Mise à jour du 9 mars: avec des noms d’intervenants pour savoir qui défend la psychanalyse dans sa violence sexiste, misogyne, gynophobe, rendant les femmes coupables de l’autisme, des maladies de leurs enfants et de tous les maux, d’ailleurs.
Les femmes, ces vides, ces néants, ces trous dans la culture et dans la civilisation… Si elles et les enfants échappent à la psychanalyse, c’est le début de la fin. Qui vont-ils pouvoir torturer, tout en se prétendant humanistes, tout en prétendant faire du soin?
Le Collectif des 39 (psychiatres) contre la nuit sécuritaire m’a fait parvenir ce texte, invitant tout le monde à participer au meeting qui aura lieu le samedi 17 mars, à Montreuil, à la Parole Errante.
Outre les messages adressées aux hommes politiques – et notamment aux candidats aux élections présidentielles qui seront présents -, les orateurs veulent défendre la psychanalyse contre les récentes prises par la Haute Autorité de Santé, qui la relèguent au rang de thérapie non consensuelle de l’autisme.
Le Collectif des 39 avait commencé comme un regroupement contre les thèses sécuritaires. Je me suis interrogée sur la présence et le rôle des psychanalystes, en sous-main. Quelle naïveté! Sachant la domination sans partage de la psychanalyse lacanienne et son rôle dans l’individualisme néolibéral et ses corollaires idéologiques, je n’aurais même pas dû me poser la question. Ils sont bien là. Mais avancer masqués, sous prétexte d’hospitalité pour la folie et de thèses humanistes, sert encore mieux leur cause.
Les psychanalystes ne peuvent accepter la moindre faille dans leur domination idéologique totalitaire, parce que d’autres failles risquent de s’ouvrir. Les femmes risquent de se rendre compte qu’il n’y a pas qu’à travers l’autisme et les autres troubles du comportement et maladies de leurs enfants qu’elles sont visées, culpabilisées, dégradées, humiliées, mais qu’elles subissent partout et à tout moment les conséquences de l’endoctrinement de la société (et tout partiuclièrement des professions soignantes) par les thèses misogynes et gynophobes de la psychanalyse, et tout particulièrement de la secte lacanienne.
Les psychanalystes doivent faire bloc, ne rien céder, parce qu’ils risquent de perdre leur fonds de commerce… Eux qui ont réussi à entériner les pires clichés, préjugés, stéréotypes issus des religions, les imposant même là où celles-ci ont perdu de leur emprise… Mais la psychanalyse est organisée comme une secte dès le départ, et elle a réussi à s’imposer exactement comme une religion. On ne conteste pas une vérité révélée, que seul l’analyste est en droit de communiquer (par l’interprétation arbitraire), lui qui ne se réclame que de lui-même et de sa secte. « Lacan a dit », « Selon Lacan », « Freud écrit », etc. Ce sont les marques de ralliement des tenants de la secte, fonctionnant comme des inducteurs de vérité révélée, exactement comme des citations des livres saints des monothéismes. Si Lacan a dit, qui est la Haute autorité de santé pour venir évaluer quelque chose?
**
Extraits de deux textes reçus du Collectif des 39, pour comprendre jusqu’où va le réseau de défense de la secte psychanalytique lacanienne et à quel point elle est inextricablement imbriquée à la psychiatrie:
« A moins de 2 mois d’échéances électorales importantes, nous avons décidé de nous adresser aux candidats à l’élection présidentielle pour leur demander de préciser leur position et de répondre à nos demandes formulées dans notre manifeste. Les représentants du P.S., du Front de Gauche, d’E.E.L.V., du N.P.A., nous ont déjà assurés de leur présence.
(...) Nous leur dirons comment la dimension relationnelle, spécificité centrale de la pratique soignante, ne peut pas être standardisée, protocolarisée, normée, référencée à des « normes qualité » comme des objets, ou des produits de consommation, promue comme tel par les procédures d’évaluation, d’accréditation. (...)
Nous leur expliquerons qu’ hélas la Haute autorité de santé (l’H.A.S.), à travers ses conférences de consensus, de recommandation ou de processus de certification, tente de faire appliquer des conceptions opposées et étrangères à ce qui fait le fondement de nos pratiques cliniques.
Nous leur démontrerons que les pratiques évaluatives prônées par L’H.A.S. tentent d’exclure la dimension psychopathologique [NdR: la psychanalyse] du champ de notre discipline.
Nous leur dirons comment l’utilisation abusive et idéologique de découvertes scientifiques récentes envahit le discours social ambiant, toujours en quête de sensationnalisme, espérant des issues rassurantes aux inquiétudes de l’époque. Ces excès tentent de détourner les soignants, les patients et les familles des vrais problèmes auxquels nous sommes confrontés : pénurie de moyens, insuffisance de la formation, conception réductrice de la souffrance psychique.
Nous leur dirons aussi combien la psychanalyse a été et reste une compagne fidèle et indispensable de la psychiatrie, ou tout au moins pour ceux qui pensent que la maladie mentale est une maladie de la relation aux autres, à soi-même, au monde. La psychanalyse n’est pas une technique comme une autre. Elle représente un apport culturel indispensable à la compréhension du fonctionnement psychique humain. Ses concepts peuvent être d’une aide précieuse dans le travail au quotidien pour les équipes soignantes dans leur confrontation avec la psychose, avec les angoisses et les complexités des enjeux institutionnels.
Nous dirons avec force que nous refusons ce système qui demande en permanence de se plier à la norme des «trois P»:
- apporter la preuve de résultats immédiats quant on sait que l’évolution pour les pathologies les plus complexes se mesure dans la durée,
- prédire l’avenir,
- instaurer la peur à l’égard des malades mentaux.
De telles perspectives sont inconciliables avec une hospitalité de la folie.
"Nous dirons avec force et enthousiasme nos espoirs en la possibilité d’une pratique où chacun pourrait se sentir investi, concerné, attentif et fier de son engagement : telle est la psychiatrie de l’hospitalité que nous appelons à refonder. (...) Pour penser tout cela, pour avancer dans nos élaborations nous serons entourés à ce meeting par des magistrats, des philosophes, des sociologues, des neurobiologistes, des hommes d’Etat. Ce grand moment préparera les Assises de la psychiatrie que nous organiserons à l’automne. (...)"
*
Mes commentaires
La psychanalyse comme outil de soin au quotidien des psychoses? Là où Freud disait qu’elle n’était pas appropriée, puisque c’est dans le champ des névroses qu’il l’a théorisée. Tout en sachant que ni Freud ni d’autres psychanalystes n’ont jamais guéri personne. Mais les psychotiques ont encore moins la capacité de se défendre, de se plaindre, de critiquer… Ils sont des otages parfaits.
La psychanalyse défendue par des médecins qui se prétendaient humanistes, qui la comptent parmi ce qu’ils appellent les formes d’une « psychiatrie de l’hospitalité »? Psychanalyse qui n’est que violence à l’égard des femmes dans tout ce qu’elles font, dans ce qu’elles sont, traduisant en théorie, donc légitimant, la pire violence du patriarcat? Après Freud, Lacan, Frieda Fromm-Reichman, Hélène Deutsch, Marie Bonaparte et beaucoup d’autres, on a les théorisations d’Aldo Naouri, de Françoise Dolto, d’Esthela Solano, de Jean-Pierre Winter, de Jacqueline Schafer, etc.
La faute aux femmes, à tous les âges. La faute aux mères.
Les femmes, la femme au singulier, ce vide, ce trou dans la culture et dans la civilisation, cette incarnation de la destructivité dont il faut brider l’expression déchaînée, elle qui est toute dans l’affect aveugle, incapable de raison, n’existant pas dans l’ordre du symbolique, donc devant être dominé, puisque le patriarcat, c’est ce qui donne forme, structure, protège contre l’aspiration par le néant, qui pourrait détruire la culture tout entière en la faisant régresser à l’indifférenciation du mythe…
Le Collectif des 39 nous parle d’hommes politiques, de magistrats et d’autres personnes influentes dans les sphères décisionnaires qui viennent soutenir la psychanalyse…
Avec de telles relations aussi intenses, comment s’étonner de l’influence de la psychanalyse lacanienne sur la justice, comment s’étonner du rôle des psychanalystes auprès de la justice, notamment dans l’expertise médico-judiciaire? En plus de la médecine, cela fonde la légitimité de ce charlatanisme et lui permet de se réclamer de la justice. Tel psychanalyste incarnant le sexisme, la gynophobie et la misogynie les plus outranciers est appelé à se prononcer sur le psychisme, sur la personnalité de telle femme… Dans les termes de Jacques Lacan et des lacaniens. Evidemment, des vies humaines sont détruites au quotidien.
En médecine, la destruction est encore plus massive, puisque toutes les femmes subissent les stéréotypes de genre qui entraînent des maltraitances, des violences, une perte de chance, les femmes étant moins bien soignées, pas prises au sérieux, virées sous prétexte que « c’est dans la tête ». Les humiliations sont permanentes.
Et les femmes soignantes ne font pas mieux, puisqu’elles veulent s’inscrire dans cet ordre machiste-là pour montrer aux collègues mâles qu’elles sont certes du même genre que les patientes, mais qu’elles ont su s’élever au-dessus de la mêlée. Et pour ce faire, elles sont souvent encore plus violentes, arrogantes, maltraitantes, lorsqu’il y a des collègues hommes qui ont ouvert cette voie-là et les mettent au défi de choisir entre une solidarité de genre et la collégialité faite de l’utilisation de méthodes communes, viriles, pas de méthodes et d’états d’âme « de gonzesse »…
Le meeting sera aussi « l’occasion de débattre d’une brûlante actualité : les conséquences de l’application de la loi de juillet 2011 et le rôle de la Haute autorité de santé ( HAS) dont on sait aujourd’hui qu’elle prépare une recommandation qui exclurait de la pratique la psychanalyse et la psychothérapie institutionnelle ! Voir la réaction parue le 18 février sous le titre « Interdire les suppléments d’âmes de la psychiatrie ? »
« Devant cette grave offensive idéologique », le Collectif des 39 a publié ce communiqué le 15 février 2012: « Adresse aux candidats à l’élection de la Présidence de la République ».
**
Intervenants au meeting
- SERGE PORTELLI, VICE PRÉSIDENT DU TRIBUNAL DE PARIS
- RAZZY HAMMADI, SECRETAIRE NATIONAL DU PS AUX SERVICES PUBLICS
- SYLVIANE GIAMPINO, PRÉSIDENTE DE ZERO DE CONDUITE
- PIERRE DARDOT, PHILOSOPHE, CO AUTEUR DE « LA NOUVELLE RAISON DU MONDE
- JACQUELINE BERGER, AUTEUR DE « SORTIR DE L’AUTISME »
- FRANÇOIS GONON, NEUROBIOLOGISTE
- ANDRE CORET, PHYSICIEN
- LE PROFESSEUR PIERRE DELION
- PIERRE JOXE , ANCIEN MINISTRE DE LA DÉFENSE ET DE L’INTÉRIEUR, ET BIEN SUR DES SOIGNANTS, DES PATIENTS, DES PARENTS…
- DES REPRÉSENTANTS DE MESSIEURS HOLLANDE, MELENCHON, POUTOU ET DE MADAME JOLY, CANDIDATS A L’ELECTION PRESIDENTIELLE
**
Mes commentaires
En lisant les noms de quelques-uns des intervenants au meeting, nous saurons qui ne veut pas que les enfants autistes aient un avenir, qui défend la psychanalyse contre toute évaluation, qui veut faire en sorte que des enfants autistes soient traités comme un fonds de commerce exclusif de la psychanalyse, parce que, manifestement, c’est l’intérêt de la corporation qui compte, pas l’intérêt d’une autonomie plus grande de ces enfants…
Dans la lutte idéologique contre les tenants des thérapies comportementales et cognitives, les enfants et leurs parents sont décimés, mais impossible pour les analystes de céder la moindre parcelle de terrain. Parce que les autres seraient cédées aussi, par la suite… Les femmes, toutes les femmes, commenceraient-elles aussi à se rebeller, à ne plus colporter elles-mêmes cette culture psy qui a vulgarisé une théorie psychanalytique qui dégrade, avilit, humilie et torture les femmes. Des théories psychanalytiques qu’il faut soustraire à toute évaluation, à toute critique, à tout critère de scientificité, de falsifiabilité et de reproductibilité, car comment pourrait-on démontrer scientifiquement les élucubrations du charlatanisme freudien et la misogynie, les obsessions sexuelles de Freud, qui sort les femmes de l’histoire et décrit telle hystérie comme relevant de la nature féminine, puisque « l’anatomie, c’est le destin » ? Et comment pourrait-on justifier les inepties gynophobes et misogynes de Lacan, entre toutes les élucubrations et les formules qui ne veulent rien dire?
Elena Pasca
J’ai fait une mise à jour, à la fin du billet, avec la liste des intervenants et un texte signé Patricia Janody incitant à participer au meeting (reçus hier par mail).
J’aimeJ’aime
Bonjour,
C’est la 1ere fois que je suis déçue, très déçue, extrêmement déçue de lire cet article ici. De voir que Pharmacritique prend cette position.
Entre médicaliser tout (DSM IV) et psychanalyser tout il y a des nuances.
Entre payer les labos pour des pseudo-maladies et des pseudo-guérisons, et payer des psychanalystes pour la même chose, il y a d’autres voies à prendre.
Elena avez vous lu (je sais que vous êtes philosophe et que certainement vous lisez beaucoup) le livre de Michel Onfray sur Freud et « Le livre noir de la psychanalyse » ?
Qu’en pensez vous ?
Moi j’ai lu le 1er et le suivant je suis en train de le lire (je l’ai trouvez par hasard à la bibliothèque de ma ville sur une étagère). Et je suis d’accord de respecter la décision des adultes qui veulent de leur plein gré suivre et payer une psychanalyse, mais je ne suis pas d’accord que la SS paye ces praticiens avec notre argent.
Je n’ai pas le temps de continuer aujourd’hui, juste un lien je veux mettre
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/autisme-les-psychanalystes-vont-entrer-en-resistance_1094612.html
un article avec un défenseur du collectif , ce qui est intéressant ce sont les commentaires :o)
Bonne journée.
J’aimeJ’aime