Juan Gervás, co-fondateur du mouvement espagnol de résistance au Gardasil, expose les raisons des médecins généralistes de rejeter le vaccin

Le texte original: La vacuna contra el virus del papiloma humano desde el punto de vista de la atención primaria en España (« Le vaccin contre 1571640652.jpgle papillomavirus humain du point de vue de la médecine générale d’Espagne »). Par Juan Gervás, Equipo CESCA, Madrid.

L’exposé fait 8 pages, alors nous avons choisi et traduit les extraits les plus importants, laissant de côté les aspects connus, que nous avions déjà exposés dans d’autres notes. Le texte est très bien documenté et vaut le détour!

Et voici le lien vers la note parlant de la pétition et de la demande de moratoire, lancées avec Carlos Alvarez-Dardet et d’autres. Et le lien direct vers le texte espagnol de la pétition, signée par plus de 5.000 personnes : Razones para una moratoria en la aplicación de la vacuna del virus del papiloma humano en España.

A lire aussi les protestations italiennes, canadiennes, allemandes, suisses, anglophones, ainsi que les articles et éditoriaux de plusieurs revues médicales étrangères dans les notes réunies sous la catégorie Gardasil: très critiqué à l’étranger. Et puis les notes sur les multiples conflits d’intérêts du Gardasil et du Cervarix.

Extraits traduits de l’exposé de Juan Gervás:

« (…) L’infection

Les papillomavirus humains se transmettent lors des rapports sexuels par contact (et non par fluides sexuels). L’usage du préservatif diminue la contamination sexuelle, mais ne l’élimine pas. Certains types de papillomavirus humains ont des propriétés oncogéniques, provoquent une mitose incontrôlée, dysplasie, carcinome in situ et cancer du col de l’utérus. Le virus est une cause nécessaire, mais non suffisante. Ensemble, la pauvreté, le tabagisme et d’autres facteurs inconnus sont les facteurs permettant le développement de la maladie. Les femmes sont contaminées au début de leurs rapports sexuels par voie génitale, mais dans la majorité des cas, l’infection est éliminée spontanément, par des moyens naturels. Seule importe l’infection qui se maintient plus de deux décennies. L’infection permanente est lente, dix ans peuvent passer avant qu’elle ne produise des lésions précancéreuses et encore dix ans avant qu’elle ne mène à des carcinomes in situ.

On dit que 70% des femmes sexuellement actives contracteront une infection par HPV au long de leur vie et que 1% d’entre elles développeront un carcinome in situ, mais ces calculs insinueraient une incidence massive de carcinome in situ, qui n’existe pas et que l’on ne constate que dans le pays avec le taux d’infection le plus élevé au monde, Haïti – et ce n’est pas une coïncidence s’il s’agit en même temps du pays le plus pauvre au monde. L’Espagne fait partie des pays du monde ayant une prévalence mineure d’infection, autour de 3% chez les femmes de plus de 30 ans. Ce taux est bien supérieur chez les prostituées, les détenues et les femmes souffrant de SIDA.

L’étendue du problème

En Espagne, il y a autour de 2.000 cas de cancer du col de l’utérus par an, qui fait autour de 600 morts. Ce qui veut dire que 99,7% des femmes qui meurent en Espagne ne meurent pas à cause d’un cancer du col de l’utérus. En Espagne, la mortalité annuelle est de 2 femmes pour 100.000. Il y a une grande variabilité entre les communautés autonomes, avec une incidence majeure dans les régions côtières et insulaires touristiques, peut-être à cause de la plus grande promiscuité associée au tourisme. La mortalité par cancer du col de l’utérus a diminuée en Espagne de 0,7% annuels entre 1986 et 2000. Mais celle des femmes entre 20 et 39 ans a augmenté. En Espagne, l’âge moyen de diagnostic d’un cancer du col de l’utérus est de 48 ans. L’âge moyen de décès est de 60 ans. La survie à cinq ans est de 69%.

La prévention secondaire

(…) En Espagne, l’examen le plus populaire est la cytologie, et 75% des femmes s’y soumettent une fois tous les trois ans. Elle est appliquée en excès – ce qui n’est pas sans danger si l’on pense surtout aux faux positifs – et à des femmes qui en ont le moins besoin (celles qui sont en bonne santé, jeunes, cultivées, riches, citadines). 80% des 600 femmes qui décèdent annuellement d’un cancer du col de l’utérus n’ont pas suivi ce programme de dépistage.

La classification des résultats cytologiques sème une grande confusion parmi les femmes et les médecins généralistes /médecins de famille. La dysplasie de bas grade, CIN 1 [néoplasie cervicale intraépithéliale 1] (…) n’a aucune signification, elle n’est pas pathologique, mais une variante anatomique de la normale. (…) La dysplasie modérée ou CIN 2 guérit spontanément dans jusqu’à 40% des cas. (…) [La revue allemande Arznei-Telegramm – équivalent allemand de Prescrire (en mieux) –  est arrivée à la même conclusion en faisant une analyse poussée des résultats des deux essais cliniques de phase III, que nous avons traduit dans cette note: Gardasil. La revue Arznei-Telegramm critique le vaccin: efficacité modeste, données incomplètes, désinformation… (juin 2007)].]

Le vaccin

Le vaccin contre le papillomavirus humain existe actuellement sous deux formes : tétravalente (contre le carcinome et contre les verrues génitales) et bivalente (contre le carcinome). Dans les deux cas, la vaccination se fait contre deux (2) des quinze (15) virus à haut risque oncogène. Il s’agit des deux types, 16 et 18, que l’on associe à 70% des carcinomes.

Le vaccin est « prophylactique » et non « thérapeutique ». La vaccination se fait contre les capsides et non contre les protéines oncogéniques. L’immunité cellulaire (qui permet d’éliminer les cellules infectées) n’est pas modifiée, seuls des anticorps sont produits, pour éliminer les virus. (…) Le vaccin est administré par voie intramusculaire, une forme étonnante de présenter des antigènes dans une infection qui se contracte par contact. (…)

Nous ne connaissons pas la corrélation entre le taux d’anticorps sanguins et l’efficacité du vaccin. Par conséquent, nous ignorons le résultat du binôme séroconversion – protection.

L’efficacité du vaccin a été démontrée…

  • a) par des résultats intermédiaires, non définitifs (diminution des dysplasies et non des cancers du col de l’utérus ni des morts dues à ce dernier)
  • b) par des résultats qui ne font pas la distinction entre CIN 2 [dysplasie de grade moyen] et CIN 3 [dysplasie de haut grade]
  • c) dans des groupes soumis à une sélection étroite dans les essais cliniques et
  • d) chez des jeunes femmes de 16 à 26 ans.

Son efficacité n’a pas été démontrée dans le groupe de population auquel on propose la vaccination, à savoir des fillettes de 9 à 12 ans. Dans ce groupe, seule la capacité immunogénique (production d’anticorps sanguins) a été démontrée.

Son efficacité n’a pas été démontrée chez les garçons. Son inefficacité a été démontrée chez des femmes ayant déjà eu des rapports sexuels.

Il n’y a pas de données relatives à son efficacité dans la pratique, dans la population générale. L’efficacité a été démontrée pour une durée de cinq ans. La fiche technique du Ministère de la santé parle de quatre ans et demi. Or on nous en parle comme si l’efficacité était acquise pour la vie.

Les calculs mathématiques portant sur le rapport coût – effectivité et faits au Canada, pays ayant un taux d’infection trois fois plus important que l’Espagne, sont arrivés aux résultats suivants, basés sur la supposition que la durée d’efficacité serait d’au moins trente ans:

  1. la capacité de prévenir le cancer du col de l’utérus passe de 61% à 6%
  2. il faut vacciner non pas 324 mais 9.088 fillettes pour éviter un cas de cancer (et non pas un décès) et
  3. le coût passe des 100.000 euros [initialement estimés] à à peu près trois millions d’euros par cancer évité (et non par décès évité).

Il est possible que l’immunité contre les papillomavirus 16 et 18 favorise le « remplacement » sérologique par d’autres types de HPV opportunistes qui investiraient cette « niche vacante ». Certaines données de l’un des essais cliniques vont dans ce sens. Nous ne connaissons pas l’impact du vaccin sur l’histoire naturelle de l’infection.

Les effets indésirables enregistrés lors des essais cliniques ont été fréquents et sans importance (douleur à l’endroit de l’injection, par exemple). Mais l’application généralisée à toute la population vient à peine de commencer. Aux Etats-Unis, sur 7 millions de doses administrées en seize mois ont été déclarés 2.531 effets secondaires possibles (incluant sept morts et 13 cas de polynévrite de Guillain-Barré ; les décès ne semblent pas avoir de rapport avec le vaccin, et seuls deux cas ont été confirmés qui ont probablement été induits par le Gardasil. (…) Les effets secondaires ont été plus graves lorsque le Gardasil a été associé au vaccin contre la méningite. (…)

Quelques questions générales

Le vaccin contre le papillomavirus humain est le premier qui concerne le comportement sexuel de l’individu. Nous ne savons pas sous quelle forme il affectera la perception du risque chez les deux sexes et dans les diverses formes de sexualité humaine.

L’impact que l’on peut espérer est mineur, compte tenu de la faible mortalité par cancer du col de l’utérus. Par exemple, il est seize fois plus probable de mourir en prenant de l’aspirine ou dans un accident de voiture – que d’un cancer du col de l’utérus.

(…) [Il est étonnant de voir l’enthousiasme et la rapidité avec laquelle des partis conservateurs ont soutenu le Gardasil dès le départ. Cela ne ressemble pas du tout à leur politique habituelle], et d’ailleurs les vierges et les femmes vivant dans des couples monogames ne contractent jamais l’infection. Le soutien à la vaccination implique la reconnaissance par les conservateurs du fait que la promiscuité est la règle et non l’exception.

Il est tout aussi étonnant de voir l’intérêt des groupes politiques sans liens avec la santé, qui se sont investis dans la commercialisation et la mise en pratique de la vaccination par le Gardasil. (…) Aux Etats-Unis, le cas du gouverneur républicain du Texas a fait couler beaucoup d’encre. Il a rendu la vaccination obligatoire, avant que les media découvrent ses conflits d’intérêts issus de ses liens avec le fabricant du Gardasil [Merck]. Cette même industrie pharmaceutique finance un groupe de pression constitué de femmes élues [qui ont soutenu d’emblée le Gardasil]: Women in Government. (…)

Le vaccin contre le papillomavirus humain est bien différent des autres. Son faible impact en santé pourrait contribuer à discréditer les vaccins en général. (…)

Il est très imprudent de parler de “vaccin contre le cancer” ou « contre le cancer de l’utérus » ou « contre le cancer du col de l’utérus ». C’est faux. C’est un vaccin contre [certains sérotypes de] papillomavirus humains, et notamment contre une protéine de sa capsule, pour être précis.

Si le ministère de la Santé, les associations scientifiques médicales et les autres professionnels de la santé ouvrent la porte aux « vaccins contre le cancer », ils ouvrent la porte à des vaccins faits et vendus par des charlatans sur Internet et dans d’autres milieux alternatifs, promettant des merveilles dans des maladies terminales. Ce faisant, on décrédibilise le véritable effort de développement de vaccins contre le cancer, par exemple dans les mélanomes.

Les décisions du Ministère de la santé sont incompréhensibles, tout comme celles des diverses communautés autonomes. Et on ne peut qu’être surpris par les déclarations et les « consensus » de certaines associations médicales. On assiste parfois à une simplification à outrance qui banalise la fréquence du cancer du col de l’utérus : ainsi, il est ridicule de parler toujours de la prévalence mondiale – plus de 500.000 cas annuels – et de la mortalité mondiale – plus d’un quart de million de décès par an. C’est comme si on voulait faire peur en agitant tel monstre qui hante les cauchemars des enfants… Ces chiffres valent pour les pays pauvres, où réside une grande partie de la population mondiale, qui n’a ni à manger ni les vaccins élémentaires. C’est ici que le Gardasil pourrait avoir une grande efficacité. (…)

Pour terminer, il faut rappeler que les médecins généralistes doivent « protéger » les filles et les adolescentes en bonne santé, qui ne nécessitent qu’un suivi de leur croissance. Or la médicalisation qu’induit cette vaccination « contre le cancer » peut mener à la création d’« unités de traitement de l’adolescence féminine », en remplacement de celles consacrées à la ménopause [du temps où on la considérait comme une maladie à traiter et un marché juteux pour l’industrie…]. J’avais formulé cette crainte il y a une dizaine d’années et cela menace de devenir réalité. Aux bons entendeurs, salut…

Conclusions

Il n’y a pas de données validant l’efficacité de la vaccination contre le papillomavirus. Il n’y a pas de raisons scientifiques qui justifient qu’on se précipite sur le Gardasil. Les objectifs de la vaccination n’ont pas été définis. Nous manquons de connaissances, et surtout sur les dimensions essentielles, par exemple sur l’histoire naturelle du cancer du col de l’utérus. Nous ne savons pas quel sera l’impact sur la perception des risques liés aux maladies sexuellement transmissibles.

Nous allons d’extrapolation en extrapolation, et le degré de preuve et la science se perdent en chemin. Il y a des extrapolations partout : les résultats dans une population sont extrapolés à une autre, la séroconversion est interprétée comme efficacité du vaccin, les résultats intermédiaires sont extrapolés en résultats définitifs, la durée prouvée de l’effet est étendue à toute la vie… C’est la prudence qui s’impose.

Si les autorités politiques introduisent la vaccination, les professionnels de santé et la population doivent connaître les bénéfices et les risques. Pour ce faire, il faut que la vaccination se fasse avec le consentement éclairé et informé des adolescentes. Sans oublier les études qui permettront de juger de l’impact et de la sécurité d’une telle décision. »

L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêts.

Pour compléter les informations

sur la fréquence des cancers du col, sur les co-facteurs nécessaires pour qu’une infection par un sérotype oncogène persiste et évolue en cancer, ainsi que sur la répartition géographique très inégale des sérotypes et sur le lien entre dysplasies de haut grade, cancer du col et pauvreté, vous pouvez lire les notes réunies sous la catégorie Gardasil (divers).

Elena Pasca

Une réflexion sur “Juan Gervás, co-fondateur du mouvement espagnol de résistance au Gardasil, expose les raisons des médecins généralistes de rejeter le vaccin”

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s