Un superviseur d’Avandia recasé dans l’humanitaire et la pharmacovigilance ou L’ubiquité des conflits d’intérêts

De la nouvelle loi sur la sécurité sanitaire aux USA à Avandia et aux vaccins… ou comment tout se tient…

Un dirigeant de GSK impliqué dans le scandale Avandia (voir les notes à ce sujet, sous la catégorie « Diabète, insuline, Avandia, Actos, Lantus… ») en quête de nouveaux marchés et moyens d’influence?

Bush aura rendu service jusqu’au bout à ses copains industriels… Fin septembre a été votée aux Etats-Unis une nouvelle loi sur les attributions de la FDA (Agence américaine de sécurité sanitaire). Elle facilite l’emprise financière de l’industrie pharmaceutique sur la FDA, à travers la taxe que les laboratoires paient pour voir leurs médicaments examinés rapidement en vue d’une homologation (obtention d’une autorisation de mise sur le marché ou AMM). C’est une forme de conflits d’intérêts et un moyen d’influence, puisque le contrôlé paie le contrôleur et que plus l’agence du médicament autorise de nouvelles molécules, plus elle gagne d’argent. Il en va de même de l’homologue française de la FDA: l’AFSSAPS (sécurité des produits de santé). La fondation indépendante Public Citizen en livre une excellente analyse:

http://www.autodealerscam.org/pressroom/release.cfm?ID=12…

La loi donne de nouvelles prérogatives de pharmacovigilance à la FDA, tout en restant dans le flou artistique quant aux modalités concrètes. Et quand on veut noyer le poisson, on forme une commission de « réflexion », telle la Commission Reagan-Udall aux Etats-Unis, dont certains membres ont déjà défrayé la chronique par leurs liens financiers avec l’industrie pharmaceutique.

Tadataka YAMADA était le chef du département GSK qui supervisait l’essai clinique de la rosiglitazone (Avandia) du temps où la firme faisait pression sur le Dr John Buse, spécialiste du diabète, conseiller de GSK et investigateur principal de ce médicament (cf. les notes précédentes). Les méthodes de ce dirigeant de GSK sont détaillées aussi dans le rapport sénatorial américain sur le scandale Avandia.

The Intimidation of Dr. John Buse and the Diabetes Drug Avandia http://finance.senate.gov/press/Bpress/2007press/prb11150…

*

Eh bien, compte tenu de son « expérience », Tadataka Yamada a été nommé dans la Commission Reagan-Udall, créée par la nouvelle loi pour « réfléchir » à de nouvelles méthodes que la FDA pourrait appliquer afin de concilier science, efficacité et … profil de sécurité ( !) des médicaments et dispositifs médicaux. Selon le blog PharmaLot – excellente source d’information médicale indépendante -, cela équivaut à nommer le renard gardien du poulailler…

http://www.pharmalot.com/2007/11/foxes-enter-fda-foundations-chicken-coop/

Voici donc un gros bonnet débordant de conflits d’intérêts (et autres allégeances) chargé de décider comment les autorités sanitaires publiques doivent évaluer le rapport bénéfice – risque des médicaments… S’il généralise sa méthode – museler les scientifiques qui attirent l’attention sur les risques, tels le Dr Buse avec Avandia – il est possible que les notices des médicaments ne comportent plus de paragraphe « effets secondaires »… On pourra toujours dire que ça évite les angoisse des patients…

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Cerise sur le gâteau, Yamada est passé récemment de GSK à la Fondation Bill et Melinda Gates, où il est chargé de questions de santé… humanitaire ( !). La fondation pensait se servir de son carnet d’adresses, par exemple pour convaincre la firme GSK de développer un vaccin contre la malaria…

Bel exemple de la perversion qu’entraînent les conflits d’intérêts et les vassalités de toute sorte. L’humanitaire va créer un marché pour un vaccin et d’autres médicaments, la charité va amener des cobayes pour des essais cliniques Le laboratoire GSK a déjà de l’expérience dans l’instrumentalisation du tiers monde à des fins de profits (cf. les deux vidéos citées dans la note sur Avandia, Deroxat, GSK,
et plus généralement les notes de la catégorie « Nord-Sud: cobayes, corruption, humanitaire… »).

Quant aux vaccins, nul doute que la position de Tadakata Yamada au sein de la FDA aidera GSK à faire homologuer le Cervarix. Ce vaccin produit par GSK et censé protéger contre le cancer du col de l’utérus – en fait contre deux souches de papillomavirus (HPV 16 et 18) – a été recalé pour le moment par la FDA. Mais autorisé très rapidement en Europe… Sans doute parce qu’il y a des humanitaires tels Monsieur Yamada bien placés dans les commissions européennes « compétentes »…

On avait vu l’humanitaire servir des fins militaires, on le voit servir des fins industrielles et des fins « d’image » de Microsoft. Dans tous les cas, c’est l’argent qui parle et qui ne laisse plus rien d’humain là-dedans.

Quant à la FDA, on pourrait dire qu’un conflit d’intérêts de plus ou de moins… Tant que l’administration Bush est là et que les républicains (droite américaine) gardent des moyens suffisants pour garantir les intérêts des firmes, la situation n’a aucune chance de s’améliorer.

Toute analogie avec la France est justifiée, en pire, même, puisque nous n’avons aucun moyen législatif et juridique qui permettrait d’agir et de résister ! Et que nos journalistes comme nos hommes politiques ont d’autres… intérêts !

Elena Pasca

Copyright Pharmacritique

Mise à jour:

vous pouvez accéder à toutes les notes sur Avandia, Actos et les autres glitazones, Competact et les autres médicaments utilisés dans le traitement du diabète (Lantus…) à partir de cette page (descendre sur la page pour un accès aux articles, du plus récent au plus ancien).

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