Eli Lilly sera jugée pour Zyprexa selon la loi RICO, réprimant les organisations mafieuses et corrompues…

Les procureurs états-uniens et le milieu juridique fédéral avaient averti il y a quelque temps les firmes pharmaceutiques que, vu les dérapages de plus en plus nombreux, le moment viendrait où la justice sortirait l’artillerie lourde, à savoir la loi RICO : the Racketeer Influenced and Corrupt Organizations Act. Cette loi a été promulguée dans les années 70, afin de créer un outil juridique capable d’instruire et de réprimer toutes les dimensions du crime organisé perpétré par des organisations de malfaiteurs telles la Mafia…

Sur cette page du ministère canadien de la Justice, vous trouverez une description détaillée de la loi RICO, à partir du paragraphe 4.1.

J’ai rendu compte dans cette note de la charge violente du juge new-yorkais Jack Weinstein – en charge du recours collectif en justice contre Eli Lilly – contre le laxisme des autorités sanitaires américaines, qui n’ont pas de garde-fous aptes à empêcher la mise sur le marché de médicaments tels l’antipsychotique Zyprexa (olanzapine) et à contrecarrer les stratégies de désinformation des firmes pharmaceutiques afin de protéger le grand public.

(Que dire de la France alors, où la situation est bien plus catastrophique ? On n’aura que nos yeux pour pleurer si on ne se décide pas d’agir pour que tout cela change, pour éviter qu’il y ait encore et encore des victimes des médicaments dans une médecine dominée par les firmes selon les lois du profit à tout prix).

Ed Silverman nous apprend sur Pharmalot que le même juge vient de considérer comme recevable la plainte déposée par les tiers impliqués dans le commerce du Zyprexa, et notamment les actionnaires, les fonds de pension, les syndicats et les assureurs, qui estiment avoir été délibérément induits en erreur par Eli Lilly. Le médicament a été surfacturé, certes, mais le reproche principal porte sur la rétention d’information et sur la désinformation pratiquées délibérément par la firme, qui voulait occulter à tout prix la vérité sur le déséquilibre bénéfices-risques de son antipsychotique Zyprexa. Le juge Weinstein expose l’argumentaire dans un document de 295 pages, scanné par Silverman, et qui peut être lu dans l’ordre ici, puis ici et enfin ici.

A ce jour, la loi RICO a été rarement utilisée à l’encontre des firmes pharmaceutiques, parce qu’il a toujours été difficile de prouver le mensonge délibéré et la nature organisée de la désinformation, de la corruption et/ou de la fraude. L’un des rares cas où cette loi a été évoquée, c’était pour étayer l’une des nombreuses accusations auxquelles a dû répondre la firme Takeda Abbott Pharmaceuticals (TAP), concernant ce médicament de plus en plus controversé qu’est l’Enantone (acétate de leuproréline, appelé aussi Lupron ou Lucrin dans d’autres pays).

Cette décision du juge Weinstein intervient deux mois après qu’il a demandé à Eli Lilly de trouver un arrangement à l’amiable avec les victimes: la firme doit payer pour les dédommager et pour qu’elles renoncent aux procès individuels. Weinstein craignait certainement les dommages punitifs que les jurys populaires sont susceptibles d’accorder lorsqu’ils découvrent que des firmes exposent délibérément des patients à des effets secondaires tels le diabète, l’obésité et d’autres, sans dire un mot de mise en garde… Il a préféré recommander une solution globale et demander une estimation de l’ensemble des dommages qu’Eli Lilly aurait à payer : les estimations évoquées par le juge varient entre 4 milliards et 7,7 milliards de dollars. Les détails et le lien vers le document élaboré par le juge figurent dans une autre note de Pharmalot : Judge Urges Lilly To Settle Zyprexa Lawsuits, tout comme la photo du juge Weinstein.

Il va sans dire que l’action des Etats contre Eli Lilly reste en place ; c’est la dispersion en procès individuels et l’accumulation des dommages punitifs que le juge Weinstein voulait éviter en exigeant qu’Eli Lilly dédommage globalement les victimes.

Chapeau au juge Jack Weinstein pour le recours au dispositif RICO ! Et l’on pensait qu’il n’y avait que les détracteurs de l’industrie pharmaceutique pour assimiler certaines méthodes et pratiques des firmes à celles de la Mafia… L’on attend des pareilles actions de la justice française. Il est permis de rêver.

Elena Pasca

 

2 réflexions au sujet de “Eli Lilly sera jugée pour Zyprexa selon la loi RICO, réprimant les organisations mafieuses et corrompues…”

  1. Je pense que lorsqu’on veut sortir un medicament dans le marché pour qu’il soit cher ou de grande renmmée c’est au détriment d’un autre.
    moralité : laissez le zyprexa se vendre et puis aprés tout tous les psychotropes ont des effet secondaires plus pu moins dangereux ne serait- ce que les benzodiazepines.

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