Vaccination grippe A H1N1: 6 euros par vaccin pour les généralistes britanniques, au moins 66 euros de l’heure pour les médecins français. Tarifs infirmiers négociés

Une circulaire du ministère britannique de la Santé (Department of Health) en date du 10 septembre nous donne une idée de argent santé Courrier Times.jpgl’investissement – au sens propre (financier) comme au sens figuré (pressions directes et indirectes) – des autorités pour que les médecins se fassent eux-mêmes vacciner et surtout administrent un maximum de vaccins contre la grippe A H1N1. La Grande-Bretagne n’est pas le seul pays qui prend les médecins par ce qui est le point névralgique de beaucoup d’entre eux. La France applique des « recettes » semblables, dans une transparence moindre, comme nous le verrons en lisant la circulaire qui fixe les grandes lignes de la logistique, puis un texte qui rend compte des négociations pour doubler la rémunération des médecins et des infirmiers, en plus des indemnités et exonérations des charges d’assurance déjà prévus.

Curieusement, malgré les vaches maigres de la Sécurité sociale, invoquées pour faire de nouveau les poches des malades, il y a toujours de l’argent s’agissant d’instrumentaliser des médecins consentants. Comme cela se fait déjà au moyen des CAPI (« contrat d’amélioration des pratiques individuelles », selon l’euphémisme qui sert de titre à cet achat des médecins par l’assurance-maladie). J’en profite pour dire en passant que le Conseil de l’ordre des médecins a déposé un recours en annulation auprès du Conseil d’Etat; j’espère bien qu’il aboutira. C’est un dangereux précédent, une pente glissante: l’établissement d’un cadre qui permettra de plus en plus de demander aux médecins d’agir contre les intérêts de la santé des patients, moyennant finances. Ne fermons pas les yeux sur ce qui s’avère être un conflit d’intérêts entre médecins et patients.

Image tirée de Courrier Times

Pour apprendre les nouvelles sur tout ce qui touche à l’argent dans la santé, rien de tel que de lire la presse poubelle de l’empire de Gérard Kouchner, qui possède la plupart des titres. (Voir cette note sur Pharmacritique, largement copillée et déformée dans la blogosphère).

Ces journaux ne parlent qu’argent et stratégies de profit, que ce soit directement (revenus des médecins, pas un numéro sans crier misère, il y en a pas marre ?) ou indirectement (publicités pour l’industrie pharmaceutique, conflits d’intérêts de ceux qui mélangent information et publicité, experts venus faire du lavage de cerveau, etc.).

Où sont passés les déficits de l’assurance-maladie publique ?

On se demande quand même pourquoi il n’est plus du tout question de réduction des coûts, d’économies, de trou dans le financement de l’assurance-maladie publique, dès lors qu’il s’agit de mettre en pratique cette vaccination qui n’est qu’un immense business, une affaire dans tous les sens du terme, rendue possible par le réseau tentaculaire de conflits d’intérêts entretenu par les laboratoires pharmaceutiques au niveau international (OMS) comme au niveau national, partout dans le monde. L’appât du gain fait le reste, pour beaucoup.

Négocier le meilleur prix de la trahison de la déontologie

La traduction moderne des 30 argents bibliques est : 6 euros par vaccin au Royaume-Uni et 66 euros de l’heure en France. (A noter qu’il ne s’agit que de la somme prise comme point de départ de ce côté-ci de la Manche, et qu’on ne sait rien sur les incitations de toute nature qui peuvent aller avec. Parler argent est indécent, comme on le sait. Qu’il s’agisse de s’interroger sur les CAPI, sur les dépassements d’honoraires, sur la grève de codage qui a coûté des millions à la Sécu, etc.)

La presse médicale française rend compte avec un brin de jalousie de cet accord. Car il ne faut pas s’imaginer qu’il s’agirait là d’une proposition unilatérale. Non. C’est un accord signé par des représentants des médecins et la British Medical Association avec les autorités sanitaires, et notamment avec le service public de santé (National Health Service). Résultat de négociations, c’est-à-dire rien d’imposé contre la volonté des médecins et de leurs organisations. (De façon générale, rien n’a jamais obligé un médecin de prendre l’argent des pharmas ou de l’assurance-maladie, de se laisser acheter et corrompre. Non, il s’agit toujours d’acteurs consentants. Et c’est ce qui me permet d’inclure le CAPI et d’autres exemples d’affairisme dans ce coup de gueule).

Les médecins généralistes britanniques ont donc âprement négocié pour gagner près de 6 euros par dose de vaccin administrée. C’est la meilleure approche qui soit, lorsqu’on veut instrumentaliser les médecins : une rationalisation du genre « question de santé publique », « objectif de santé publique », etc., plus les incitations financières, c’est le meilleur cocktail, puisqu’il permet de sauver les apparences tout en améliorant les finances. Pas celles publiques, mais qui s’en soucie ? Et la santé publique, on s’en fout. Pour prendre quelques chiffres français, si cela n’était pas le cas, il n’y aurait pas 95% des médecins libéraux à recevoir les visiteurs médicaux, pas non plus 25.000 euros dépensés par l’industrie pharmaceutique par an et par généraliste (voir le rapport de l’IGAS), pas non plus l’absence totale de dignité qui les fait accepter une formation médicale continue payée par les laboratoires et faire la queue pour un stylo, etc.

Curieusement, il n’y a pas eu de négociations entre médecins et autorités pour savoir si la vaccination était utile, efficace, avec un rapport bénéfices – risques et un rapport coût-efficacité favorables. Le commerce entre praticiens, financiers et politiques n’a pas non plus porté sur les caractéristiques des vaccins, sur le fait de savoir s’ils sont dangereux ou pas, assez testés ou pas, s’il faut privilégier les vaccins adjuvantés ou d’autres, au cas où la vaccination de certains groupes s’avérerait utile. Etc. Etc. Mais pourquoi négocier là-dessus, puisque les médecins auront – tout comme les laboratoires et tous les intervenants dans cette juteuse affaire – une immunité juridique garantie d’avance, quoi qu’il arrive ?

Manifestement, tout le monde ou presque veut sa part du butin.

Réactions dans la presse poubelle

Impact Médecine du mois de septembre nous informe : « Pour chaque dose de vaccin injectée, le généraliste [britannique] recevra une rémunération à hauteur de 5,25 livres sterling (5,96 euros) Une enveloppe de 570 millions d’euros est prévue à cette fin pour les 9,5 millions de personnes répertoriées dans les groupes à risque. De plus, certains indicateurs de performance pris en compte dans le cadre du dispositif de rémunération seraient revus à la baisse, pour tenir compte du temps consacré par le GP [general practitioner] à la vaccination des personnes prioritaires. La BMA [British Medical Association] s’est engagée à écrire à ses adhérents pour les inciter à la vaccination et organiser la vaccination des personnels de santé hospitaliers « éligibles et en première ligne ». »

Information relayée par le Panorama du Médecin du 21 septembre.

On rêve de voir de tels journaux poubelle informer aussi promptement de sujets non pas financiers, mais médicaux, du genre effets secondaires de tel médicament, conflits d’intérêts de tel leader d’opinion, avancées en matière de transparence dans d’autres pays, etc. Rêvons, rêvons, ça ne coûte rien. On rêve aussi de voir de telles informations débattues en public. Et qu’il y ait des mécanismes démocratiques participatifs permettant à des citoyens éclairés de se pron
oncer sur ces questions et d’être co-décisionnaires, au lieu de simplement subir.

Où est la transparence sur les CAPI ? Les médecins ont-ils expliqué à leurs patients en quoi cela consiste ? Dans le genre : Allez vous faire vacciner contre la grippe saisonnière, prenez tel médicament à la place de tel autre, etc., parce que je gagne de l’argent si tel pourcentage de mes patients fait cela ? Oui est la différence de principe, déontologiquement parlant, avec le fait de se vendre à l’industrie pharmaceutique ? Et c’est triste de voir des médecins qui se disent indépendants et critiques, défenseurs de la médecine libérale en tant que liberté de prescription face à toute influence, signer l’un après l’autre de tels contrats qui sont tout autant de sources de conflits d’intérêts. Mais manifestement, l’interprétation des conflits d’intérêts est très sélective. La revue Prescrire ne s’est pas prononcée là-dessus, le Formindep non plus. Certains de leurs membres ont signé des CAPI, alors que ces organisations disent représenter « l’intérêt de la santé des patients ». Tout en ne laissant aucune place à l' »expertise citoyenne« , défendue par la Fondation Sciences Citoyennes, dont j’ai le plaisir de faire partie.

Mais nous ne devrions plus nous étonner de ces divergences : les belles affirmations médiatiques sont une chose, la pratique en est une autre. Tout le monde disait être contre le CAPI, tous les syndicats compris. En réalité, sur 71.000 généralistes, 10.000 en ont déjà signé un. (Certains sont en secteur II, je ne sais pas s’ils ont eux aussi le droit de signer des CAPI). J’apprends par la presse poubelle – qui demande « CAPI : Pourquoi tant de haine ? » (Le Généraliste du 18 septembre), que des spécialistes en veulent un, eux aussi ! L’augmentation du forfait hospitalier et les déremboursements serviront-ils à cela ? En tout cas, Frédéric van Roekeghem, le monsieur comptable de la Sécu qui fait les poches des malades pour donner aux médecins obéissants, peut se féliciter du succès de ce contrat d’asservissement qui incite les médecins à nous regarder comme du bétail, par troupeau à « traiter » de façon identique selon l’âge et la pathologie.

Trois médecins français commentent

J’évoquais le Panorama du médecin, qui, contrairement au titre, n’est lui aussi qu’un enclos délimité par les laboratoires pharmaceutiques et les revendications majoritairement corporatistes. Il a relayé l’information sur les négociations britanniques et publié trois commentaires un peu ironiques là-dessus.

Le Dr J.-F. C. : « Nos GP d’Albion seraient-ils vénaux ? Nous-mêmes serions-nous sensibles à une telle incitation ? Ne serait-ce que pour nous vacciner, nous, petits généralistes franchouillards et par essence méfiants devant cet outil dont on ne sait pas l’innocuité à terme ».

Mais oui, mais oui, Dr C., vous êtes sensibles. Regardez les CAPI. Ils ont été appliqués d’abord dans les pays anglophones, tout comme le paiement à l’acte, arrêt de mort de la médecine de qualité. C’est le modèle théorique du « pay for performance », dont les conséquences délétères sont décrites dans cet édifiant exposé de la Dre Jacky Davis sur la privatisation du système de santé, dont la traduction française est dans cette note sur Pharmacritique.

Cela ne m’étonnerait pas que Roselyne Bachelot, désespérée de voir la grippe A H1N1 rester désespérément légère et d’apprendre qu’il y a quelques réticences, trouve elle aussi de quoi tester votre « méfiance », votre éthique, Dr C. Si la CSMF (exemple-type du syndicat focalisé sur le toujours plus d’argent) dénonce l’absence d’incitation financière comme elle a dénoncé la convention la liant à l’assurance-maladie – parce que le tarif de consultation n’a pas augmenté -, je suis sûre que notre Roselyne trouvera elle aussi 600 millions pour vous récompenser pour tant d’efforts. Après tout, n’est-elle pas allée fouiller dans nos poches pour payer le prix des CAPI ?

Voici le commentaire du Dr R.T. : « Messieurs les Anglais, vous n’allez pas vous mettre à fondre pour 6 euros devant un tribunal, ce serait un facteur aggravant ! »

Pas de soucis, Dr R.T., ils ont l’immunité juridique, et vous aussi, si ce n’est que cela qui vous retient. Mais vous avez raison, il faut demander plus de 6 euros. Comme le médecin qui répondait (sur Pharmacritique) aux commentaires sur le CAPI disant le refuser non pas parce qu’il est contraire à la déontologie, mais qu’il rapporte trop peu pour le travail que c’est.

Commentaire du Dr G.D. : « Moi, il faudrait envisager de me donner le Cs [tarif de la consultation spécialiste, codification revendiquée par les spécialistes en médecine générale] à 50 euros avant que je décide peut-être de me vacciner ! Non, je blague, je ne prendrai pas le risque de me rendre malade pour faire plaisir à Roselyne Bachelot ! »

Voilà des propos plus raisonnables. Ouf ! Même s’il faut remarquer que le Dr G.D. ne pense qu’à lui, et ne dit pas si une C à 50 euros le ferait vacciner ses patients. Ce serait une erreur de penser que les deux coïncident forcément, que la prudence concerne le traitement prescrit aux patients. On le voit avec les médecins payés par les laboratoires qui continuent à prescrire des médicaments controversés ; eh oui, ce ne sont pas eux qui trinquent. Il est bien connu que personne – médecins, laboratoires, hôpitaux – n’est responsable en France lorsqu’il y a des victimes, alors qu’est-ce qui inciterait les médecins à la prudence quant aux conséquences sur la santé des patients ?

Détails de l’accord britannique

Pour les détails de l’accord – du moins ceux qui ont été rendus publics – voir ce communiqué du Department of Health britannique : « A (H1N1) Swine Influenza: Vaccination Delivery ».

Les autorités britanniques annoncent même que les généralistes n’auront pas à remplir tous
les objectifs qu’ils doivent atteindre en temps normal pour gagner plus ; les seuils – le nombre de points à atteindre prévu par le « Quality and Outcomes Framework » (QOF) – sera baissé, pour leur permettre de s’investir plus dans la vaccination. Et de gagner plus.

Méthode sarkozyste, ô miracle, ça marche pour certaines catégories socio-professionnelles triées sur le volet, car faisant partie de l’électorat traditionnel de droite et bien représentées au Parlement… Pas étonnant que toutes les dispositions de la loi HPST (hôpital, patients, santé, territoires) qui auraient pu aller vers la réduction des inégalités socio-économiques ont été supprimées. « Dans la loi HPST, les vrais perdants, ce sont les patients », disait fort justement un article de Marianne du 6 juin 2009, intitulé « Tous perdants, sauf les (ultra)libéraux ». Qui sont-ils ? Commencez par le syndicat CSMF (Confédération des syndicats médicaux français) et son président Michel Chassang. « Grâce à des actions de lobbying soutenues, les représentants d’une médecine ultralibérale ont désamorcé les mesures contraignantes qui leurs pendaient au nez et ont obtenu le maintien de leurs avantages. » Voilà pour le côté coup de gueule spontanée, réflexe conditionné à chaque fois que j’évoque le CAPI…

Allez, retournons de l’autre côté de la Manche, à la nage, parce que, au train ou vont les choses, entre franchises, forfaits pour les consultations, forfaits hospitaliers, dépassements d’honoraires, paiement des incitations diverses versées aux médecins, etc., se payer le ferry deviendra un luxe.

Les concessions faites aux généralistes britanniques sont de taille ; on se rend compte en lisant cela à quel point le gouvernement britannique est prêt à tout pour que la vaccination soit massive : les objectifs à atteindre par les médecins ne seront pas changés en 2010/2011, ce qui veut dire aussi que l’application des nouvelles recommandations du NICE sera retardée d’une année ( !). Le NICE (National Institute for Clinical Excellence) est l’organisme d’experts qui formule les recommandations de bonne pratique qui servent de référentiel au QOF, donc aux objectifs à atteindre. Ces recommandations prennent en compte les rapports coût-efficacité et bénéfices-risques. En France, c’est la Haute autorité de Santé qui se rapproche un peu du NICE, mais sans la même qualité et scientificité, ni la même transparence.

Les indicateurs de qualité (concernant les patients, sans détails) seront eux aussi moins élevés pour les praticiens qui auront réussi à (faire) vacciner beaucoup de patients. Et ils auront un délai plus long pour vacciner les enfants – par les vaccins autres que celui contre la grippe A H1N1.

Le document souligne à quel point cet accord valorise la médecine générale, son « expérience et [son] expertise », dans ce qui est en fin de compte une application de plus du « modèle bien rôdé de l’administration de vaccins ».

Autrement dit, les généralistes sont les experts piqueurs qui mettent en place docilement le calendrier vaccinal, alors voilà une vaccination de plus à mener et la récompense pour les efforts fournis. Comme si l’administration de ces vaccins contre la grippe AH1N1 allait tout autant de soi que celle des vaccins de la petite enfance. Et comme si l’expérience avec ces divers vaccins était comparable avec l’absence de données sur les vaccins contre la grippe porcine : Focetria, Pandemrix et ceux qui viendront… C’est une façon très habile de banaliser la campagne de vaccination, et puis d’ajouter la flagornerie à l’argent pour séduire des généralistes qui devraient ainsi oublier à quel point on les instrumentalise.

Et oublier aussi comment on les traite, pour 6 euros par vaccin. Car il faut les mériter !

Aussi, « toutes les organisations dépendant du service public de santé [NHS] devront mettre en place des plans en vue de vacciner les professionnels de première ligne éligibles. » Et ce affin de les protéger eux comme leur entourage et leurs patients. (On sait avec les vaccins contre la grippe saisonnière que cela n’a pas d’effet, mais qu’importe ! On ne rigole pas avec le business de la grippe A). « Ces plans doivent aboutir à une accessibilité maximale des vaccins. Tout obstacle à la vaccination perçu comme tel doit être pris en compte et éliminé. »

C’est on ne peut plus clair.

Toutes les organisations rattachées au service public sont « responsables » du degré de participation des professionnels de santé à la campagne de vaccination, qui doit être « maximal ». Chacune doit donc élaborer « un plan garantissant [ !] qu’un maximum de professionnels de santé de premier recours accepte de se faire vacciner rapidement. Nous savons que le personnel du NHS est habituellement peu vacciné contre la grippe saisonnière. Il est de la responsabilité de la direction du NHS de faire en sorte qu’il n’en soit pas de même pour la vaccination contre la grippe A H1N1 [swine flu : grippe porcine]. » Et le ministre d’insister pour que les directeurs administratif, médical et infirmer assument « un rôle de leadership visible » dans leurs organisations respectives, pour aboutir au plus haut degré de « protection » contre une « seconde vague potentielle de grippe A ».

Tout est dans « potentiel »…

Voilà ce qu’on appelle une énorme pression. Je vois mal l’avenir – et les finances, après tout, c’est là le nerf de la guerre – des professionnels qui diraient « non » à la vaccination dans ces conditions.

Le peu de détails pour la France

Comme d’habitude, personne n’aborde en public cette question de la rémunération et des incitations financières mises en place en France. Alors il est difficile d’avoir une idée claire. Les généralistes qui seront volontaires dans les centres de vaccination recevront une rémunération d’un minimum de 3 C (C = le tarif de la consultation en secteur I), c’est-à-dire 66 euros de l’heure. C’était en tout cas la somme prise comme point de départ
dans les négociations nationales, selon le Quotidien du Médecin du 5 octobre. A cela s’ajouteront les indemnités de déplacement, ainsi que « 
la prise en charge de l’assurance en responsabilité civile professionnelle« , rendue possible par le régime de réquisition sous lequel sont placés les centres de vaccination.

Bien sûr, c’est moins que ce que gagnent les généralistes en une heure de consultation (surtout ceux qui s’arrêtent à 10 minutes, top chrono), mais c’est un tarif net, sans les charges qu’ils invoquent pour dire que les chiffres donnés dans la presse ne reflètent en rien la réalité de leurs revenus. (Ils me pardonneront de dire, en citant leur propre presse selon leurs propres déclarations, que ces revenus sont en hausse constante depuis 4 années, se chiffrant en 2008 à 76.000 euros par généraliste (selon le journal Le Généraliste du 4 septembre 2009). 10.000 généralistes ont déjà signé un CAPI, ce qui veut dire un minimum de 5.000 euros de plus par an.

Les généralistes français « ne seront pas des piqueurs », comme le disait l’un de ces journaux, ils superviseront et seront là pour juger des éventuelles contre-indications, intervenir en cas d’effets secondaires (immédiats), etc. Ils seront volontaires, mais selon un volontariat un peu particulier : « sous le régime de la réquisition », qui leur permet d’avoir une immunité juridique assortie d’un régime « spécial » de rémunération. Sans détail, toujours pour ménager les âmes sensibles. Cela ne regarde pas les usagers, de toute façon. Nous sommes notoirement incapables de nous exprimer en matière de santé et de tout ce qui touche même indirectement à la médecine. (Si, si, on me l’a dit directement). Par contre, on nous fait confiance pour payer.

Les grandes lignes de la logistique des centres de vaccination français sont exposées dans cette circulaire du 21 août 2009, que le ministère de l’Intérieur et le ministère de la Santé adressent aux préfets et aux agences régionales d’hospitalisation : « Planification logistique d’une campagne de vaccination contre le nouveau virus A(H1N1) ».

« Il sera recherché en priorité des volontaires pour occuper les postes qui composent les équipes de vaccination. A cet effet, il importe de lancer dès maintenant un appel à candidatures, notamment envers les professionnels libéraux, afin de mobiliser les effectifs utiles.

La réquisition apportera, le moment venu, le formalisme nécessaire à la couverture et à la rémunération et, le cas échéant, sera I’instrument d’une mobilisation complémentaire.

Les professionnels de santé mobilisés pour la campagne de vaccination le seront, au plan juridique, sous le régime de la réquisition par arrêté préfectoral motivé. Dans le cadre des plans blancs élargis, ces réquisitions se fondent sur I’article L.3131-8 du code de la santé publique. La réquisition permettra d’apporter aux professionnels concernés une couverture juridique renforcée.

La rémunération des professionnels libéraux et des centres de santé, qui sont habituellement payés à I’acte et pris en charge par l’Assurance maladie, sera assurée. Elle fera l’objet d’une concertation avec les syndicats et fédérations concernés à la fin du mois d’août et sera opérationnelle avant le lancement des opérations de vaccination. »

D’autres détails sur la rémunération des généralistes français

Tous les syndicats ne sont pas d’accord avec les 66 euros (3C).

MG-France a réclamé 5C, soit 110 euros de l’heure.

Union généraliste voudrait 8C, soit 176 euros de l’heure, dans des conditions d’organisation différente de la campagne de vaccination. Voici une dépêche de l’AMP, reprise sur le site Infirmiers.com:

« Pour le Dr Jean-Paul Hamon, coprésident d’Union généraliste joint lundi par l’APM, le montant proposé par le ministère est « notoirement insuffisant ». Il regrette que le gouvernement n’ait pas choisi d’impliquer davantage les médecins libéraux, en organisant la convocation des patients de chaque médecin traitant par l’assurance maladie, qui en connaît la liste, dans les cabinets de généralistes qui auraient ensuite pu vacciner en masse, avec le concours des infirmiers libéraux, et compléter le dossier du patient.

Une telle organisation supposait selon lui une rémunération à 8C de l’heure incluant un forfait pour un secrétariat réservé à l’opération de vaccination au sein du cabinet, et aurait eu le mérite de « démontrer que les médecins libéraux sont capables de répondre aux urgences sanitaires ».

Négociations sur la rémunération des infirmiers

Les tarifs proposés par l’Etat et leur contestation par des contre-propositions sont exposés sur cette page du site déjà cité, Infirmiers.com.

« Les syndicats d’infirmiers et de médecins libéraux ont été réunis vendredi par la Direction de la sécurité sociale (DSS), la Direction générale de la santé (DGS) et la Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (Dhos) afin de discuter d’un projet d’arrêté fixant le montant de l’indemnisation forfaitaire prévue dans le cadre de la réquisition pour la vaccination antigrippale.

Le texte proposait d’indemniser les infirmiers libéraux à hauteur de six AMI (3,15 euros) de l’heure, soit 18,90 euros (…).

Annick Touba, présidente du Syndicat
national des infirmiers et infirmières libéraux
(Sniil), a réclamé l’équivalent de 12 AMI (37,80 euros), rappelant que la circulaire relative à la campagne de vaccination prévoyait que les infirmières effectuent 30 vaccinations par heure.

« Il n’est pas question de faire fortune grâce à une campagne de santé publique, mais il n’y a pas de raison que l’on soit exploité », a expliqué Annick Touba, soulignant qu’il n’était pas normal que l’Etat prévoit d’indemniser à hauteur de six AMI, soit « six piqûres », une heure durant laquelle les infirmières pratiqueraient 30 vaccinations. Le montant figurant dans l’arrêté définitif pourrait donc être revu à la hausse, a-t-elle conclu, affirmant que le directeur de la DSS paraissait « étonné » de la faiblesse du montant prévu dans le projet de texte.

Joint lundi par APM, le président de Convergence infirmière, Marcel Affergan, a expliqué qu’il avait plaidé lui aussi pour un doublement du tarif proposé (…).  Il a jugé « indécent » la différence d’indemnisation proposée aux médecins et aux infirmiers.

Le président de l’Organisation nationale des syndicats d’infirmiers libéraux (Onsil), Jean-Michel Elvira (…) a indiqué qu’il n’était « pas du tout satisfait » du montant proposé, rappelant que, pour la vaccination contre la grippe saisonnière, les infirmiers étaient indemnisés deux AMI, soit 6,30 euros.

De son côté, Philippe Tisserand, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI), a proposé une « équité des traitements » pour l’ensemble des professionnels de santé, jugeant l’indemnisation proposée aux infirmiers insuffisante. »

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8 réflexions au sujet de “Vaccination grippe A H1N1: 6 euros par vaccin pour les généralistes britanniques, au moins 66 euros de l’heure pour les médecins français. Tarifs infirmiers négociés”

  1. en tant que médecin généraliste je me sens un peu visé par ce billet
    je n’adhére pas au CAPI
    je ne reçois pas les visiteurs médicaux depuis 15 ans
    j’informe mes patients sur le mauvais rapport bénéfice risques du vaccin grippe A et je ne suis pas volontaire pour les centres de vaccination
    Mais je ne suis pas choqué par l’indemnisation de 3 C de l’heure pour les volontaires ( je suis meme un peu surpris quand on parle de tarif net : tout revenu entraine le paiement proportionnel de charges URSSAF , retraite,…)
    Par contre je doute qu’ils informent objectivement sur les incertitudes concernant la vaccination d’autant que les personnes qui feront l’effort de se rendre dans les centres sont convaincus par le caractère protecteur de la vaccination

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  2. j’ai entendu un autre argument de la part d’un infectiologue de Grenoble pour la vaccination dans un registre altruiste
    la grippe est bénigne pour le s personnes en bonne santé mais pas pour les grands malades donc il faut se vacciner (en particulier les professionnels de santé ) non pas pour se protéger mais pour pour protéger les autres.
    je suis choqué comme vous par l’expérimentation grandeur nature qui se prépare mais heureusement les patients sont extrêmement méfiants vis à vis de cette campagne et il y a de grandes chances qu’elle ait peu de succès
    Par contre je ne partage pas et je suis meme « choqué » par votre vision des médecins « épiciers » « charlatans » n’ayant aucune éthique , prêts à se vendre pour 66 euros car ce type de comportement est tres marginal dans notre profession
    il ne faut pas oublier qu’i y a une partie non négligeable des médecins qui sont convaincus de l’intérêt de vaccination anti grippe A ,anti HPV ,… parce que c’est un dogme hérité de la tradition pasteurienne …et que les « experts » et l’AFSSAPS CPV HSCP ont dit qu’il fallait le faire
    Pour eux il n’y a pas de conflit éthique à participer à la campagne de vaccination

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  3. Depuis le début de la campagne de vaccination, de nombreux médecins généralistes réclamaient de pouvoir vacciner leurs patients dans leur cabinet, droit jusque-là refusé par le ministère de la Santé. Pour les différentes organisations, il était important d’intégrer les médecins traitants dans la campagne de vaccination afin de pouvoir rassurer, conseiller, et vacciner en toute connaissance le patient

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  4. à CMT et à l’auteur inconnu de ce papier non signé…
    Quelques rappels de base : les vaccins actuellement utilisés en France ont été
    développé depuis 2005 suite à la grippe H5N1 et ils ont obtenu l’AMM en 2008.
    Voilà pour la « précipitation ». Aucun médicament ne peut être disponible sans
    obtenir une AMM en France.
    La consultation d’un médecin généraliste est cotée à 100 E aux Etats Unis et en
    Grande Bretagne, à 70 E en Allemagne et à 22 E en France pays dans lequels
    nous sommes imposés à 50%.
    Je propose que les médecins soient rémunérés comme les infirmiers ou bien
    même qu’ils travaillent gratuitement voir qu’il n’ y en ait plus puisqu’ils ne
    servent à rien et jouent aux cartes pendant 9 ans de formation…
    C’est vrai que si l’ on compare la santé de la population française à celle d’ un pays dénué de nos moyens et de nos médecins on remarque assurément que notre médecine est inutile et même dangereuse. Dois je rappeller que l’espérance de vie était de 34 ans au Mozambique en 2003. C’est pas vieux, non ?
    Enfin, lorsque que l’on est médecin et que les professeurs d’infectiologie, l’OMS la haute autorité de santé publique recommande la vaccination, il est assurément non déontologique de le faire et de ne pas penser au COMPLOT contre l’argent publique et les citoyens. C’est évident voyons, les laboratoires avec la complicité des pouvoirs publiques décident d’ empoisonner la population à grande échelle pour gagner de l’argent !!!
    La prochaine fois que je suis malade je cours chercher un marabout sait on jamais, mourir d’un coup jeune ça évite de lire des âneries.

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  5. Déclaration pour CMT :
    Je ne plains de rien et j’aime mon métier alors gardez pour vous votre sarcasme sur les revenus, vieille rengaine. La pauvreté je la cotoie tous les jours dans mon métier ainsi que les inégalités. Je gagne ma vie honnêtement bien loin de 15000 E/mois et ne vous en déplaise j’en ai même pas honte…
    Je ne compte pas mes heures et je paie des impôts qui servent à payer retraite RMI CMU etc. La mienne devrait s’élever à 700 E/mois si je pars à 68 ans.
    Je pense que les antibiotiques et des anticoagulants sont des découvertes de cette médecine hypertechnicienne mais aussi qu’ils sauvent des vies, j’en ai l’expérience, encore dans mon métier. Belle cerise non ?
    Il se trouve que je suis un peu documentée sur mes propos, par contre j’aimerai connaitre par exemple ce que vous savez d’une Autorisation de Mise sur le Marché pour l’appeler SIGLE : vous pensez qu’il s’agit d’un surnom peut être,non, c’est vrai, d’ une étiquette qui cache plein de réalités ??!!!
    J’ aime beaucoup aussi niveau de vie sens large, ça comprend l’hygiène et les
    antiseptiques ou c’est déjà trop technique ?
    Je suis tout comme Docppmg très irritée par vos insultes de charlatanisme, de malhonnêteté et de décrépitude morale ça doit me rendre très déclarative . En fait, j’en ai marre que des ignorants nous prennent pour des buses. C’est bien de réfléchir et d’écrire, encore faut il avoir juste un minimum de connaissances avant.
    Dernière déclaration : l’OMS est peut être neutre, l’AMM n’est pas un sigle comme SDF il s’agit d’un plan d’étude en 3 phase d’un médicament qui comprends des recherche en laboratoire avec des tests de toxicité notamment puis des essais cliniques dans des situations les plus défavorable au médicament que le labo doit présenter devant une commission afin que celle ci statue sur son intérêt et donc sa distribution à grande échelle. Enfin la recherche, la médecine a un coût tout comme l’alimentation.

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  6. A propos de l’AMM, quelques mots vite fait:
    On a vu à quel point on peut s’y fier lorsque Jean Marimbert, directeur de l’AFSSAPS, a déclaré que l’agence – dont dépend la commission d’autorisation de mise sur le marché – allait autoriser vers telle ou telle date le Panenza… Juste un exemple concret de la médecine façon Madame Soleil, où non seulement les politiques (R. Bachelot, etc.), mais aussi les agences de sécurité sanitaires peuvent dire avant même d’évaluer un vaccin (ou médicament) que celui-ci aura l’autorisation et à quelle date.
    L’idée que l’AMM pourrait être refusée ne leur a même pas traversé l’esprit, à nos décideurs politico-sanitaires. Pas très scientifique, cette médecine, en fin de compte, non?
    On a les deux extrêmes, qui se touchent dans leur volonté de tordre la réalité pour qu’elle se conforme à ce leurs tenants veulent y mettre. J’ai dénoncé ces deux positions dans cet article:
    http://pharmacritique.20minutes-blogs.fr/archive/2009/12/07/grippe-a-h1n1-valse-des-morts-pour-attiser-les-peurs-dialect.html
    Et puis, ça fait un moment que je n’ai pas regardé le site de l’AFSSAPS, avec les déclarations publiques d’intérêt des membres de la Commission AMM, aussi fragmentaires et non vérifiées soient-elles, mais je doute que les choses aient changé entre-temps.
    Les conflits d’intérêts pullulent.
    Alors au vu de ces influences auxquelles sont soumis (se soumettent volontairement) nos experts comme au vu de l’histoire pleine d’exemples de médicaments défectueux, prendre l’AMM pour une garantie de qualité et de sécurité, c’est prendre ses désirs pour des réalités.
    Acomplia a été autorisé en France, pas aux Etats-Unis, par exemple. Même si elle est loin d’être parfaite ou exempte d’influences, la FDA semble plus pointilleuse que l’AFSSAPS en matière d’AMM, et surtout beaucoup plus transparente.
    la Commission d’AMM de l’AFSSAPS pourrait commencer par suivre l’exemple. Elle pourrait éliminer les conflits d’intérêts de ces experts. (Ou, ce qui serait plus réaliste, exclure les experts qui en ont). Ce serait un bon début, et ce serait, pour nous, usagers, l’ombre du début du commencement d’un signe que ces experts-là méritent qu’on leur fasse confiance. (Je parle d’eux, pas des employés des firmes pharmaceutiques, qui sont et resteront des VRP).
    Autrement, avec des essais cliniques qui ne sont même pas tous enregistrés, dont les protocoles (critères de jugement, etc.) changent en cours de route afin d’éviter les résultats négatifs, qui sont
    financés exclusivement par les laboratoires,
    menés par des sociétés de recherche sous contrat dont les seuls clients sont les firmes,
    écrits par des ghostwriters et autres auteurs « honoraires » qui n’ont pas eu accès aux donnés ainsi que par des sociétés de rédaction médicale
    publiés uniquement si les résultats sont favorables ou peuvent être embellis par les divers « auteurs fantôme » et spécialistes en marketing
    publiés sans que le détail des conflits d’intérêts soit connu
    distribués aux médecins par des revues fantôme ou au moyen de la presse publicitaire qui les présente comme des révolutions
    etc.
    Avec ces essais-là, avec cette commission d’AMM-là, avec ce système d’évaluation et d’expertise-là, c’est la méfiance qui doit être le premier réflexe.
    Après, si des études multiples conduites selon une méthodologie correcte (essais randomisés contrôlés en double aveugle), à une échelle et sur une durée satisfaisantes, respectant le protocole initial, arrivent à prouver que tel médicament apporte un bénéfice clinique (et non seulement un effet statistique) intéressant et améliore le service médical rendu, eh bien, tant mieux! Là, je dirai bravo! Et en redemanderai!
    Autrement, je renvoie à l’essai de Marcia ANGELL, que j’ai traduit dans ces pages, et qui brosse un tableau très différent:
    « Marcia Angell dénonce la manipulation de la recherche clinique et le contrôle de l’information médicale par les firmes. A lire et à diffuser ! »
    http://pharmacritique.20minutes-blogs.fr/archive/2008/09/18/marcia-angell-denonce-la-manipulation-de-la-recherche-cliniq.html
    Bien à vous,
    Elena / Pharmacritique

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  7. Merci pour vos renseignements sur les procedures d’AMM. Quand à ma couleur, je défends une médecine de qualité fondée sur des preuves (Evidence Based Medecin).Ces preuves je les recherche dans la littérature scientifique et médicale publiée dans des revues comme Nature, Circulation, Gut pour les revues anglophones, gynécologie obstétrique et fertilité. la revue du praticien (la blanche) pour les revues françaises. J’ai appris comme on le fait maintenant à critiquer les études présentées dans cette littérature. J’essaie donc de faire mon métier le mieux possible comme la plupart des médecins. Ce métier est passionnant de la théorie à la pratique. Je suis consciente des dérives pouvant être induite par le payement à l’acte. Mais je préfère prendre le temps qu’il faut avec mes patients de peur de faire une erreur et pour travailler dans des conditions acceptables. Je me laisse le temps d’examiner les patients et de réfléchir comme encore beaucoup de mes confrères. Je pense que les nouveaux antiémétiques ont changé la vie des patients en chimiothérapie et les biothérapies anti-cancéreuses sont en passe de modifier le pronostic de certains cancer, ils ne datent pas d’un demi siècle. Par contre la recherche fait cruellement défaut en France, son budjet dérisoire fait qu’elle ne peut se passer des financements privés et mon problème pour soigner les patient est là. Nous avons besoin d’études avec une méthodologie correcte pour évaluer quels soins apporter aux patients et je rejoins en cela le point de vue d’Elena. Que pensez vous des publications de l’ HAS ou ANAES ?

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