Double discours de Sanofi sur un vaccin antigrippe Panenza assez trouble

Sanofi Pasteur dit que le Panenza est produit de la même façon que les vaccins habituels contre la grippe saisonnière. Dans ces conditions, il est Sanofi Pasteur.jpgétonnant qu’il n’y ait pas eu d’autorisation européenne, alors que les vaccins des firmes concurrentes (Pandemrix, Focetria, puis Celvapan) ont été autorisés en septembre et octobre. Nos autorités d’insécurité sanitaire ont donné une autorisation unilatérale à ce vaccin.

Sanofi affirme que le Panenza n’est pas identique au Fluzone, son vaccin antigrippe saisonnière produit aux Etats-Unis, et utilisé contre la grippe A, après modification de l’antigène. Pourquoi Sanofi n-at-il pas fabriqué du Fluzone pour l’Europe aussi ? Pourquoi la firme a-t-elle pris autant de retard en proposant le Panenza, alors que le Fluzone version A H1N1 a été approuvé par l’agence américaine du médicament (FDA) dès la mi-septembre ?

Pour ce vaccin encore moins testé que les autres, le laboratoire lui-même dit à ses actionnaires de ne pas s’emballer, qu’il se peut que la réalité soit différente des promesses… Et certains exemples concrets de désinformation pratiquée par Sanofi encore récemment n’accréditent en rien la crédibilité de la firme. De toute façon, c’est de science et de santé publique qu’il devrait s’agir, donc de preuves, pas de paroles.

Reprenant l’analyse de la revue médicale allemande indépendante Arznei-Telegramm, j’ai été parmi les premiers en France à souligner qu’aucun des vaccins autorisés en Europe n’est utilisé aux Etats-Unis. Il est curieux qu’aucun des laboratoires (GSK, Novartis, Baxter, MedImmune, Sanofi-Pasteur) n’ait même pas demandé une autorisation pour le Pandemrix, le Focetria, le Celtura, le Panenza, et autres variantes nationales.

La FDA (agence du médicament) des Etats-Unis est réputée être plus regardante que celle européenne (EMEA), elle-même plus regardante que les agences nationales (AFSSAPS pour la France). Cela pourrait peut-être expliquer certaines incohérences…

Sanofi propose un autre vaccin aux Etats-Unis. Pourquoi ?

Aux Etats-Unis, Sanofi commercialise le FLUZONE, approuvé dès le 16 septembre 2009 dans sa version antigrippe A et dont la première autorisation remonte à 1980. Le résume des caractéristiques du produit (RCP) du Fluzone figure sur le site de la FDA.

En lisant ce RCP, on constate effectivement que les formes unidose sont strictement identiques aux vaccins saisonniers quant aux technologies de fabrication, puisque seul l’antigène est remplacé chaque année, en fonction du type et des sous-types de virus qui circulent le plus. (Certes, le Fluzone est monovalent, pas trivalent, mais cela n’a pas d’importance dans ce contexte). Ce n’est que dans les conditionnements multidose qu’apparaît une différence : la présence du thiomersal comme conservateur.

Il est dès lors certain que les Américains ont peu de raisons de s’inquiéter, avec un vaccin utilisé depuis 30 ans sous la même forme. Même s’il faut souligner que les essais cliniques mentionnés dans le RCP pour telle ou telle formulation annuelle du Fluzone ne portent que sur des groupes réduits de personnes.

Si le Panenza est vraiment produit selon les méthodes habituelles dans les vaccins antigrippe, comme le Fluzone, pourquoi Sanofi n’a-t-il pas fabriqué du Fluzone pour la France et l’Europe ? Là, les critiques n’auraient pas eu de prise – à moins de contester l’efficacité générale des vaccins antigrippe, ce qui est une autre question -, puisque le Fluzone a été largement utilisé, puis homologué dès septembre par la FDA avec l’antigène AH1N1. Et une autorisation aux Etats-Unis est la meilleure « carte de visite » de nos jours. L’EMEA aurait autorisé le Fluzone en moins de deux.

Pourquoi prendre du retard par rapport aux concurrents (GSK, Baxter, Novartis, MedImmune…), en produisant autre chose (le Panenza), tout en affirmant d’une part que c’est la même chose que les vaccins antigrippe saisonnière (quant aux méthodes de fabrication), d’autre part que ce n’est quand même pas la même chose, que le Panenza n’est pas le Fluzone ?

Description des deux vaccins

Les descriptions des deux vaccins ne permettent pas de faire la différence entre les deux. Celle du Panenza, dans le RCP paru sur le site de l’AFSSAPS, est un peu moins détaillée, mais si différence il y a, elle ne peut être qu’au niveau des excipients, donc secondaire. Le Fluzone est décrit dans le RCP des Etats-Unis, paru entre autres sur le site de la FDA.

Alors soit ils sont identiques, et alors on ne comprend pas pourquoi nous n’avons pas eu le même, pourquoi tout ce retard et le cirque autour de l’autorisation, soit ils sont vraiment différents – je veux dire plus que par des excipients -, et alors Sanofi nous cache quelque chose qui pourrait être important.

Pour ce qui est des effets secondaires des deux vaccins, du nombre (extrêmement réduit) d’adultes et d’enfants inclus dans les essais cliniques et du taux de séroconversion, voir la fin de cette note. Je les évoque en passant, parce que ce n’est pas ce sujet-là qui m’intéresse ici).

La France au secours de la firme nationale : commandes de Panenza

L’EMEA envisageait de réserver 800.000 doses de Panenza pour certaines catégories de malades et les femmes enceintes, nous apprend le JDD en date du 16 novembre (« Le vaccin sans adjuvant arrive »). La France, elle, encourage la firme nationale en commandant 28 millions de doses à Sanofi-Pasteur, avec une option pour 28 millions de doses supplémentaires… (Et le laboratoire, qui n’a produit que la moitié, à peu

Ce généreux secours commence par l’AMM du Panenza… octroyée uniquement par les autorités françaises…

Les Français sont vraiment privilégiés, à avoir un vaccin qui n’est utilisé nulle part ailleurs…

Sanofi Pasteur affirme avoir présenté un dossier de demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM) « dans six pays de l’Union européenne – l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, la France (en tant que « état membre de référence »), l’Italie et le Luxembourg ». Sans réponse pour le moment. Mais la France n’allait pas laisser notre firme nationale dans la panade et affirme que la réponse de l’EMEA serait favorable, mais viendrait trop tard…

Rappelons quand même que depuis 1994, date à laquelle la procédure centralisée (européenne) d’AMM a été mise en place, peu de médicaments ont contourné cette procédure, et que ce contournement à lui seul à de quoi soulever des interrogations sur la fiabilité du produit de santé en question et/ou sur le respect des étapes de son développement qui devrait inclure des tests à réaliser en plusieurs étapes, donc étalés dans le temps.

Que l’AFSSAPS agisse unilatéralement et que Roselyne Bachelot puisse lire dans les astres pour nous dire à l’avance – avant toute évaluation ( !) – que Panenza aura son AMM et qu’elle lui sera octroyée à la mi-novembre, voilà une façon de court-circuiter toutes les procédures d’évaluation qui n’est pas de nature à diminuer la méfiance du public vis-à-vis des modalités d’expertise actuelles et du fonctionnement des autorités sanitaires qui se laissent dicter leurs décisions en fonction de ce qu’annoncent les firmes pharmaceutiques et les hommes politiques… L’idée d’un refus n’a même pas effleuré l’esprit de nos décideurs politico-sanitaires… Mais comme ils ont eux-mêmes des liens avec les laboratoires, directement ou par conseillers experts interposés, payés par les laboratoires, ils doivent avoir des informations privilégiées. Et ils ne remettront pas en cause les désirs des laboratoires qui les payent… On ne mord pas la main qui nous nourrit…

Les conflits d’intérêts avec Sanofi commencent au plus haut niveau de l’Etat, avec Nicolas Sarkozy et son frère, le Dr François Sarkozy, comme je l’ai montré dans cet article sur Pharmacritique. Et l’affaire Jean Sarkozy nous a donné récemment une preuve supplémentaire de l’importance des intérêts de l’entourage de notre président…

Citons l’article du 8 octobre de l’hebdomadaire Le Point, pour illustrer ce traitement de faveur pour le Panenza e
t pour le Humenza de Sanofi (ce dernier étant adjuvanté), qui leur évite le parcours habituel suivi par le Pandemrix (GSK), le Focetria (Novartis) et le Celvapan (Baxter), et leur épargne un éventuel refus par l’EMEA (agence européenne du médicament)…

« (…) l’Autorité française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a annoncé jeudi qu’elle allait évaluer dans le courant de l’automne le Panenza, qui fait l’objet en Europe d’une procédure décentralisée.

Cet examen franco-français vise à accélérer les délais d’autorisation de mise sur le marché en cas d’évaluation probante, a expliqué le directeur de l’Afssaps Jean Marimbert lors d’une conférence de presse au ministère de la Santé.

Selon lui, la démarche nationale pourrait permettre, à compter de la réception d’un dossier complet fin octobre, de parvenir à une homologation dans un « intervalle d’un mois », soit vers la fin novembre. »

Les raisons du contournement de l’EMEA sont peu logiques si le Panenza est tel que nous le présente Sanofi

Dans un communiqué de Sanofi-Pasteur en date du 16 novembre, on apprend que l’autorisation de mise sur le marché (AMM) a été effectivement accordée par l’agence française du médicament (AFSSAPS) le 12 novembre, plus tôt que prévu, selon une procédure décentralisée, c’est-à-dire sans passer par l’EMEA. Non que celle-ci soit particulièrement stricte, loin de là, puisqu’elle a autorisé les autres vaccins (Pandemrix, Focetria, Celvapan) sans se demander pourquoi la FDA (agence américaine du médicament) ne voulait même pas entendre parler de ces vaccins produits autrement que par les technologies habituelles).

Compte tenu de cette permissivité, on se demande pourquoi Sanofi tenait à éviter autant que possible la procédure centralisée ou s’attendait à un retard dans la réponse. Selon le même article du Point, le directeur de l’AFSSAPS estimait en octobre que la procédure européenne traditionnelle via l’Agence européenne du médicament (EMEA), ne déboucherait pas « dans le meilleur des cas avant le premier trimestre » 2010. »

Pourquoi s’attendre à un tel retard par rapport à l’autorisation accordée dès septembre au Pandemrix, au Focetria, puis plus tard au Celvapan ? Ce n’est pas logique, surtout si le Panenza est effectivement produit selon les technologies habituelles des vaccins antigrippe. La raison ne serait-elle pas plutôt que le Panenza est encore moins testé que les autres vaccins pandémiques, et qu’il n’y a pas grand-chose dans le dossier d’évaluation pour justifier une autorisation ? Encore moins de données que pour les autres ?

La Bourse est plus exigeante que les autorités sanitaires… On apprend que Sanofi nourrit des incertitudes quant au Panenza

Mais le Panenza est-il vraiment le vaccin efficace et bien toléré que vante Sanofi lorsqu’il en parle au grand public ? On peut en douter en lisant les RCP, qui disent clairement que les données sont soit limitées, soit inexistantes. Mais le doute s’installe surtout à la lecture d’un discours qui n’est pas destiné au grand public…

Dans sa « Déclaration sur la pharmacovigilance », l’union internationale des revues pharmacologiques indépendantes (ISDB) soulignait que la désinformation des professionnels de santé et du public est tellement bien organisée par les laboratoires, que la source la plus crédible d’informations fiables sur un médicament est… la bourse (voir cette page).

Les autorités sanitaires n’exigent rien de Sanofi, mais le laboratoire se doit d’être transparent… face à ses actionnaires.

Et c’est cette transparence-là qui nous permet de tirer des enseignements sur le reste, et notamment sur nos autorités d’insécurité sanitaire qui donnent une autorisation express sans rien exiger. Sanofi n’a aucune obligation : ni d’efficacité et d’innocuité du vaccin, ni de responsabilité en cas de problème. Le laboratoire peut même se permettre de promettre la lune aux autorités sanitaires et au grand public. Mais il ne peut pas se permettre de manquer de transparence face à ses actionnaires, surtout après plusieurs déboires (Acomplia, Lantus, amendes aux Etats-Unis, etc.). Et il leur dit clairement de ne pas s’emballer…

A part l’immunité juridique, accordée par l’Etat par contrat à tous les fabricants du vaccin, Sanofi dit d’avance – à l’intention de la bourse, des actionnaires et de tout bon entendeur – que le Panenza n’est qu’un projet dont rien ne garantit le résultat lors de sa mise en pratique… Comme les promesses qui n’engagent que ceux qui y croient. Sanofi-Aventis se couvre aussi par rapport aux possibles procès que pourraient lui intenter les actionnaires si jamais le Panenza n’apportait pas les rentrées financières escomptées pour cause de défectuosité du vaccin ou tout autre problème entraînant la non réalisation des intentions « de performances futures » que le laboratoire exprimait lors de la mise sur le marché.

De tels procès ne sont certes pas possibles en Europe, mais le sont aux Etats-Unis, par exemple, et les actionnaires furieux d’avoir été floués en investissant sur tel médicament qui se révèle défectueux peuvent obtenir des dédommagements faramineux. C’est pourquoi Sanofi renvoie ouvertement à un dispositif législatif  états-unien: il prend les devants pour pouvoir dire qu’il aura prévenu les actionnaires et qu’il ne saurait être tenu pour responsable pour les déclarations de belles intentions visant à augmenter la valeur des actions…

Le communiqué en date du 8 octobre de Sanofi est très clair ; il suffit de le lire jusqu’à la fin, où se trouve la section « déclaration prospective ». On y apprend que les affirmations faites par Sanofi-Pasteur ne sauraient être tenues pour des obligations contractuelles… Elles n’engagent en rien la responsabilité du laboratoire, si jamais la réalité évolue dans un sens différent et que le vaccin Panenza se révèle différent des descriptions actuelles et des prévisions quant à son rapport bénéfices-risques, et donc si jamais les bénéfices financiers ne sont pas à la hauteur…

Voici le paragraphe en question.

Déclarations prospectives ou comment Sanofi se lave les mains d’avance

« Ce communiqué contient des déclarations prospectives (au sens du U.S. Private Securities Litigation Reform Act of 1995).

Ces déclarations ne constituent pas des faits historiques. Ces déclarations comprennent des projections financières et des estimations ainsi que les hypothèses sur lesquelles celles-ci reposent, des déclarations portant sur des projets, des objectifs, des intentions et des attentes concernant des événements, des opérations, des produits et des services futurs ou les performances futures. Ces déclarations prospectives peuvent souvent être identifiées par les mots « s’attendre à », « anticiper », « croire », « avoir l’intention de », « estimer » ou « planifier », ainsi que par d’autres termes similaires. Bien que la direction de sanofi-aventis estime que ces déclarations prospectives sont raisonnables, les investisseurs sont alertés sur le fait que ces déclarations prospectives sont soumises à de nombreux risques et incertitudes, difficilement prévisibles et généralement en dehors du contrôle de sanofi-aventis, qui peuvent impliquer que les résulta
ts et événements effectifs réalisés diffèrent significativement de ceux qui sont exprimés, induits ou prévus
dans les informations et déclarations prospectives.

Ces risques comprennent ceux qui sont développés ou identifiés dans les documents publics déposés par sanofi-aventis auprès de l’AMF [Autorité des marchés financiers] et de la SEC [Security Exchange Commission], y compris ceux énumérés dans les rubriques « Facteurs de risque » et « Déclarations prospectives » du document de référence 2008 de sanofi-aventis ainsi que dans les rubriques « Risk Factors » et « Cautionary Statement Concerning Forward-Looking Statements » du rapport annuel 2008 sur Form 20-F de sanofi-aventis, qui a été déposé auprès de la SEC. Sanofi-aventis ne prend aucun engagement de mettre à jour les informations et déclarations prospectives sous réserve de la réglementation applicable notamment les articles 223-1 et suivants du règlement général de l’autorité des marchés financiers. »

Sanofi-Pasteur nous demande de le croire sur parole

La question se pose, puisque, en l’absence de données sur le Panenza, encore moins testé que les autres, nous n’avons que la parole du laboratoire sur l’efficacité et l’absence de risques significatifs. Cela devient encore plus problématique à la lumière des quelques aspects pour le moins étonnants que j’ai énuméré plus haut :

  • contournement de l’EMEA / autorisation française inhabituelle,
  • pas de recours au Fluzone tout en affirmant de lui comme du Panenza qu’ils sont fabriqués selon les technologies classiques,
  • avertissement aux actionnaires de ne pas s’emballer…

Vu les enjeux, c’est inadmissible que les autorités sanitaires et les hommes politiques laissent faire et réservent un vaccin expérimental et entouré de bizarreries à des personnes des plus fragiles telles les femmes enceintes et les enfants de moins de 9 ans.

L’histoire nous dit comment Sanofi réagit si l’un de ses produits pose problème. Acomplia

Il y a beaucoup d’exemples de désinformation et autres méthodes douteuses de ce laboratoire, mais je prendrai celui d’Acomplia, représentatif parce que nous avons aussi la preuve d’une volonté délibérée de désinformer et d’exposer les patients à des risques accrus

Ce médicament anti-obésité, destiné en priorité aux diabétiques, mérite d’être mentionné dans ce contexte parce qu’il n’a pas été autorisé par l’agence américaine du médicament (FDA). Il n’y a que les Français qui ont pu en bénéficier, tout comme du vaccin Panenza… La FDA lui reprochait des effets secondaires surtout psychiatriques et neurologiques, pour une efficacité douteuse. Sanofi et ses obligés ont lancé une rumeur expliquant ce refus par une volonté de chauvinisme de la part des Américains, qui auraient voulu réserver cet immense marché à leurs firmes. (Bien entendu, Sanofi savait parfaitement qu’Acomplia ne serait pas limité aux diabétiques… Une fois autorisé, les médecins peuvent prescrire hors AMM et ne s’en privent pas. Sans parler du marché parallèle par la vente en ligne, etc.). Rien de tel qu’une victimisation pour s’attirer la sympathie et discréditer les critiques…

Mais les effets indésirables relevés par la FDA mais occultés par Sanofi n’ont pas manqué de se manifester en nombre (dépressions graves, tentatives de suicide…). Comment le labo a-t-il réagi, lui dont la devise, qui illumine désormais même nos écrans de télévision, est « l’essentiel, c’est la santé » ? En commerçant : niant par tous les moyens l’existence du moindre problème, jusqu’à chercher à museler la presse.

Le Canard enchaîné du 30 avril 2008 a publié des extraits d’un document interne dans un article intitulé « Sanofi-Aventis, géant de la pharmacie, prescrit un remède contre la presse ».

La direction du labo a diffusé un document qui dresse un constat alarmant pour le commerce, puisque les ventes « stagne[nt] », à cause des « retombées grand public (…) [qui] inquiètent les patients sous Acomplia, mettent le doute chez les professionnels de santé, donnent des arguments aux payeurs (CNAM) [pour ne pas rembourser Acomplia] et atteignent la conviction des collaborateurs de Sanofi-Aventis France ».

Le même document fixe les « priorités 2008 » et les moyens de mettre en place le « plan best Acomplia » :

  1. « Neutraliser la presse Grand Public
  2. Mobiliser la communauté diabète autour d’une Opération « Prestige »« 

Ce qui veut dire en clair intoxiquer la presse par diverses désinformations, peut-être même faire pression sur les media qui vivent des publicités, et mobiliser tout le réseau d’associations de malades, de sociétés savantes et de leaders d’opinion financé par Sanofi pour réaffirmer leur bonheur d’avoir une telle pilule miracle et inonder la presse de témoignages et d’avis d’experts… Facile à faire, puisque les conflits d’intérêts induisent des obligations…

A noter que Sanofi n’a pas à se soucier de la presse médicale, puisqu’elle est entièrement financé par l’industrie pharmaceutique et donc à sa botte.

Le labo prévoyait en outre de mobiliser les visiteurs médicaux, auxquels il demande de « prendre entre les yeux » ( ?) les médecins les plus sceptiques, c’est-à-dire insister pour les persuader des mérites d’Acomplia… Les médecins sont faciles à toucher, puisque 98% de leur formation médicale continue (FMC, voir les notes de cette catégorie) sont financés par l’industrie pharma et que, selon l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales), celle-ci dépense 25.000 euros par année et par généraliste pour les informer (sic). Quelques leaders d’opinion dans les media, dans la presse médicale et la FMC, et le labo espérait non seulement redresser la barre, mais même « augmenter la durée de traitement des patients ». Traiter le mal par l’origine du mal, peut-être ? Nul doute qu’il y serait parvenu si Acomplia n’avait pas été retiré du marché… par l’agence européenne du médicament (EMEA), en octobre 2008. Je n’ai pas souvenir de notre AFSSAPS faisant quoi que ce soit qui pourrait fâcher la firme nationale…

Sachant qu’il y a beaucoup d’exemples d’une compréhension très particulière du terme « éthique » par Sanofi – certains illustrés dans des articles sur Pharmacritique, accessibles par le bouton recherche -, c’est à chacun de voir s’il veut croire ce laboratoire sur parole.

Annexe : quelques mots sur le chapitre « effets indésirables » dans les RCP

Effets secondaires du Fluzone (et des vaccins contre la grippe saisonnière)

Puisqu’il ne contient pas d’adjuvant et que l’antigène est propagé sur des œufs, pas sur des lignées cellulaires animales (Vero, MDCK…), le Panenza ne devrait poser aucun problème, dit-on. Sauf qu’il est encore moins testé dans des essais cliniques que les autres… Nous n’avons que la parole de Sanofi pour ce qui est des effets secondaires, du rapport bénéfices – risques.

Le RCP précise que le rapport de causalité n’a pas toujours été établi pour les notifications de réactions adverses post-commercialisation, mais on sait qu’en médecine (et pas seulement quant aux effets secondaires), il est quasiment impossible d’établir une causalité de façon certaine).

Lors des essais cliniques, les effets indésirables les plus fréquents ont été les suivants :

  • Système cardiovasculaire et lymphatique : thrombocytopénie, lympha
    dénopathie
  • Troubles du système immunitaire : anaphylaxie, autres réactions allergiques et d’hypersensibilité (y compris urticaire, angioedème)
  • Troubles du système nerveux : syndrome de Guillain-Barré, convulsions, myélite (y compris encéphalomyélite et myélite transverse), paralysie faciale (paralysie de Bell), névralgie optique / neuropathie, névralgie brachiale, syncope (intervenant peu après la vaccination), vertiges, paresthésies
  • Troubles vasculaires : vascularite, vasodilatation / rougeurs [bouffées de chaleur]. [Le RCP du Panenza ajoute à la page 5 une atteinte rénale transitoire qui peut être associée à la vascularite].
  • Troubles respiratoires, thoraciques et médiastinaux : dyspnée, pharyngite, rhinite
  • Troubles cutanés et des tissus sous-cutanés: syndrome Stevens-Johnson ;
  • Symptômes systémiques et localisés au site de l’injection : fièvre, douleur, prurit, asthénie / fatigue, douleur aux extrémités, douleur thoracique.

Effets indésirables allergiques

Sont décrits dans une section à part : allergies aux œufs, à l’anaphylaxie et à d’autres réactions allergiques telles que : urticaire, angioedème, asthme allergique et anaphylaxie systémique. Les moyens nécessaires pour traiter des réactions allergiques – y compris des chocs anaphylactiques – doivent être disponibles lorsque la vaccination a lieu.

Le RCT français du Panenza donne quelques détails supplémentaires parlant des contre-indications : « Antécédents de réaction anaphylactique (c’est-à-dire mettant en jeu le pronostic vital) à l’un des constituants de ce vaccin (voir rubriques 2 et 6.1), à l’ovalbumine ou à toute autre protéine d’oeuf, aux protéines de poulet, à la néomycine, à l’octoxinol-9 et au formaldéhyde. En cas de pandémie, si une vaccination est considérée nécessaire, un équipement de réanimation doit être disponible immédiatement en cas de besoin. » Dans les mises en garde, la prudence est conseillée en cas d’hypersensibilité à ses composantes et au thiomersal.

Syndrome de Guillain-Barré (section Mise en garde & précautions du Fluzone)

Il faut bien évaluer le bénéfice / risque si la personne a déjà fait un syndrome de Guillain-Barré dans les semaines suivant une vaccination antérieure. En outre :

« Le vaccin contre la grippe porcine de 1976 a été associé à une augmentation de la fréquence des syndromes de Guillain-Barré (GBS). Les preuves ne sont pas claires quant au lien de causalité entre le Guillain-Barré et les vaccins ultérieurs fabriqués avec d’autres antigènes grippaux. S’il y a un risque lié aux vaccins antigrippe, ce risque est probablement à peine supérieur à un cas supplémentaire par million de personnes vaccinées ».

J’ajoute que ce que le RCP désigne par « augmentation » de la fréquence des syndromes de Guillain-Barré lors de la vaccination massive contre la grippe A de 1976, n’est pas du tout anodin : le nombre de cas a été quasiment multiplié par 10 : presque un cas sur 100.000 vaccinations.

La plupart de effets secondaires signalés après la commercialisation se retrouvent dans le RCP du Panenza, mais avec la précision suivante : « Il n’existe pas de données de tolérance sur l’expérience après commercialisation de PANENZA. Cependant, au cours de la surveillance après commercialisation des vaccins trivalents saisonniers, les effets indésirables suivants ont été rapportés très rarement, même si leur incidence ne peut être précisément calculée ».

Effets secondaires du Panenza (testé sur très peu de personnes)

Le RCP français, repris sur le site de l’agence du médicament (AFSSAPS) dit clairement qu’on ne peut pas savoir grand-chose sur l’efficacité et sur l’innocuité / la tolérance du Panenza, puisque « [c]e vaccin pandémique a été autorisé sur la base des données limitées obtenues avec le vaccin contenant l’antigène (H1N1)v. La rubrique « Données Cliniques » sera mise à jour en fonction des nouvelles données disponibles. » En clair, cela veut dire qu’on expérimente massivement sur la population, et on verra ce que cela donne.

Adultes

101 adultes et 45 personnes âgées ont été inclus dans un « essai clinique en ouvert »… Non seulement le nombre est très faible pour tirer quelques conclusions que ce soit, mais en plus les exigences élémentaires de scientificité ne sont pas respectés, puisqu’il n’y a pas d’essai randomisé contrôlé en double aveugle contre placebo. Et pourtant, seuls les RCT (randomised control trials – gold standard de l’EBM ou médecine fondée sur le niveau de preuve) à grande échelle, au setting et aux critères de jugement bien élaborés permettent de tirer des conclusions moins sujettes à l’arbitraire.

Les céphalées, les myalgies et les douleurs au site d’injection sont des effets indésirables très fréquents. Malaise, frissons, fièvre et réactions locales de type érythème, gonflement au site d’injection sont fréquents.

Femmes enceintes

« Il n’y a actuellement aucune donnée disponible concernant l’utilisation de PANENZA au cours de la grossesse. » Ce n’est pas étonnant, puisque les femmes enceintes sont habituellement exclues des essais cliniques, pour des raisons éthiques – éviter la moindre prise de risques pour la mère et le futur bébé -, et qu’on ne leur administre pas de vaccins habituellement. Pas non plus aux femmes qui allaitent. Le Fluzone est déconseillé par la FDA, à la fois aux femmes enceintes et à celles qui allaitent. Curieusement, le RCT du Panenza dit qu’il peut être administré pendant l’allaitement. Aucune donnée chez les femmes enceintes n’est disponible avec le Fluzone non plus, et le RCP états-unien dit qu’on ne sait pas si le vaccin affecte ou non le fœtus ou « la capacité de reproduction », c’est-à-dire la fertilité.

Il n’y a pas eu d’analyse de la carcinogénicité, de la mutagenèse ou de l’impact sur la fertilité, précise le RCT du Fluzone.

Enfants

Selon le RCP repris sur le site de l’AFSSAPS, les tests évaluant la tolérance ont inclus 51 enfants de 3 à 8 ans et 52 adolescents de 9 à 17 ans.

« Des réactions locales et systémiques sont survenues dans les 7 jours suivant l’administration du vaccin. La sévérité de ces réactions allait du grade 1 (légère) au grade 2 (modérée). Ces réactions ont en général disparu spontanément dans les 1 à 3 jours après leur apparition.

« Chez les enfants de 3 à 8 ans, les réactions les plus fréquentes étaient : douleur au site d’injection, céphalées et malaise. (…) Les réactions étaient généralement plus fréquentes chez les enfants et les adolescents que chez les adultes et les personnes âgées. » A noter que les réactions suivantes, fréquentes chez les adultes, sont très fréquentes dans cette catégorie : frissons, réactions locales de type douleur, érythème au site d’injection. Ecchymoses et indurations font leur apparition parmi les e
ffets secondaires fréquents.

Chez les 61 enfants de 6 à 23 mois, on note des effets indésirables très fréquents tels que somnolence, pleurs anormaux, perte d’appétit, irritabilité, en plus de certaines réactions locales au site d’injection. Parmi les effets fréquents, outre ceux déjà vus chez les adultes, on voit aussi des vomissements.

Chez les 40 enfants de 24 à 35 mois, on constate que les douleurs musculaires (myalgies) apparaissent parmi les effets indésirables très fréquents. (Elles sont certainement présentes chez les plus petits aussi, mais ils n’ont pas les moyens de les exprimer…)

Taux de séroconversion

Il en est question à la page 7 du RCP. Le taux de séroconversion est très faible chez les enfants de 6 à 35 mois (32 à maximum 34%). Cela dit, les récriminations que j’ai pu lire ici ou là, même sous la plume de médecins, ne sont pas vraiment fondées, parce que ces résultats ne diffèrent pas dans l’ensemble de ceux observés dans les mêmes tranches d’âge après administration des vaccins contre la grippe saisonnière. C’est ce qui justifie probablement l’administration d’une deuxième dose chez les enfants de moins de 9 ans. A voir. Même si, comme on l’a dit et redit dans ces pages, déjà en parlant du Gardasil, une séroconversion et la présence d’anticorps ne veulent en rien dire que le vaccin sera efficace dans la prévention d’une contamination. Prendre ces chiffres comme une preuve de protection réelle, c’est tomber dans la spéculation, prendre ses désirs – enfin, ceux des firmes et des leaders d’opinion qu’ils paient – pour des réalités.

La question à (se) poser n’est pas celle du taux de séroconversion du Panenza tout seul chez les enfants d’une certaine tranche d’âge, mais celle sur l’efficacité des vaccins contre la grippe en général dans cette tranche d’âge. Les méta-analyses de la Cochrane Collaboration sont sceptiques quant à une telle efficacité, y compris chez les enfants asthmatiques. Les auteurs soulignent qu’il n’y a pratiquement pas d’études méthodologiquement correctes permettant une évaluation digne de ce nom.

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6 réflexions au sujet de “Double discours de Sanofi sur un vaccin antigrippe Panenza assez trouble”

  1. La CSMF dont le Dr Chassang est secrétaire général est avant tout une organisation corporatiste qui a pour seul but d’enrichir les médecins libéraux, si possible en facilitant les dépassements d’honoraires, particuliérement des spécialistes. Ce syndicat défend l’ultralibéralisme et est contre toute forme de rémunération autre que le paiement à l’acte. La CSMF se fiche de la santé publique comme de sa première paire de chaussettes . Seul le fric intéresse ce syndicat qui a toujours été un obstacle à toute autre forme de rémunération des médecins . Il n’est pas la peine d’insister pour dire que la CSMF et l’Ordre des Médecins sont quasi-fusionnels et que la participation de l’industrie pharmaceutique aux différents mailings de ce syndicat est chose banale.

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  2. … comme Bachelot a travaillé 12 ans pour l’industrie pharmaceutique
    il fallait bien qu’elle fasse un geste à ses anciens amis, dirigeants & collègues
    …qu’elle risque de retrouver quand elle n’aura plus de fonction politique !
    les media sont silencieux au sujet de sa convocation au tribunal & c tout de même une grande atteinte à l’information démocrative.
    quand à l’OMS, il ne faut rien en attendre de positif http://www.rsf.org/Lettre-ouverte-a-Margaret-Chan.html
    http://www.robindestoits.org/DISCREDIT-PUBLIC-DE-L-OMS-2007_a462.html

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  3. Bonjour, je me suis fait vaccinée avec ma fille début 2009, dans un centre de vaccination en paca. Depuis ma santé a vraiment change et je désespère de pouvoir sortir de ça. Heureusement ma fille elle n’a rien et c’est ça le principal pour moi. Tout a commence 3 jours apres le vaccin. J’ai eu une paresthésie de tout le cote gauche. Petit a petit la jambe, puis le bras, puis le visage. Les Medecins n’ont jamais voulu faire de rapprochement avec le vaccin. Depuis, et nous sommes en sep 2011, ça va ça vient, j’ai passe quelques examens de verif, irm, scanner du cerveau, electromiogramme, dopler du coup, prise de sang… Rien de plus, personne ne cherche plus vraiment, puisque les résultats d examens sont correct.
    Alors oui c’est rassurant, mais ma vie a vraiment change et je suis fatiguée de tout ça. Hypotension, palpitation de coeur, pointe, grande fatigue, paresthésie passagère des pieds au visage (toujours le cote gauche), malaise, vertige, sifflement dans les oreilles, maux de tête… Et pleins de choses que j oublie tellement….
    Je n’ai aucun traitement et ça me tombe toujours dessus sans prévenir, la nuit, en réunion, en plein repos…. Tout va bien et Dun coup bam…. Je suis au plus mal durant plus ou moins 24 a 72h… Et puis ça repars… La ça fait un mois que toutes les semaines j’ai une crise, mais avr. Cela j’ai passe quasi 3 mois sans aucun symptômes…. Ah chaque fois que ça se finis je me dis ouf allez pourvu que ça dure que ce soit derrière moi et que je n’ai jamais plus rien.. Je fais pas mal d accuponcture surtout quand j’ai beaucoup de crises d’affilée, ça me soulage pas mal les paresthésies, mais jaimerai vraiment que ça s arrete, je suis a bout de force, c’est crevant et démoralisant.

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  4. Bonjour Phoenix,
    Désolée pour toute cette souffrance. J’espère que vous vous en remettrez complètement et qu’il sera possible de trouver exactement de quoi il s’agit.
    Avez-vous pris contact avec des associations de victimes, pour voir s’il y a d’autres cas semblables au vôtre et comment faire pour être prise en charge? Comme il y a eu beaucoup de cas d’effets indésirables – je pense notamment à la narcolepsie sous Pandemrix -, il est fort possible qu’il y ait une association spécifique. Sinon, il y a des associations « généralistes » qui conseillent et aident les victimes des médicaments et vaccins, quels qu’ils soient.
    Le CADUS, par exemple: Conseil, Aide, Défense des Usagers de Santé:
    http://www.cadus.fr/
    Renseignez-vous et ne restez pas seule avec cette souffrance.
    Bon courage!
    Cordialement,
    Elena Pasca / Pharmacritique

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  5. bonjour,
    j’ai malheureusement écouté les pédiatres en faisant vacciné au panenza mon fils d’un an à l’époque de cette fumisterie.
    Dans les 10 Jours qui succèdent la vaccination, il a manifesté les premiers symptômes d’absence myoclonique…
    Nous avons consulté 2 neuropédiatres qui ne peuvent confirmer ou infirmer la causalité entre la vaccination, et les crises…
    Personne ne nous a conseillé, l’afssaps n’a pas été contacté par les services que nous avons consultés: avec ce manque de transparence, il est évident que les chiffres des réactions soient « neutres » ou orientés…
    De là à penser que des directives soient données…
    En attendant, nous avons galéré pendant 5 mois avant de pouvoir déterminer les bonnes molécules, les bons dosages.
    Mon fils a souffert pendant toute cette période, et n’a pas eu un développement normal car il subissait de plus en plus de crises. il est aujourd’hui stabilisé, mais il a un retard de motricité, et de langage équivalent à ce temps latence avant que nous ayons eu les résultats suffisants pour l’appaiser.
    Nous nous sentons vraiment abandonnés. Heureusement que les 2 neuropédiatres sont là. Pour le reste, ce n’est qu’une histoire d’argent, de manipulations, et de mépris des patients.
    Cette situation est digne d’une république bananière… si vous avez des idées de recours n’hésitez pas!
    par avance merci.
    fmail7

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