Le mythe du « trou de la Sécu », par Julien Duval. Ed. Raisons d’agir 2007, 6 euros.
Présentation par l’éditeur : « A en croire les médias et les débats politiques, la Sécurité sociale serait menacée de faillite par un déficit abyssal. Pour faire face à l’augmentation des dépenses et au vieillissement de la population, notre système de protection sociale, créé en 1945 pour donner « ta garantie à chaque homme qu’en toutes circonstances il pourra assurer sa subsistance et celle de personnes à sa charge », serait condamné à se «réformer» sans cesse : déremboursements, réduction des prestations, hausse des cotisations, voire privatisation. Chercheur au CNRS, Julien Duval renverse les termes du problème : il n’y a pas de « déficit de la Sécu » mais « un besoin de financement » que les gouvernements successifs ont décidé de ne pas satisfaire en multipliant depuis 1993 les exonérations de charges sociales. En effet, l’affaiblissement de la protection sociale découle non pas d’arbitrages techniques mais d’un choix politique : le transfert généralisé des « risques » du capital vers le travail. »
Suivent deux décryptages:
L’analyse de Rue89 : « Trou de la Sécu: est-ce si grave, docteur? Les cris d’alarme autour des 12 milliards de déficit ne sont pas sans arrière-pensées idéologiques. Décryptage. »
Le compte-rendu du livre par Martine Bulard, dans le Monde diplomatique (octobre 2007):
« L’auteur, qui ne nie pas les besoins de financement de la protection sociale, pointe l’utilisation du déficit pour faire accepter des restrictions de prestations. Dans une démonstration sans appel, il aligne les petites phrases des dirigeants politiques, patronaux, des journalistes, experts, sur les « déficits inacceptables », et autres réformes nécessaires car « l’immobilisme tue le système de répartition »…
Julien Duval rappelle le point de départ de cette campagne. Rapports de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international, etc. : pas de chef d’orchestre mais une même volonté de réduire la rémunération du travail. Car les cotisations sociales, payées par les employeurs comme par les travailleurs, ne sont rien d’autre qu’une part de salaire, mutualisée afin que chacun puisse faire face aux aléas de la vie (maladie, vieillesse…). C’est cette mise en commun que les pouvoirs veulent casser. Si ce qui ne va pas au travail va au capital, il devient possible de faire de l’argent sur la maladie (les compagnies d’assurances), sur la retraite (les fonds de pension). Mais les raisons sont aussi idéologiques : briser les solidarités dans l’entreprise comme dans la société oblige chacun à se protéger comme il peut… selon ses moyens. Un tel décryptage aide à comprendre le projet de M. Nicolas Sarkozy d’instaurer une franchise supplémentaire lors du remboursement des soins. »
Mise à jour
Vous pouvez lire des extraits du livre de Julien Duval sur cette page.
Voir aussi les autres notes réunies sous les catégories « Privatisation de la santé« , « Protection sociale en danger » et « L’hôpital public tué par les marchands« .