Où l’on apprend l’importance des agences de com’munication, de publicité et de PR dans le devenir d’un médicament, à l’exemple du Lovenox°. Ce sont des commerciaux qui nous informent et rédigent ce qui passe pour de l’information médicale… Des rédacteurs fantôme (ghostwriters) et des médecins comme hommes de paille sont des éléments décisifs dans la stratégie des firmes: ce ghost management omniprésent (gestion fantôme). La photo est tirée de Drug Rep Toys: un badge design de marque Lovenox°… Absolument vital pour les médecins et pour l’avenir de la médecine, tout le monde en conviendra.
L’Australie a vu tout d’un coup un autre danger de santé publique lui tomber sur la tête : les caillots sanguins, qu’une campagne d’information orchestrée par Sanofi-Aventis présente comme plus mortels que le HIV ( !) Des articles en viennent à recommander de rendre les piqûres obligatoires chez toute personne qui pourrait être à risque… Il y a un véritable matraquage publicitaire – déguisé en information scientifique – au point où des hôpitaux envisagent d’appliquer les schémas proposés à la lettre, et de médicamenter tous les patients hospitalisés… Et au point où, de financement en financement, les laboratoires pharmaceutiques arrivent à ce que des recommandations officielles (guidelines) entérinent cela et mettent les produits des firmes les plus généreuses au top de la liste des médicaments anticoagulants…
Et la plus généreuse semble être Sanofi-Aventis, qui est derrière toute cette campagne publicitaire déguisée, destinée à faire augmenter les ventes de son anticoagulant enoxaprine (Lovenox°), dénonce Ray Moynihan dans cet article en date du 28 juin du British Medical Journal : « Drug maker’s PR firm is force behind blood clot awareness campaign » (L’agence de communication d’une firme tire les ficelles de la campagne de sensibilisation aux dangers des caillots sanguins; BMJ 2008;336:1460-1461, début du texte ici). .
Il a identifié l’agence de communication et de public relations qui a été chargée par Sanofi-Aventis de mettre en oeuvre toute une campagne à des niveaux multiples, incluant des publications médicales, l’édition de directives pour les hôpitaux et l’invention d’autres moyens promotionnels. Elle doit aussi assurer la logistique nécessaire dans toute forme complémentaire de marketing.
Le rôle d’une telle agence – Fleishman-Hillard en l’occurrence – est, selon sa propre définition, d’aider à « conditionner le marché pour [qu’il accueille favorablement] tel médicament » d’une firme, de faire en sorte que « le message [publicitaire] concernant le produit atteigne les bons destinataires au bon moment » et de faciliter les relations avec des « organisations tierces », telles la Coalition d’action contre les caillots sanguins… Eh oui, la bénédiction et le soutien d’une association de médecins (et de consommateurs) est essentielle. De plus, l’agence se vante de pouvoir aboutir à des « résultats exceptionnels chez les consommateurs et dans les media ».
Sanofi-Aventis n’a pas souhaité répondre au BMJ, mais reconnaît que cette agence de communication / agence publicitaire fait partie de ses préférées, grâce à sa capacité à « dépasser les [objectifs fixés par les] instructions »…
L’implication de Sanofi-Aventis et d’autres firmes dans l’écriture de la quatrième édition des directives définissant l’usage d’anticoagulants à l’hôpital et visant à le généraliser n’est pas déclarée. Et sur les dix auteurs de l’étude publiée récemment dans le Lancet – étape de la stratégie déployé par l’agence de communication -, neuf ont des liens financiers directs ou indirects avec Sanofi.
La récente rencontre internationale à ce sujet a été elle aussi co-financée par ce laboratoire, tout comme le rapport de la Coalition d’action contre le thromboembolisme veineux, rendu public a cette occasion. Il est intéressant de voir que, si les firmes commanditaires ont été mentionnées lors de la réunion, elles ne figurent pas dans le rapport écrit. Et que celui-ci a été rédigé par une agence de consulting appelé Access Economics – en lieu et place des médecins…
On a ici un autre exemple de conflits d’intérêts resté non déclarés, comme dans tant de cas où un organisme de recherche sous contrat ou une agence de com’ travaille en même temps pour une autorité sanitaire dont les experts doivent rédiger les directives sur tel sujet et pour la ou les firmes qui en tirent d’énormes bénéfices lorsque les directives recommandent l’usage de leurs produits. Et c’est tout particulièrement le cas de l’enoxaprine (Lovenox°) de Sanofi-Aventis, en l’occurrence.
On aura certainement nous aussi droit à une mise en garde massive contre cet ennemi numéro un de la santé publique que sont les caillots sanguins! D’autant plus que Sanofi-Aventis, c’est notre firme nationale; elle ne peut pas nous oublier, nous laisser en proie à ce danger de mort qui nous guette tous sans Lovenox… J’ai déjà peur, avant même que la campagne d’information débarque…
MISE A JOUR
Pour des informations complémentaires, voir l’article du même Ray Moynihan, paru sur le site australien Crikey: « Public hospital “guidelines” funded by drug maker » (Les « recommandations » destinées aux hôpitaux publics ont été financées par un laboratoire).
Elena Pasca
Quand le journalisme tente de dénoncer une situation mondiale de désinformation manipulatrice dont il est lui-même en grande partie responsable, cela donne ce genre d’articles étranges, ou l’émetteur de ce message tout juste hippie et fortement anti-capitaliste est lui-même (!) dans le systeme qu’il dénonce : affirmer tout un tas de faits sans lien, sans analyse, de façon pseudo-médicale (sources? chiffres?).
Le sujet présenté est amusant de naiveté : chacun sait aujourd’hui que TOUTE entreprise fait de la communication, du marketing pour vendre ses produits. Croyez vous les gens idiots au point de confondre les hopitaux et les groupes pharmaceutiques? Et que proposez-vous face à ce systeme (capitaliste) que vous dénoncez par le biais de la médecine, mais dont tous les autres domaines sont également victimes?
Ou est l’interet de dénoncer la peur diffusée par les grands groupes, fait que personne n’ignore? Si ce n’est pour créer une peur bien plus grande, celle du monde entier dans lequel on vit qui selon votre brouillon est bien plus à craindre que le pire des fléaux, une conspiration générales et sans commmanditaire, dont nous serons tous victimes !
Vous faites ce que vous dénoncez ! Vous semez la peur !
Et il semble que cette situation soit répandue, si bien qu’il va être difficile
de supprimer cette majorité de journalisme à la va vite, et encore pire de vous faire comprendre l’immense responsabilité qui est la votre et
que vous semblez trouver bien légère.
En vous remerciant par avance d’une éventuelle réponse,
Adbusty
PS : il est amusant de noter que 20 minutes est entièrement payé par…
la pub.
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Mon fils étant sous Lovenox depuis une intervention sur les 2 pieds ayant eu lieu fin janvier. Il est toujours sous anticoagulants depuis sa sortie d’hôpital. Plusieurs choses m’ont interpellée.
D’une part, le tableau noir évoqué peint par le personnel soignant (infirmiers, médecins, et tout le staff médical parce que nous contestons ces injections alors que certains critères de précautions ne nous paraissent pas respectés)
En matière de poids… mon gamin (ado de 17 ans fait à peine les 40KG, il a fait un épisode d’élévation anormal de plaquettes, il est hypersensible aux points d’injections, il fait des bleus parfois sans vraiment se cogner, et nous avons le sentiment que ce produit est mal dosé..)
Ensuite lorsque je lis la notice et que je la met sous les yeux du personnel soignant, j’ai l’impression d’avoir moi-même rédigée cette notice qui n’est absolument pas respectée..)
Et ce qui me fait drôle est la contradiction permanente entre le discours infirmier et la réalité de ce produit.. Il y a manifestement un lavage de cerveau en règle…
Lovenox est le produit phare de Sanofi qui l’a fait monter sa côte à la bouse et qui est injecté sans discussion possible, sans écouté ce que le patient lui-même a à dire.. Ce qui me semble un manque de respect énorme par rapport à la charte du patient et du patient lui-même.
Ce produit doit être injecté point barre…
Quand à la surveillance médicale, je la trouve beaucoup trop légère.
Il n’y a eu que 3 prises de sang depuis le 28 janvier (date de la première injection)..
Alors que les recommandations sont différentes.
Si tout cela peut faire réfléchir..
Quand j’ai parlé des migraines de mon fils et de l’interdiction d’auto médication en Advil, l’infirmière m’a répondu que je pouvais lui donner sans problème. Ah bon?
Et que la médication par oral, moins forte ne peut pas être donnée après les 10 jours comme il est recommandé sur la notice..
Ah bon?
Et que les piqûres sont mieux tolérées sur la ceinture abdominale que sur la cuisse.
Ah bon, j’ai trouvé sur les forums quantité de personnes qui témoignent du contraire.
Et le jour où les français s’investiront un tout petit peu plus dans la surveillance de leur santé au lieu de gober point par point ce qu’on leur dit comme étant « PAROLE D’EVANGILE » ce jour-là, les laboratoires auront peut-être une autre approche plus humaine de notre santé.
Mais cela demande du courage et de la réflexion plutôt que de se gaver de bêtise du style de « La Ferme Célébrités… »
ET de l’expérience en matière médicale comme patiente et comme fille de patiente et mère de patient pour des maladies plutôt graves, je pense que nous en avons une sacrée dose….
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