Leçons du livre « Le système des inégalités »: une société structurée par ses divisions et ses hiérarchies socio-économiques

Alain Bihr et Roland Pfefferkorn. Le système des inégalités, Ed. La Découverte (collection Repères), 2008, 128 pages, 8,50 euros.  1936865541.gif

Une analyse systémique des inégalités qui permet de montrer qu’elles ne sont pas des épiphénomènes, mais résultent des structures portantes de la société française, qu’elles contribuent à reproduire. L’analyse met en évidence à quel point une inégalité entraîne l’autre, qu’elles sont non seulement cumulatives, mais se renforcent, se potentialisent mutuellement. Et se reproduisent de génération en génération. De quoi ouvrir les yeux de ceux qui pensent en termes de « tissu social », comme si la trame avait jamais existé ailleurs que dans l’idéologie. Rappelons que Pierre Bourdieu n’avait pas cessé de dénoncer les écrans de fumée. Il a été soit attaqué soit snobé pour avoir osé douter de l’ascenseur social et parler en termes de classe et de reproduction…

Je me demande bien ce que peuvent avoir en commun le patron de multinationale et la caissière ou l’ouvrier auxquels le principe de productivité/rentabilité/compétitivité interdisent la pause pipi. Cette interdiction étant le dernier cri en termes de « gestion » des « ressources » humaines, applaudi d’ailleurs par l’industrie pharmaceutique: le lean management dont nous avons parlé dans cette note. D’autres dimensions de la même problématique dans la note « La fonction sociale de la pauvreté et du chômage dans le néolibéralisme. Conseils de lecture« .

Voici un extrait du Système des inégalités. Quelques autres sont acessibles sur le site de l’Observatoire des inégalités, qui contient d’autres textes pertinents.

« En définitive, la représentation de la société française qu’autorisent les résultats de notre analyse du système des inégalités est bien celle d’une société à la fois segmentée, hiérarchisée et conflictuelle. Les divisions, inégalités et conflits qui la traversent opposent non pas des individus en tant que tels mais bien des groupements d’individus partageant précisément une commune position (à la fois objective et subjective) dans la société. Cette position commande leurs possibilités (inégales) de s’approprier, ou pas, avoir, pouvoir et savoir, conduisant à une accumulation d’avantages à un pôle et une accumulation de handicaps à l’autre pôle, processus sur la base desquels ces différents groupes entrent en lutte les uns contre les autres en s’organisant (plus ou moins) à cette fin. Dans ces conditions, les concepts de classes, de rapports de classes et de luttes des classes nous paraissent conserver toute leur pertinence pour l’explication et la compréhension de la persistance des phénomènes de segmentation, de hiérarchisation et de conflictualité au sein de la société française actuelle, comme plus largement dans l’ensemble des sociétés contemporaines. »

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