Hélène Constanty / Vincent Nouzille, « Députés sous influences. Le vrai pouvoir des lobbies à l’Assemblée nationale », Fayard, 2006. Nous avons parlé de ce livre – qui n’a rien perdu de son actualité – dans la note Politiques sous influence. Du lobby pharmaceutique au lobbying à l’Assembée et à l’Elysée.
Le blog des deux auteurs du livre, Lobbies en campagne, n’est plus à jour depuis juin 2007, mais reste tout aussi édifiant. Voici un extrait présentant l’ouvrage: « Laboratoires pharmaceutiques, industriels de l’armement et de l’agroalimentaire, filière nucléaire, chefs d’entreprise, médecins, viticulteurs, cafetiers, chasseurs : tous ont leurs défenseurs au Palais-Bourbon ! Le livre met au jour les méthodes controversées utilisées par certains lobbyistes pour faire passer leurs messages : trafic de badges d’accès, recrutement d’assistants parlementaires, interventions payantes lors de colloques, rédaction d’amendements «prêts à l’emploi», «groupes d’études » téléguidés, création de « clubs » thématiques, organisation de voyages et de missions parlementaires à l’étranger… (…) Plus rien n’échappe à ces jeux de pouvoirs occultes. Les lobbies sont à la manoeuvre et certains députés dépassent parfois la ligne blanche… ».
A lire aussi le dossier en ligne de l’Express, Pour qui roulent vos députés, et d’autres liens à partir de ces sites. Les lobbies n’ont officiellement pas le droit d’entrer et d’oeuvrer à l’Assemblée nationale. Le livre comme le dossier de l’Express montrent comment ils contournent tous les jours cet obstacle, par exemple à travers Les grupes d’études, faux nez des lobbies. L’exemple du lobby de la chimie, donné par l’Express dans cet article, est particulièrement intéressant quand on parle tellement d’incinérateurs, d’OGM, de pesticides et autres douceurs que nous consommons directement ou indirectement grâce à l’industrie agrochimique, pétrochimique, pharmaceutique et autres chimiques… On voit comment les divers intérêts politico-financiers superposés – grâce aux liens financiers qui donnent ces conflits d’intérêts qui étranglent la politéconomie française – réussissent à faire barrage à REACH, ambitieux projet européen de réglementation sanitaire des produits chimiques. La santé publique, les risques sanitaires, le principe de précaution – voilà des notions qui ne figurent que dans les cauchemars de ces élus qui ne représentent plus qu’une minorité de intérêts privés. Res publica? Euhhh… Vous pouvez épeler, SVP?