Enquête du Conseil de l’Europe sur les conflits d’intérêts autour de la grippe A et le business de vaccins non testés

A l’initiative du député social-démocrate allemand Wolfgang Wodarg, interviewé aussi dans le documentaire « Un virus fait débat » Wodarg.jpg(NDR pour ARTE) qu’on peut visionner sur cette page, le conseil de l’Europe lance une commission d’enquête sur les conflits d’intérêts entre instances décisionnaires et laboratoires pharmaceutiques producteurs de vaccins. Il pourrait y avoir un « débat d’urgence » lors de son assemblée parlementaire de janvier. Les firmes sont (enfin!) suspectées d’une énorme intox qui a permis un business planétaire avec des vaccins incertains.

Wolfgang Wodarg est lui-même médecin épidémiologiste spécialisé dans les affections pulmonaires et préside la commission santé au sein du Conseil de l’Europe. Il ne mâche pas ses mots, et on aimerait bien avoir de tels hommes politiques en France, qui dénoncent à la fois l’absence de transparence, l’absence de contrôle démocratique et les niveaux multiples de conflits d’intérêts, voire de corruption, entre les laboratoires et les autorités de régulation nationales et internationales.

« Ces firmes pharmaceutiques ont incité les gouvernements à gaspiller des sommes importantes pour des vaccins inefficaces et ont exposé inutilement des millions de personnes en bonne santé à des risques d’effets secondaires inconnus, à travers ces vaccins insuffisamment testés ».

Cette phrase est tirée de son site internet, où Wodarg épingle aussi le changement des critères de l’OMS dans sa définition d’une pandémie. « Les normes ont été abaissées à un niveau qui obligeait les dirigeants de la plupart des pays à réagir immédiatement en s’engageant à coups de milliards de dollars dans l’achat de nouveaux vaccins contre la grippe A H1N1, afin de faire face à ce scénario alarmiste ».

Un discours en anglais, prononcé le 11 décembre 2009 à Paris, est accessible sur cette page de son site. Et voici une traduction en anglais de l’interview donnée à un journal danois dans lequel il parle de cette « pandémie » comme de l’un des plus grands scandales médicaux du siècle.

La presse en parle assez largement.

Voir par exemple l’article de l’Humanité en date du 6 janvier, « Grippe A: l’enquête qui pourrait révéler l’intox« , dont voici un extrait:

« S’appuyant sur des exemples concrets […], Wolfgang Wodarg dénonce « une absence totale de transparence » qui place, de fait, la « filiale santé » des Nations unies « sous la coupe de l’industrie pharmaceutique ». Responsables  : les États et en particulier les grandes puissances qui, sous couvert d’installer les meilleurs experts, délèguent quasi systématiquement leurs pouvoirs à des spécialistes issus des grands labos.

La proximité de nombreux gouvernements avec ces groupes est donc avérée. Elle se manifeste soit directement quand des hommes liges sont disponibles dans la place (le cas Rumsfeld [pour le Tamiflu]), soit indirectement dans les organisations sanitaires internationales (le cas Stöhr), voire dans les instituts spécialisés nationaux, relève l’épidémiologiste. D’où le risque que ces organisations ne perdent finalement l’autorité et la crédibilité indiscutables dont elles devraient disposer. Une plus grande transparence par le biais d’un contrôle bien plus important des élus du peuple est nécessaire, souligne en substance le président de la commission Santé du Conseil de l’Europe. Cette démocratisation inédite apparaît effectivement comme le seul moyen de rendre leur lustre perdu à ces institutions, pourtant indispensables. Tant un travail sur les vrais risques sanitaires auxquels l’humanité se trouve exposée reste bien entendu plus primordial que jamais.

Le système actuel avec sa soumission aux labos ne permet pas de répondre à ce défi-là. Tout au contraire. Car si la campagne de panique autour de la grippe porcine s’est faite au profit des vendeurs de vaccins, la précipitation avec laquelle elle a été conduite s’est révélée, elle-même, dangereuse pour la santé publique, estime le Dr Wodarg en relevant que des millions d’êtres humains sains ont été ainsi « exposés de façon inutile en se laissant injecter des produits insuffisamment testés ». »

Lire aussi l’interview donnée par Wolfgang Wodarg à Bruno Odent (L’Humanité): « Ils ont organisé la psychose« . Extraits:

[Wodarg souligne plusieurs faits très curieux, de nature à éveiller les soupçons, comme l’utilisation de deux doses, etc.]

« Il y a eu aussi cette recommandation de n’utiliser que des vaccins brevetés particuliers. Il n’existait pourtant aucune raison à ce que l’on n’ajoute pas, comme on le fait chaque années, des particules antivirales spécifiques de ce nouveau virus H1N1, « complétant » les vaccins servant à la grippe saisonnière. On ne l’a pas fait car on a préféré utiliser des matériaux vaccinales brevetés que les grands laboratoires avaient élaborées et fabriqué pour se tenir prêts en cas de développement d’une pandémie. Et en procédant de cette façon on n’a pas hésité à mettre en danger les personnes vaccinées

Quel danger ?

Wolfgang Wodarg: Pour aller vite dans la mise à disposition des produits on a utilisé des adjuvants dans certains vaccins, dont les effets n’ont pas été suffisamment testés. Autrement dit : on a voulu absolument utiliser ces produits brevetés nouveaux au lieu de mettre au point des vaccins selon des méthodes de fabrication traditionnelles bien plus simples, fiables et moins coûteuses. Il n’y avait aucune raison médicale à cela. Uniquement des raisons de marketing. (…)

Vous contestez les diagnostics établis et la gravité, même potentielle, de la grippe A ?

Wolfgang Wodarg. Oui, c’est une grippe tout ce qu’il y a de plus normal. Elle ne provoque qu’un dixième des décès occasionnés par la grippe saisonnière classique. Tout ce qui importait et tout ce qui a conduit à la formidable campagne de panique à laquelle on a assisté, c’est qu’elle constituait une occasion en or pour les représentants des labos qui savaient qu’ils toucheraient le gros lot en cas de proclamation de pandémie.

Ce sont de très graves accusations que vous portez là. Comment un tel processus a-t-il été rendu possible au sein de l’OMS ?

Wolfgang Wodarg. Un groupe de personnes à l’OMS est associé de manière très étroite à l’industrie pharmaceutique.

L’enquête du conseil de l’Europe va travailler aussi dans cette direction ?

Wolfgang Wodarg. Nous voulons faire la lumière sur tout ce qui a pu rendre cette formidable opération d’intox. Nous voulons savoir qui a décidé, sur la base de quelles preuves scientifiques, et comment s’est exercé précisément l’influence de l’industrie pharmaceutique dans la prise de décision. Et nous devons enfin présenter des revendications aux gouvernements. L’objectif de la commission d’enquête est qu’il n’y ait plus à l’avenir de fausses alertes de ce genre. Que la population puisse se reposer sur l’analyse, l’expertise des instituions publiques nationales et internationales. Celles ci sont aujourd’hui discréditées car des millions de personnes ont été vaccinés avec des produits présentant d’éventuelles risques pour leur santé. Cela n’était pas nécessaire. Tout cela a débouché aussi sur une gabegie d’argent public considérable. (…)

Le travail de « lobying » des labos sur les instituts de santé nationaux sera-t-il aussi traité par l’enquête du conseil de l’Europe ?

Wolfgang Wodarg. Oui nous nous pencherons sur l’attitude des instituts comme le Robert Koch en Allemagne ou Pasteur en France qui aurait dû en réalité conseiller leurs gouvernements de façon critique. Dans certains pays des institutions l’ont fait. En Finlande ou en Pologne, par exemple, des voix critiques se sont élevées pour dire : « nous n’avons pas besoin de cela ».

La formidable opération d’intox planétaire n’a-t-elle pas été possible aussi parce que l’industrie pharmaceutique avait « ses représentants » jusque dans les gouvernements des pays les plus puissants ?

Wolgang Wodarg. Dans les ministères cela me paraît évident. Je ne peux pas m’expliquer comment des spécialistes , des gens très intelligents qui connaissent par coeur la problématique des maladies grippales, n’aient pas remarqué ce qui était en train de se produire.

Que s’est-il passé alors ?

Wolfgang Wodarg. Sans aller jusqu’à la corruption directe qui j’en suis certain existe, il y a eu mille manières pour les labos d’exercer leur influence sur les décisions. J’ai pu constater très concrètement par exemple comment Klaus Stöhr qui était le chef du département épidémiologique de l’OMS à l’époque de la grippe aviaire, et qui donc a préparé les plans destinés à faire face à une pandémie que j’évoquais plus haut, était devenu entre temps un haut cadre de la société Novartis. Et des liens semblables existent entre Glaxo ou Baxter (etc) et des membres influents de l’OMS. Ces grandes firmes ont « leurs gens » dans les appareils et se débrouillent ensuite pour que les bonnes décisions politiques soient prises. C’est à dire celles qui leur permettent de pomper le maximum d’argent des contribuables.

Mais si votre enquête aboutit, ne sera-t-elle pas un appui pour les citoyens d’exiger de leurs gouvernements qu’ils demandent des comptes à ces grands groupes ?

Wolfgang Wodarg. Oui, vous avez raison, c’est l’un des grands enjeux lié à cette enquête. Les états pourraient en effet se saisir de cela pour contester des contrats passés dans des conditions, disons, pas très propres. S’il peut être prouvé que c’est la prise d’influence des firmes qui a conduit au déclenchement du processus alors ils faudra les pousser à ce qu’ils demandent à être remboursés. Mais ça c’est uniquement le côté financier, il y a aussi le côté humain, celui des personnes qui ont été vaccinés avec des produits qui ont été insuffisamment testés.

Quel type de risque ont donc pris, sans qu’ils le sachent, ces gens en bonne santé en se faisant vacciner ?

Wolfgang Wodarg. Je le répète les vaccins ont été élaborés trop rapidement, certains adjuvants insuffisamment testés. Mais il y a plus grave. Le vaccin élaboré par la société Novartis a été produit dans un bioréacteur à partir de cellules cancéreuses. Une technique qui n’avait jamais été utilisée jusqu’à aujourd’hui.

Pourquoi, je ne suis évidemment pas un spécialiste, mais comment peut-on prétendre faire un vaccin à partir de cellules malades ?

Wolfgang Wodarg. Normalement on utilise des œufs de poules sur lesquels les virus sont cultivés. On a besoin en effet de travailler sur des cellules vivantes. Car les virus ne peuvent se multiplier que de cette manière et donc, par définition, les préparations antivirus qui vont avec. Mais ce procédé présente un gros défaut, il est lent, il faut beaucoup d’œufs. Et il est long et complexe sur le plan technique.

Une autre technique au potentiel remarquable consiste à cultiver les virus sur des cellules vivantes dans des bio-réacteurs. Pour cela il faut des cellules qui croissent et se divisent très vite. C’est un peu le procédé que l’on utilise pour la culture du yaourt que l’on réalise d’ailleurs aussi dans un bio-réacteur. mais dans ce contexte la cellule a été tellement bouleversée dans son environnement et sa croissance qu’elle croit comme une cellule cancéreuse. Et c’est sur ces cellules au rendement très élevé que l’on cultive les virus. Seulement pour fabriquer le vaccin il faut extraire à nouveau les virus de ces cellules sur lesquelles ils ont été implantés. Et il peut donc se produire que durant le processus de fabrication du vaccin des restes de cellule cancéreuse demeurent dans la préparation. Comme cela se produit dans la fabrication classique avec les œufs. On sait ainsi que dans le cas d’une vaccination de la grippe classique des effets secondaires peuvent apparaître chez les personnes qui sont allergiques à l’ovalbumine que l’on trouve dans le blanc d’oeuf. Il ne peut donc pas être exclu que des protéines, restes d’une cellule cancéreuse présentes dans un vaccin fabriqué par bio-réacteur, n’engendre une tumeur sur la personne vaccinée. Selon un vrai principe de précaution il faudrait donc, avant qu’un tel produit ne soit autorisé sur le marché, avoir la certitude à 100% que de tels effets sont réellement exclus.

[Tout cela a été évoqué par la revue allemande indépendante Arznei-Telegramm; lire les articles traduits par Pharmacritique. Quant à l’AME, il s’agit de l’EMEA: European Medicines Evaluation Agency]

Et cela n’a pas été fait ?

Wolfgang Wodarg. On ne l’a pas fait. L’AME (Agence Européenne du Médicament), une institution sous la responsabilité du commissaire européen à l’économie, basée à Londres, qui donne les autorisations de mise sur le marché des vaccins en Europe, a donné son feu vert à la commercialisation de ce produit en arguant, en l’occurrence, que ce mode de fabrication ne constituait pas un risque « significatif ». Cela a été très différemment apprécié par de nombreux spécialistes ici en Allemagne et une institution indépendante sur le médicament, qui ont au contraire alerté et fait part de leurs objections. J’ai pris ces avertissements au sérieux. J’ai étudié le dossier et suis intervenu dans le cadre de la commission santé du Bundestag dont j’étais alors membre pour que le vaccin ne soit pas utilisé en Allemagne. J’ai fait savoir que je n’étais certainement pas opposé à l’élaboration de vaccins avec cette technique. Mais qu’il fallait d’abord avoir une garantie totale d’innocuité. Le produit n’a donc pas été utilisé en Allemagne où le gouvernement a résilié le contrat avec Novartis.

Quel est le nom de ce vaccin ?

Wolfgang Wodarg. Obta flu. [Note de Pharmacritique: OPTAFLU, mis en cause par Arznei-Telegramm; lire les articles traduits.]

Mais cela veut dire que dans d’autres pays européens comme la France le produit peut être commercialisé sans problème ?

Wolfgang Wodarg. Oui , il a obtenu l’autorisation de l’AME et peut donc être utilisé partout dans l’Union Européenne.

Quelle alternative entendez vous faire avancer pour que l’on échappe à de nouveaux scandales de ce type ?

Wolfgang Wodarg. Il faudrait que l’OMS soit plus transparente, que l’on sache clairement qui décide et quelle type de relation existe entre les participants dans l’organisation. Il conviendrait aussi qu’elle soit au moins flanquée d’une chambre d’élue, capable de réagir de façon très critique où chacun puisse s’exprimer. Ce renforcement du contrôle par le public est indispensable.

N’est ce pas la question d’un autre système capable de traiter une question qui relève en fait d’un bien commun aux citoyens de toute la planète qui affleure ?

Wolfgang Wodarg. Pouvons nous encore laisser la production de vaccins et la conduite de ces productions à des organisations dont l’objectif est de gagner le plus possible d’argent ? Ou bien la production de vaccins n’est-elle pas quelque chose du domaine par excellence, que les Etats doivent contrôler et mettre en œuvre eux même ? C’est la raison pour laquelle je pense qu’il faut abandonner le système des brevets sur les vaccins. C’est à dire la possibilité d’une monopolisation de la production de vaccin par un rand groupe. Car cette possibilité suppose que l’on sacrifie des milliers de vies humaines, simplement au nom du respect de ces droits monopolistiques. Vous avez raison , cette revendication là a pris en tout cas pour moi l’aspect de l’évidence. »

4 réflexions au sujet de “Enquête du Conseil de l’Europe sur les conflits d’intérêts autour de la grippe A et le business de vaccins non testés”

  1. En 1935 La Société des Nations s’était déjà opposée au principe du brevet sur les vaccins . A l’époque c’est un vaccin contre la scarlatine qui en avait fait les frais ( celui de George et Gladys Dick ).
    Jonas Salk aurait lui même dit à propos du vaccin contre la polio qu’il avait mis au point : »There is no patent. Could you patent the sun? ».
    C’est un beau mot ; quel en est l’effet ?…

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  2. Je suis fort choquee par cet article ! J’ai ete moi-meme vaccinee contre la grippe AH1N1 en Grece . Je suis sous medicamentation avec le Novaldex depuis trois ans car je suis atteinte d’un cancer du sein !
    On m’a vaccine avec un vaccin de Novartis : « FOCETRIA ». Est-ce que la fabrication de ce vaccin est la meme que l’OPTA FLU ??? avec des cellulres cancereuses?????Est-ce le meme vaccin avec une autre denomination???
    Merci de me repondre.

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  3. A propos du fiasco de la vaccination contre la grippe A, Bachelot regrette de  » ne pas en avoir assez fait pour protéger (les Français) de l’irresponsabilité de certaines personnalités publiques et de la désinformation qu’elles ont organisé « . Je suppose qu’en répercutant les propos de Wodarg sur Pharmacritique, Elena doit se sentir visée, mais qu’elle doit être loin de le regretter. Lire les propos de Bachelot sur :
    http://www.lejdd.fr/Societe/Sante/Actualite/Grippe-A-Bachelot-se-defend-164428/
    Régis Pluchet

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