Des commentaires découlant des deux notes précédentes et qui se résument à une question :
Pourquoi les glitazones / thiazolidinediones ont-elles été autorisées et sont-elles encore sur le marché ? Pourquoi testons-nous (oui, nous, les cobayes humains!) encore ce type de médicaments, puisqu’ils se sont révélés tellement nocifs ? Car c’est bien d’une expérimentation grandeur nature qu’il s’agit, puisqu’il suffit d’ouvrir notre vénérable Vidal pour lire qu’AVANDAMET (rosiglitazone + metformine, un antidiabétique classique) n’a jamais été testé, par exemple !! Personne ne peut dire ce qu’il fait ou ne fait pas, il n’y a pas eu d’essais cliniques avec ce médicament ! On l’administre en masse, on empoche les profits, et advienne que pourra !
En partie parce que les firmes cachent les résultats négatifs des études et essais cliniques – c’est l’un des multiples moyens de désinformation dont ils se servent. (Il faudra revenir sur cet aspect et donner quelques références, parce qu’il s’agit d’une pratique courante et régulièrement dénoncée dans la presse médicale indépendante).
Des informations telles que le New England Journal of Medicine (cf. note précédente)en livre sur le sort des glitazones déjà testées et abandonnées sont très précieuses lorsqu’il s’agit de se prononcer sur un autre médicamentde la même classe, compte tenu du fait que la toxicité cardiovasculaire semble être un effet de classe… Cela dit, la plupart du temps, ces données sont inaccessibles, bien cachées par les firmes qui ont le droit de s’asseoir dessus (secret industriel, secret de production, etc.). Même pour un médicament déjà approuvé, les laboratoires ont le droit de ne publier que les études dont les résultats sont favorables au médicament. S’il y a 10 études sur le médicament X, dont 7 défavorables pour cause d’effets secondaires, 1 passable et 2 plutôt favorables, rien ni personne n’oblige le laboratoire à publier les 7 études défavorables.
D’où l’importance d’un registre public de tous les essais cliniques, facilement accessible par tous, avec l’obligation de publier les résultats et de ne rien passer sous silence. Ce qui éviterait qu’un médicament que tel laboratoire a laissé tomber pour cause de toxicité soit repris quelques années après, avec des modifications de surface et dans d’autres indications, et que les investigateurs excluent d’emblée de l’analyse les paramètres qui posaient problème auparavant. Si on ne mesure pas tel paramètre, l’effet cardiovasculaire, par exemple, on ne risque pas d’avoir des résultats négatifs de ce type… C’est le maquillage d’un agent toxique en médicament miracle dans une autre indication… et il faut du temps pour que les effets secondaires se manifestent et à large échelle, qu’ils soient pris au sérieux par les autorités sanitaires (AFSSAPS, HAS en France) dont la tendance naturelle est de protéger les laboratoires, leur propriété intellectuelle, en minimisant les effets secondaires… Si jamais les médecins signalent les effets secondaires, ce qui est une obligation prévue par la loi, mais largement ignorée par les médecins français… Il y a plein de prétextes de ce genre pour que les laboratoires continuent à faire des profits le plus longtemps possible, même en sachant que tel médicament devra être retiré du marché à terme…
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Un article de Philippe Masquelier sur le site du Formindep aborde le sujet des études non publiées : La transparence de l’industrie pharmaceutique s’arrête là où ses intérêts financiers commencent .
On aimerait voir plus d’articles de ce type sur ce site prometteur, mais un peu trop uniforme et trop centré sur la formation médicale continue. La formation des médecins n’est qu’une infime partie d’un problème que le Formindep gagnerait à analyser plus en profondeur, dans toutes ses dimensions. Et en offrant la possibilité aux usagers de s’associer à la critique, sur des aspects qui peuvent susciter un débat public et déboucher sur un mouvement éthique.
Voir les autres articles sur les effets indésirables d’Actos, Avandia, Competact (des glitazones en général), accessibles en descendant sur cette page.
Elena Pasca