Antidépresseurs, tranquillisants, psychotropes en général : surmédicalisation et toxicomanie médicamenteuse

Un extrait de l’émission de Canal+ « Lundi investigation », mars 2008 : « Tranquillisants : l’overdose ? » Il y est question de ces patients drogués avec les « drogues du pauvre », comme le dit spontanément une femme traitée depuis une dizaine d’années par des quantités ahurissantes de plusieurs types de psychotropes à la fois. C’est le même constat que faisait Paul Arcand dans son documentaire « Québec sur ordonnance », dont nous avons rendu compte dans cette note. Certains patients passent d’un comprimé au « millefeuille thérapeutique », puis à la « défonce toxicomaniaque »… Mais dire, comme le fait un médecin interviewé, que les médecins sont conscients mais ne peuvent pas résister à la pression des patients est bien trop léger… Les médecins seraient, paraît-il, trop gentils et n’auraient pas appris à dire non… Plus raisonnable semble l’explication du directeur de la revue Prescrire et celle de Philippe Pignarre qui mettent en cause le marketing de l’industrie pharmaceutique, y compris la publicité déguisée en « campagnes d’information », qui atteint à la fois les médecins et les patients.

4 réflexions au sujet de “Antidépresseurs, tranquillisants, psychotropes en général : surmédicalisation et toxicomanie médicamenteuse”

  1. Il est vrai que les labos font le forcing… j’ai du voir celui pour Gardasil une bonne dizaine de fois avant et après la sortie du vaccin.
    Le labo qui sort une nouvelle pilule n’hésite pas à dire combien celle ci est merveilleuse par raport à celle qui sera prochainement génériquée, et qui était oh combien merveilleuse quand elle était sortie il y a quelques années…
    M’informer sur Gardasil m’a pris un temps fou ! alors que laisser débiter les arguments du labo est bien plus rapide. or, avec le nombre décroissant de médecins, nous avons de moins en moins de temps, et il est tentant de céder à la facilité.
    Celà dit, il faut également reconnaitre que mes chères études ne m’ont ni appris à dire non, ni à me méfier des labos.

    J’aime

  2. Bonjour Annick,
    Merci d’en parler! N’ayant pas fait médecine, je n’ai aucune idée de ce qu’on peut apprendre.
    Mais en parlant avec un professeur de pharmacologie, j’ai appris que elle-ci était l’une des grandes absentes des cours, et que les futurs médecins n’apprennent pas du tout à se soucier des effets secondaires, par exemple.
    Faute de temps et à cause de la composition des programmes… D’ailleurs, la Déclaration sur la pharmacovigilance de l’International Society of Drug Bulletins (qui réunit des revues médicales indépendantes) le dit et le redit. Ce qui explique aussi le très faible taux de signalements (5%) des effets indésirables aux autorités sanitaires.
    Quant à l’influence de l’industrie pharmaceutique, malheureusement, rien ne permet de la contrer efficacement en France, ni de taper sur les doigts des firmes et du LEEM (syndicat de l’industrie pharmaceutique), quels que soient les dérapages.
    Je reprends ma rengaine habituelle: il faut d’abord un fondement législatif et juridique solide, qui permette l’existence et l’action efficace d’associations d’usagers, sur le modèle des « watchdogs » (chiens de garde) anglo-saxons. Un cadre législatif et juridique qui oblige firmes et autorités sanitaires à donner toute information en leur possession, qui permet aux hommes politiques d’intervenir eux-mêmes pour défendre l’intérêt général. Et qui permet, bien entendu, des actions en justice de l’Etat lui-même contre les firmes pharmaceutiques qui dérapent, quelle que soit la nature du dérapage.
    Ce même cadre législatif et juridique aurait déjà une fonction dissuasive. Mais en France, on n’a besoin que de dissuasion nucléaire… Apparemment, la santé, tout le monde s’en fout (si ce n’est pour faire du profit, comme on le voit avec toutes les mesures plus ou moins directes de privatisation).
    Et l’effet Tchernobyl peut persister à l’infini tant qu’on n’a pas ce socle permettant l’action. Et tant qu’on n’a pas non plus des journalistes d’investigation (ou alors beaucoup trop peu) et qu’aucune législation ne protège les lanceurs d’alerte, qui se voient traînés en justice – alors que ce sont les lobbies qui devraient l’être…
    On marche sur la tête. Le LEEM peut être tranquille, et toutes les multinationales qu’il représente aussi. C’est pas en France qu’on va les inquiéter.
    Alors comment s’étonner qu’il n’y ait pas de contre-poids face à ce lobby tout-puissant? Et pas de source indépendante d’informations?
    Si on pense aussi que toutes les informations médicales – y compris les études publiées par des médecins français, sont en anglais – et que nos autorités sanitaires et autres institutions médicales ne font aucun effort pour faciliter l’accès aux sources et faire traduire les textes…
    Comment s’étonner alors qu’on intoxique les médecins et les usagers avec de la désinformation présentée sur papier glacé ou entre une pub pour le yaourt et une autre pour la lessive?
    Nous autres, usagers, devons aussi apprendre à dire non. Cette situation ne pourrait pas persister sans notre complicité, plus ou moins active.
    J’arrête là, ce n’est que du connu, dit et redit…
    Bonne journée!

    J’aime

  3. tres bon reportage moi meme etant sur lyryca.effexor.alprazolan.effexor et autre.spiryva .lorazepan.levotyrox.skenan.spiriva.molsidomine.lamaline.j ai bien essayer a plusieur de me sevrer mais au bout de 2 jour je replonge tellement je me sent mal trenblement suer crise de frayeur . malgre tous e traitement je ne dort que 2 a3 heure pars nuit et plus je vais augmenter les dose moin je vait dormir mais si je ne prent rien jai une vrait souffrance je cherche de l aide pour me defaire de tous ses salopris qui vous boussille votre vie

    J’aime

  4. Bonjour Landry,
    Mille excuses pour cette réponse tardive. Je ne sais pas trop quoi vous dire, à part exprimer ma sympathie!!
    D’une part parce que je ne suis pas médecin et que, même si c’était le cas, on ne pourrait rien dire comme ça, sur un blog… Mais si j’ai bien compris et qu’on vous prescrit à la longue plusieurs de ces médicaments en même temps, je peux comprendre qu’une dépendance soit vite arrivée… On voit tellement de cas rien que sous un seul antidépresseur ou un seul tranquillisant.
    Quel gâchis!
    J’aurais tendance à vous conseiller un soutien psychologique intensif, par un psychiatre spécialisé, dans le cadre d’une équipe spécialisée, qui puisse vous aider à sortir de ce cercle vicieux.
    Vous mentionez des antalgiques, skenan et lamaline. Si vous souffrez d’une maladie nécessitant des antalgiques au long cours, vous pourriez vous adresser à un centre anti-douleur, pour évaluer l’ensemble des traitements en fonction du diagnostic. Ces centres ont (ou sont censés avoir) des approches multidisciplinaires qui associent traitements médicamenteux (dans les cas où il est nécessaire) et écoute et soutien psychothérapeutique, apprentissage des techniques de relaxation, etc.
    C’est ce qu’il faut faire – écouter, entendre – et que beaucoup de médecins ne font pas. Parce qu’il est tellement plus facile de prescrire un psychotrope – ou d’en rajouter un – que de passer du temps à écouter ce que dit le patient, à entendre vraiment la plainte et « juger » de sa nature.
    Le paiement à l’acte y est pour beaucoup. L’orgueil mal placé de certains médecins qui réchignent à lâcher le patient et à l’envoyer chez un psychiatre ou un autre spécialiste aussi. Alors que les médecins devraient être satisfaits non pas lorsqu’ils ont le dernier mot, mais uniquement lorsque le patient va mieux (ou guérit, selon les cas).
    Je parle plus volontiers de psychiatre que de psychologues ou encore de psychothérapeutes, par exemple, parce que la formation médicale offre une certaine garantie. Du moins vu de l’extérieur. Garantie qu’on a moins avec les non médecins, parce que la réglementation française fait que pratiquement tout le monde peut se dire psychothérapeute… Quant à la psychanalyse, elle est loin d’être indiquée dans tous les cas. Et il faut une personne suffisamment forte – stabilisée – pour l’entamer.
    je crois que beaucoup de patients sont amenés dans une telle situation par manque de structures adaptées et pluridisciplinaires, qui permettent non seulement une approche globale, mais aussi une communication entre des médecins de spécialités différentes.
    C’est indigne d’un pays qui prétend avoir le meilleur système de soins du monde de laisser des patients s’engouffrer dans un tel cercle vicieux à cause des cloisonnements entre chapelles médicales, de politiques tarifaires et de compréhension des soins qui font à ce point-là le jeu du « tout médicament ». De l’ordonnance bien remplie, ce qui veut dire en fin de compte poches des firmes bien remplies.
    Je croise les doigts que vous puissiez trouver une équipe à l’écoute. Ne baissez pas les bras et n’hésitez pas à en changer, si ça ne marche pas. Il faut que les professionnels de santé en question soient capables de se décentrer, pour ainsi dire. Ils sont là pour vous.
    Bon courage!

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s