Publicité directe pour les médicaments. Par ces firmes pharmaceutiques qui nous veulent du bien.

Voyons ce que donne la publicité directe, là où elle est autorisée (mais de plus en plus critiquée) : aux Etats-Unis et en Nouvelle-Zélande. J’ai un exemple américain sous la main et regardez comme c’est sympathique, comment les firmes pharmaceutiques sont nos vrais amis qui feraient tout pour nous, quitte à inventer de nouveaux médicaments pour chaque mode de vie (cf. « lifestyle drugs »). Par exemple en nous proposant le très novateur Pro-pisse-stérol (Urinizol) : un nouveau médicament absolument indispensable que nous apportent les philanthropes de l’industrie pharmaceutique, qui ne songent qu’à notre bien-être. Bien-être qui peut être obtenu par voie médicamenteuse, on le sait, dans chaque cas de vague déplaisir ou de vague à l’âme. Par exemple celui provoqué par un chien qui s’intéresse à autre chose qu’à sa maîtresse…

Comme dans cette vidéo où la jeune fille déprime grave parce que son chien Max est « distant et hostile ».

Ce n’est pas dit dans la vidéo, mais la jeune fille a certainement amené Max chez un psychiatre et un psychologue animalier comportementaliste – si, si, les deux, il vaut mieux, pour être sûre de comprendre le psychisme du chien, ses névroses et les remèdes psychothérapeutiques et chimiothérapeutiques qu’il convient d’apporter. Je suis mécontente que la vidéo ait oublié cette idéologie et cette industrie-là, celles du tout psy, qui pousse à interpréter n’importe quel pet de travers comme un trouble à traiter. Cette industrie est en relation d’interaction dialectique avec l’industrie pharmaceutique (si, si, dialectique! Il faut savoir trouver des concepts et des écrans de fumée pour ne pas dire des gros mots genre « profit » et « plumer le pigeon » de tous les côtés) . Et puis, en France, nous avons une autre industrie, elle aussi en interaction dialectique avec les deux autres : la psychanalyse et la médecine psychosomatique.

Dès lors, on peut facilement imaginer Max et sa maîtresse suivant une psychanalyse, allant à des séances de psychodrame et de cri primal (oups ! d’aboiement primal), sortir de chez le psychiatre et le psychologue animalier avec une ordonnance longue comme ça. Les deux protagonistes se sentent rassurés, pris en charge psychologiquement et somatiquement, à la fois selon la thérapie dernier cri et selon celle d’il y a plus d’un siècle, qui s’est conservée telle quelle, à savoir la psychanalyse. Remarquez, les races canines n’ont pas tellement évolué non plus… Ca pourrait coller pour de bon entre ces deux-là…

Je proposerais aussi quelques remèdes homéopathiques, un magnétiseur, un auriculothérapeute, un kinésiologue, un radiesthésiste… Il faut que tout ce beau monde-là puisse vivre, quand même… Et il est certain qu’en allant à leurs séances, le chien et la maîtresse se découvriront plein de petits bobos qui nécessiteront à leur tour un traitement adéquat et une prise en charge psychologique et médicamenteuse. Eh oui, que pensiez-vous ? Ce monde des philanthropes est bien organisé, de façon à laisser vivre tous les profi…, euhh, tous les bienfaiteurs professionnels.

Retour à la vidéo : Max est « distant et hostile », il fait une déprime parce qu’il n’aime plus l’odeur de sa maîtresse… Après un parcours diagnostique multiple – sous-entendu dans le texte, mais qui n’échappe pas aux connaisseurs tels que moi 😉 -, leurs amis de l’industrie pharmaceutique trouvent la solution, LE traitement indispensable à vaporiser 16 fois par jour sur le corps : Urinizol ou Pro – pisse – stérol… Heureusement que ces amis pharmaceutiques ont la télévision à leur disposition pour dispenser ce conseil indispensable !! Après avoir présenté les bénéfices extraordinaires du Propissterol, le spot d’information (non ! vous vous trompez ! ce n’est pas de la publicité, mais une précieuse « campagne d’information-santé »!!) énumère tellement rapidement les effets secondaires, qu’on a du mal à comprendre quoi que ce soit. Mais, après tout, on fait confiance à nos amis et on ne va pas s’arrêter à cause d’un petit risque…

Ces amis nous conseillent aussi comment tenir tête à nos médecins, pardon, à ceux qui ne sont pas encore sous contrat de vassalité avec l’industrie pharmaceutique et ne peuvent donc pas comprendre à quel point un médicament comme le Propissterol nous est in-dis-pen-sable ! Les autres, ceux qui reçoivent leurs ordres et leurs « compensations » financières de l’industrie, le savent parfaitement et ils nous proposent d’eux-mêmes le Propissterol et tous les autres médicaments absolument in-dis-pen-sables et absolument dé-pour-vus de tout risque d’effets secondaires. Alors, comme le dit la voix off, « Parlez-en à votre médecin pour savoir si Propissterol est bon pour vous. S’il vous dit que ce n’est pas le cas, changez de médecin. Ou alors harcelez-le jusqu’à ce qu’il craque et vous prescrit le médicament. De toute façon, ce n’est qu’un idiot qui ne comprend rien à rien ! » Conclusion : « Propissterol, un autre produit indispensable que vous apportent vos amis du business pharmaceutique ! »

Vous n’avez pas une impression de déjà vu ? Par exemple avec le Gardasil, matraqué par tout comme LE vaccin indispensable ? Bien entendu, on a là une autre variante du marketing et de la stratégie commerciale – il y en a plusieurs, et personne ne pourrait prétendre que cette industrie ne sait pas s’adapter pour vendre de tout à tout le monde… Ce qui marche avec le Gardasil comme avec les médicaments anticholestérol pour lesquels il y a eu une gigantesque opération publicitaire appelée « campagne d’information santé », c’est le pharmacommerce de la peur. De la peur à la joie, tous les registres sont couverts! Il suffit de suivre le conseil: demandez à votre médecin ou à un autre, jusqu’à ce que…

En attendant le Medishop, émission quotidienne de shopping direct à la télé, conséquence dialectique de toutes les interactions que je viens de décortiquer pour éliminer vos moindres doutes sur la bonne volonté de nos amis de toutes ces industries… On pourra choisir un médicament selon le design de la boîte, selon les mensurations du mannequin qui le présente, choisir le psychanalyste selon la texture de sa barbe et ainsi de suite. Quant au compte en banque, je ne le mentionne pas comme critère de choix, puisque la publicité n’est de toute façon pas faite pour des médicaments accessibles au smicard ordinaire. Vous voyez, il n’y a que là que notre liberté de consommateur est vraiment respectée, et qu’on ne nous insulte pas en nous mettant au même niveau (de solvabilité et de protection sociale) que la populace et autres prolos.

Heureusement, la société de consommation prend soin de nous! Et puis, les économistes et les politiques ne disent-ils pas qu’il faut relancer la consommation pour relancer la croissance économique? C’est certainement une autre manière de nous responsabiliser. Vous voyez, pas besoin de commerce équitable, si on adopte pleinement le commerce ethic-able! Les marques, il n’y a que ça de vrai, de beau, de juste!

Last but not least, il faut savoir qui sont nous amis ici, en France: pour ne pas encombrer votre mémoire avec des noms de sous-fifres, je nommerai directement ceux qui sont à la tête (carrée et compte-able): le LEEM ou syndicat de l’industrie pharmaceutique (voir les notes de cette catégorie, afin d’en saisir la quintessence). Vous voyez, pas d’inquiétude à avoir de ce côté-là non plus: les droits politiques sont respectés, les multinationales sont syndiquées et solidaires!

Vous ressentez comme une petite nausée qui monte depuis trois minutes? Consultez votre médecin, il y a un nouveau médicament, ab-so-lu-ment extraordinaire!!

Ou posez la question au LEEM, je suis sûre qu’il ne vous laissera pas les mains vides, lui, les firmes et leurs valets en blouse blanche! Ils sont tellement soucieux d’offir une « information-patient », objective et désintéresée, de montrer qu’ils peuvent se dédoubler en juge et partie – agir en schizoïdes aptes à séparer les diverses allégeances qui forment leurs conflits inhérents d’intérêts – lorsqu’ils s’érigent en dispensateurs d' »éducation thérapeutique » du patient. Sans parler de l' »éducation » des médecins qu’ils sponsorisent par pure philanthropie (sic): je parle, bien entendu, de la formation médicale continue, à comprendre correctement comme une « éducation médicale continue », endoctrinement qui les amène à prescrire ce que veulent les firmes, à savoir ce qui rapporte le plus.

Pour des analyses sérieuses des effets et de l' »utilité » de la publicité directe aux consommateurs, voire la catégorie réunissant les notes à ce sujet.

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