Critiques de la réforme sécuritaire des soins psychiatriques. Livre de Denis Salas sur le populisme pénal

[Mise à jour: J’ai défendu les positions de ce Collectif de psychiatres tant qu’il a essayé de mobiliser contre des thèses sécuritaires. Tout en me demandant s’il était au service de la domination de la secte psychanalytique lacanienne. Manifestement, c’est le cas, comme on l’a vu avec les prises de position pour défendre la psychanalyse, notamment contre la Haute autorité de santé, qui la relègue au statut de thérapie non consensuelle de l’autisme. Les enfants souffrant d’autisme étaient la chasse gardée des psychanalystes, tout comme… tous les autres et comme toutes les femmes, rendues coupables de toutes les maladies des enfants, rendues coupables de toutes les tares d’une société qui se « féminiserait », dans laquelle les femmes risqueraient de ne plus être aussi soumises au « Nom-du-père », de ne plus accepter qu’on les dégrade, qu’on les humilie, qu’on les piétine dans les soins et partout ailleurs.

On peut voir à quel point la psychiatrie est dominée par la secte lacanienne, puisque le Collectif des 39 s’est mobilisé comme un seul homme (c’est le cas de le dire) pour empêcher toute critique, toute remise en question, alors même qu’il s’agit d’enfants autistes que les psychanalystes empêchent au quotidien d’acquérir une autonomie, d’acquérir des moyens de communication. Honte à ces psychiatres et à tous les participants, tous ceux qui soutiennent les charlatans qui nous narguent en s’affirmant comme tels dans une pétition… Ils sont tellement puissants qu’ils peuvent tout se permettre.

Je laisse tel quel le texte initial, avec la partie qui me paraissait digne d’être soutenue. Fin de la mise à jour]

*

J’ai rendu compte à plusieurs reprises des objectifs et des initiatives du Collectif des 39 contre la Nuit sécuritaire dans les notes accessibles Denis Salas volonté de punir populisme.jpgà partir de cette page.

Et c’est avec un grand plaisir que j’ai animé le débat organisé par la Fondation Sciences Citoyennes le 9 décembre 2010 sous le titre « Dérives sécuritaires en psychiatrie: criminalisation de la folie. Enjeux et conséquences ». Y ont participé deux des principaux initiateurs de ce mouvement, le Dr Michaël GUAYDER et le Dr Claude LOUZOUN, ainsi que Denis SALAS, chargé d’enseignement et de recherche à l’Ecole Nationale de la Magistrature.

J’ai eu le plaisir d’interviewer longuement Denis Salas en 2005 (« Le droit: dernier bastion de l’universalisme? »), dans le cadre d’un dossier que j’avais fait pour la revue Place au(x) Sens sous le titre « L’Universalisme en question(s) », doublé d’un cycle de débats et de conférences à la Fondation Heinrich Heine, dont j’ai assuré la coordination scientifique. C’est un dossier qui garde toute son actualité; peut-être faudrait-il le reprendre. La seule partie accessible sur internet est l’entretien avec mon ancien directeur de recherche, le philosophe Heinz Wismann, intitulé « Figures de l’universel« , qui a été repris par la revue Dogma.

Denis Salas avait déjà participé à un débat pluridisciplinaire en 1996 à la Fondation Heinrich Heine, que j’avais organisé pour tenter de comprendre ce qui me paraissait être un changement significatif et une radicalisation des formes de violence des jeunes: « Nouvelles formes de violence juvénile? », avec le sociologue Michel Wieviorka et le philosophe et philologue Heinz Wismann, directeurs de recherche à l’EHESS.

J’invite les lecteurs à consulter les ouvrages et articles de ces auteurs et, faute de temps pour faire un article à part, j’attire l’attention en particulier sur l’un des nombreux livres de Denis Salas qui analyse l’ensemble du contexte sociétal, historique, juridique, politique dans lequel s’inscrit cette criminalisation des malades mentaux, qui n’en est que l’un des épiphénomènes: « La volonté de punir. Essai sur le populisme pénal » (Hachette 2005).

Ce livre nous fait comprendre entre autres comment le système juridique a tenté de s’adapter pour prendre en compte la parole des victimes, par-delà la « réparation » qu’apporte la justice. Mais aussi comment cette parole peut être instrumentalisée, par exemple lorsque les politiques poursuivent des fins électoralistes et populistes en édictant loi après loi à la suite de faits divers dramatiques. Ils jouent sur l’émotion suscitée dans l’opinion publique, qui peut penser à tort que tous les malades mentaux seraient des assassins en puissance qu’il faudrait enfermer à double tour pour le restant de leur vie, sans autre traitement qu’une camisole chimique, pour le plus grand bonheur de l’industrie pharmaceutique.

Et pourquoi pas tenter d’« identifier » les « déviants » – et les tentatives ne manquent pas – dès l’enfance et/ou en fonction du milieu social et de théories fumeuses sur l' »hérédité » et l' »inné », qui font un retour en force lorsqu’il s’agit de créer et d’exploiter des peurs, des stéréotypes et des préjugés irrationnes qu’aucun argument logique et rationnel ne peut combattre, tant l’impact des images sanglantes illustrant des faits divers est puissant. L’identité… ce concept que la Théorie critique a démoli à juste titre, parce qu’il n’a sa place que dans la logique. Nulle part ailleurs ne se vérifie le A = A. Mais c’est encore un autre sujet. Les lecteurs intéressés peuvent creuser en lisant, parmi les ouvrages traduits en français, la Dialectique négative de Theodor W. Adorno.

On pourrait même faire un parallèle avec la médecine, pour analyser ce qui s’avère être un dévoiement, un « abus de prévention« , qui risque d’entraver nos libertés fondamentales et d’être pire que le « mal » que de telles « mesures » prétendent prévenir.

Le 15 juin aura lieu au Sénat la deuxième lecture du projet de loi « relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge », qui réforme la psychiatrie dans un sens de plus en plus répressif, de criminalisation et d’exclusion des malades, entre autres par un enfermement et des soins sans consentement de moins en moins contrôlés. Et ce sans donner plus de moyens pour une prise en charge humaine, pluridisciplinaire et orientée autant que possible vers la (re)socialisation et non pas vers un enfermement de plus en plus systématique pour des raisons idéologiques populistes et électoralistes de tous ces démagogues qui font miroiter un « risque zéro » ».

Elena Pasca

*

Appel du Collectif des 39 Contre la Nuit Sécuritaire
« Si cette loi est adoptée, nous la refuserons.

Journée de mobilisation unitaire mercredi 15 juin 2011: 2ème lecture de la Loi

À l’issue de la conférence de presse au sein du Sénat, rassemblement devant l’entrée principale [15 rue de Vaugirard, RER Luxembourg] à 16h30

« Depuis plusieurs mois, la majorité des professionnels et les citoyens ayant à cœur une hospitalité pour la folie à rebours des préjugés sécuritaires actuels, ont dénoncé la déraison d’Etat qui s’est exprimée par le vote du projet de loi « relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et, aux modalités de leur prise en charge ».

Malgré nos propositions, il n’y a pas eu de sursaut républicain des élus de la majorité gouvernementale et pourtant, une fois votée, cette loi va rendre beaucoup plus compliqués l’accès aux soins et la continuité des soins pour les patients et leurs familles. Elle désorganisera la majorité des services de psychiatrie publique dès le 1er août 2011, fera pression sur des administrations prises de court (ARS, préfectures, justice) et paradoxalement, elle n’améliorera pas la possibilité des recours garantissant les libertés.

Cette loi adoptée, il ne restera plus que le sursaut des professionnels et des citoyens afin d’empêcher une catastrophe sanitaire sans précédent pour la psychiatrie.

Ethiquement, nous ne pouvons accepter cet ensemble de mesures qui n’a plus vocation à soigner mais à créer l’illusion que les psychiatres, les juges, les directeurs d’hôpitaux et les préfets pourraient garantir l’ordre social aux moyens de recettes gestionnaires et sécuritaires qui n’ont jamais fait leurs preuves.

Il est plus que jamais nécessaire, dans le champ de la psychiatrie, de se recentrer sur la mission soignante en élaborant, avec les patients et leur famille, des pratiques de soins au cas par cas et au long cours, quand elles le nécessitent. Nous ne saurions rester impuissants face à ce texte idéologique, discriminatoire et promouvant la délation tout en détruisant la relation de confiance « soignants – soignés ».

Ce texte dangereux consacre la rupture du secret professionnel, la fin de l’indépendance professionnelle qui sera désormais soumise à « un programme de soins » dicté par le Conseil d’Etat.

Par nécessité éthique afin de maintenir une possibilité de soin relationnel nécessaire à toute personne en grande souffrance psychique, qu’elle puisse ou non consentir aux soins, nous appelons le mercredi 15 juin tous les soignants en psychiatrie, les patients, les familles et tous les citoyens à refuser solennellement cette loi.

D’ores et déjà, il nous paraît essentiel d’appeler à un grand rassemblement unitaire à Paris, avant l’été, pour entériner notre refus et organiser la résistance qui concourra à l’abrogation. »

Une réflexion sur “Critiques de la réforme sécuritaire des soins psychiatriques. Livre de Denis Salas sur le populisme pénal”

  1. Bonjour,
    Devenir un citoyen « majeur émancipé » dans une république démocratique où le web symbiotique comme la biologie synthétique ne sont plus des thèmes respectables devient simple comme pratique.
    En effet, grâce à l’Open Source, les critiques argumentées publiques dans les forums comme les propositions constructives publiques dans les wikis participent au développement personnel de tout un chacun, parmi tout un chacun.
    Le point de vu des citoyens, étudiants, artistes, patients…sur les réflexions comme sur les actions des collectifs de santé mentale (e-santé ; … ; nano santé), est très attrayant pour tout un chacun.
    En ce début des années 10 du 21e siècle, la psychiatrie en nano santé (web symbiotique) se présente encore, dans les web 1.0 ; web 2.0, sous la forme de système expert (Unité de Recherche Universitaire publique ou privée).
    Le projet : Chrysalide :
    – Éducation Publique ;
    – Débat Public ;
    – Co-construction publique de la démocratie technique ;
    basé sur une mise en commun des contributions (type linux), dans les web 1.0 ; web 2.0, des lecteurs (libristes) comme le couple (Open Source ; Open Science) facilite la participation active de tout un chacun, parmi tout un chacun, y compris des patients, familles, amis…au développement de la psychiatrie en nano santé.
    En facilitant ainsi l’inoculation d’une nouvelle biopolitique (tel un vaccin) dans les vieux systèmes politiques, malades de l’Organisation Mondiale de la Santé, tout un chacun, parmi tout un chacun, participe au prompt rétablissement des démocraties comme des libertés.
    Excellente initiative artistique.

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s