Actos, Avandia : mécanisme de l’ostéoporose et des fractures élucidé (suite de la note précédente)
Une étude américaine qui vient d’être publiée dans la revue Nature éclaire l’un des mécanismes fondamentaux par lequels les glitazones (Actos – pioglitazone, Avandia – rosiglitazone, et les médicaments composés qui en contiennent) induisent des troubles osseux, de l’ostéoporose, et donc des fractures. Mécanisme jusqu’alors inexpliqué et étonnant. Les auteurs ont mené l’expérimentation sur des souris, mais c’était pour comprendre les risques encourus par les humains dans le traitement du diabète. Ils ne manquent pas d’exprimer leurs réserves quant à l’utilisation à large échelle des glitazones, assénant un coup supplémentaire à cette classe, et surtout à Avandia, qui est actuellement en très mauvaise posture sur le continent nord-américain. Pas de souci, les firmes GSK et Takeda continuent à se remplir tranquillement les poches en Europe, où aucune autorité sanitaire ne les embête, malgré les effets secondaires catastrophiques d’Actos et d’Avandia et malgré le fait que les antidiabétiques classiques ont plus de bénéfices (démontrés, qui plus est!) et beaucoup moins de risques.
Toute cette classe de médicaments déstabilise l’équilibre entre les ostéoclastes (cellules responsables de la résorption de l’os, donc de sa destruction) et les ostéoblastes (qui produisent et régénèrent l’os). Cet équilibre est déjà mis à mal par le vieillissement naturel qui fragilise les os, mais les glitazones sont un facteur aggravant, comme vient de le démontrer cette équipe de chercheurs californiens à l’exemple d’Avandia. On savait que la rosiglitazone inhibait les ostéoblastes, mais la recherche a montré qu’en plus de cela, elle active aussi les ostéoclastes et fait donc pencher encore plus la balance du côté de la résorption osseuse. Ce qui augmente fortement le risque d’ostéoporose et de fractures.
Toutes les glitazones ont cet effet producteur d’ostéopénie puis d’ostéoporose. Il n’y a plus de doute, puisque, en plus des constatations cliniques ayant déjà fait l’objet d’alertes sanitaires, les chercheurs californiens ont montré que cela se passe à travers l’impact caractéristiques des glitazones sur le récepteur d’une protéine appelé PPAR-gamma (peroxisome proliferator-activated receptor gamma), qui déclenche cette inhibition des ostéoblastes et l’activation concomittante des ostéoclastes. Or, ce mécanisme d’action et cet impact définissent les glitazones en tant que classe et induisent une bonne partie de leurs effets directs. Autrement dit, il ne s’agit pas d’une propriété marginale. On en revient à l’interrogation formulée par Steven Nissen et son équipe dans le New England Journal of Medicine en mai 2007, quant à la série de problèmes que les glitazones développées successivement ont pu provoquer. Cf. notre note « Glitazones (Avandia, Actos) : encore sur le marché? »
Le résumé du texte publié en décembre 2007 dans la revue Nature : « PPAR-gamma regulates osteoclastogenesis in mice »
Le texte intégral de l’étude ainsi que la réponse de la firme GSK (pour Avandia) et d’autres informations sur les fractures induites par Actos, etc. sont sur cette page :
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Une explication générale, accessible et illustrée de la balance ostéoblastes – ostéoclastes et de l’ostéoporose (sans rapport avec les glitazones), sur ces pages de la Société Française de Rhumatologie.
Elena Pasca
Copyright Pharmacritique
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Mise à Jour (avril 2011)
Toutes les notes sur Actos, Avandia et les glitazones en général, ainsi que sur d’autres médicaments utilisés dans le traitement du diabète (lantus…) sont accessibles en descendant sur cette page.