On a beaucoup parlé de l’aspartame ces derniers mois dans les media. Je viens de recevoir ce communiqué de presse du Réseau Environnement Santé (RES), très actif sur tous les risques environnementaux (et leurs conséquences) tels que les perturbateurs endocriniens et autres substances toxiques (bisphénol A, phtalates, parabènes…). Le site du RES contient beaucoup d’informations utiles sur ces questions. Dans le texte, il n’est pas question que de l’aspartame, mais de tous les édulcorants, très (trop) utilisés à cause d’un marketing qui nous bassine avec des impératifs de minceur et nous fait croire qu’ils pourraient aider à contrôler le poids et réduire l’apport calorique.
« 24 mai 2011 – Pas de produits à base d’édulcorants chez la femme enceinte
Nous, médecins et sages-femmes, avons à ce jour suffisamment d’éléments en terme de bénéfice/risque pour déconseiller aux femmes enceintes de consommer quotidiennement des édulcorants intenses pendant la grossesse.
Le bénéfice d’une consommation d’édulcorants n’est pas démontré, notamment en termes de contrôle du poids, et en l’état de nos connaissances on ne peut que déconseiller d’utiliser des produits dont l’innocuité n’est pas suffisamment établie. En effet la consommation de boissons avec édulcorant peut induire un risque d’accouchement prématuré selon une étude prospective portant sur 59 334 femmes danoises enceintes (1).
Le risque d’accouchement prématuré existe pour une consommation quotidienne d’au moins une boisson gazeuse light. Un tel résultat n’est pas observé avec les boissons sucrées.
Cette étude financée par l’Europe est parue en septembre 2010 dans la revue à comité de lecture The American Journal of Clinical Nutrition. L’agence sanitaire française (ANSES) a réagi le 11 janvier 2011 et a indiqué par un communiqué, le 14 mars 2011, que « les résultats de l’étude montrent une relation dose-effet statistiquement significative entre la consommation de boissons gazeuses édulcorées et la fréquence des accouchements prématurés. Cette relation provient essentiellement des accouchements prématurés provoqués » (2). L’accouchement prématuré (avant la 37 e semaine d’aménorrhée) est une des complications majeures des grossesses et est la principale cause de morbidité périnatale et de mortalité ; dans l’étude, la prématurité induite l’a donc été pour des raisons médicales, ce qui signait la gravité de la situation. Même si cette étude a, comme toute étude épidémiologique, ses limites, sa portée est importante.
Il est judicieux que l’ANSES soit en train de mettre en place un groupe de travail sur cette thématique, mais les recommandations issues de celui-ci ne seront rendues que dans un an. D’ici là, l’ensemble des médecins et sages-femmes devraient déconseiller aux femmes enceintes de consommer des boissons gazeuses light pendant leur grossesse de façon quotidienne et la prudence devrait s’imposer pour toute prise d’édulcorant pendant cette période. Nous attendons également que les agences française (ANSES) et européenne (EFSA) publient et rendent accessibles les études ayant permis de fixer la dose journalière admissible d’aspartame à 40mg/kg de poids corporel, certaines d’entre elles n’ayant jamais été publiées dans des revues scientifiques. »
(1) Halldorsson TI, Strom M, Petersen SB, Olsen SF. Intake of artificially sweetened soft drinks and risk of preterm delivery: a prospective cohort study in 59,334 Danish pregnant women.Am J Clin Nutr. 2010 Sep;92(3):626-33. Epub 2010 Jun 30
(2) ANSES saisine2011-SA-0015, 14 mars 2011
Signataires
- Agnès Boyer, sage-femme, membre du conseil de l’ordre départemental des sages-femmes de l’Hérault
- Dr Marianne Buhler, gynécologue, membre du Réseau Environnement Santé, Paris
- Valérie Courtin-Laniel, sage-femme, Directrice de l’école de sages-femmes, Nîmes
- Dr Laurent Chevallier, nutrition, Responsable de la commission alimentation du Réseau Environnement Santé, Praticien attaché au CHU de Montpellier
- Dr Thierry Harvey, Chef de service de la maternité des Diaconesses, Paris XIIe
- Pr Pierre Mares, Chef de service de gynécologie obstétrique, CHU de Nîmes
L’aspartame à l’ordre du jour, suite aux efforts du Réseau Environnement Santé et d’autres critiques.
Extraits d’une dépêche APM:
« (…) Gérard Bapt s’est inquiété fin août des effets que pourrait avoir la création de la taxe sur les boissons sucrés, annoncée par le Premier ministre, craignant que cela entraîne une augmentation de la consommation des boissons contenant de l’aspartame, produit dont il estime que l’innocuité n’était pas prouvée (…)
Lors d’une interview sur Europe 1, Xavier Bertrand a annoncé qu’il avait demandé à l’Anses de « faire une réponse précise » sur les éventuels dangers de l’aspartame. « Est-ce que oui ou non l’aspartame pose des difficultés? Si c’est le cas, il faudra qu’au niveau européen, pas seulement en France, on prenne des mesures draconiennes », a lancé le ministre tout en relevant que l’édulcorant n’avait été à ce jour interdit dans aucun pays.
« Il faut qu’on ait des études sérieuses pour en avoir le coeur net. J’ai demandé à l’Anses de réunir un groupe de travail sur cette question avec des experts dès le mois de septembre (…) Je propose à Gérard Bapt comme à d’autres parlementaires très impliqués sur ces questions de participer à un groupe d’étude élargi », a ajouté Xavier Bertrand.
L’Anses avait annoncé en mars la mise en place d’un groupe de travail chargé d’évaluer les bénéfices et les risques nutritionnels des édulcorants intenses (…)
Un peu plus tôt, en février, l’agence avait estimé, au regard des résultats de deux études, une italienne et une danoise, mettant en cause l’aspartame que leurs résultats n’invitaient qu’à des travaux scientifiques complémentaires (…) »
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