solution, je suis preneuse.
    Le Docteur Christian Lehmann est toujours en première ligne pour la défense des malades, même s’il reconnait le malaise qui sévit dans la profession médicale :
    http://blip.tv/wwwjournaldeuxrivescom/l-%C3%A9tat-catastrophique-de-la-sant%C3%A9-publique-5913509
    http://www.journal-deux-rives.com/actu/01899-dr-lehmann-depuis-5-ans-catastrophe
    Par contre, bien qu’informée que tous les pauvres, les malades, les chômeurs (et j’en passe certainement) sont des fraudeurs, je me demande si la Société Citroën a réussi a payer le milliard (rien que ça) qu’elle devait en……..1976 ! Elle n’était pas la seule grande société parait-il, mais les autres noms ne sont pas communiqués.
    « Sécurité sociale (récupération des sommes dues
    par de grandes entreprises)
    33203. — 11 novembre 1976. — M. Mexandeau demande à M. le
    ministre du travail de bien vouloir lui indiquer s ‘ il est exact, comme l’affirment des tracts distribués dans le Calvados, que la Société Citroën doit environ un milliard de cotisations à la sécurité sociale et dans l’affirmative, comme il le pense. de bien vouloir lui indiquer quelles mesures elle compte prendre pour récupérer ces sommes dues par la société Citroën ainsi que par de nombreuses autres grandes entreprises. »
    Voir 118ème page colonne de gauche :

    Cliquer pour accéder à 5-qst-1977-01-22.pdf

    J’espère que l’Entreprise Citroën, ou du moins ses dirigeants » ont été bien « responsabilisés » !
    Certainement la crise déjà……….

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