D’autres preuves, si besoin était, pour voire à qui profite la politique hygiéniste de contrôle social qui cherche à tout normaliser, aseptiser, lisser, réglementer…
Deux médecins connus pour leurs attitudes critiques à l’égard de l’influence de l’industrie pharmaceutique, Adriane Fugh-Berman et Douglas Melnick, signent le 25 avril un article intitulé Smoke and Mirrors (« Fumée et écrans de fumée »). Ils dénoncent le dernier cas connu de « disease mongering », terme indiquant l’invention de toutes pièces d’une gamme de symptômes ou de caractéristiques qui sera médicalisé et déclaré « maladie », problème de santé publique, etc. Et ce rien qu’à des fins de marketing : pour vendre tel médicament ou élargir son marché.
La nouvelle invention nous est assenée par un article récent de la revue Annals of Internal Medicine : The Case for Treating Tobacco Dependence as a Chronic Disease : « Arguments en faveur du traitement de la dépendance tabagique comme une maladie chronique », même une fois que le fumeur a … arrêté de fumer.
La dépendance au tabac serait une maladie comparable à l’asthme ou au diabète ( !!) et imposant donc des traitements de longue durée, voire à vie…
Inutile de dire qu’il y a des sites Internet qui ont sauté sur l’idée et la défendent…
Il s’agirait de prescrire des substitues nicotiniques ou d’autres médicaments censés aider au sevrage tabagique pendant des années, et non seulement pendant cette courte période où un fumeur n’arrive éventuellement pas à arrêter tout seul. (Cela ne veut pas dire que Pharmacritique cautionnerait l’usage de ces produits, même pour une courte durée, ou penserait qu’ils sont autre chose qu’une source de profit). Comme d’habitude dans le cas du « disease mongering », il s’agit d’abord de vendre la maladie, qui amène d’elle-même tel traitement… La revue Annals of Internal Medicine n’hésite donc pas à décrire la dépendance tabagique dans les mêmes termes qu’une maladie chronique : complications, facteurs qui l’entretiennent ou l’aggravent, traitements, etc. Et de conclure que les facteurs comportementaux mobilisés lorsqu’une personne arrête de fumer ne sont pas suffisants ; il faut leur associer un traitement médicamenteux non limité dans le temps…
C’est incroyable de vouloir traiter quelqu’un une fois qu’il a effectivement arrêté de fumer… Ou de continuer l’éventuel traitement par comprimés ou par substituts, et ce non pas parce que ceux-ci n’auraient pas de risques, mais parce qu’ils tueraient moins de gens que le tabac… Mais alors une fois le tabac arrêté??
Décidément, la médecine est tombée bien bas, si elle est à ce point-là tributaire de toutes les lubies commerciales des firmes et qu’elle ne fait que leur donner un vernis pseudo-scientifique pour les justifier… Comment faire dans la pratique pour prendre tous ces traitements qu’elles voudraient nous faire gober? Puisque l’industrie aimerait bien nous imposer un traitement « préventif » des à peu près 25.000 maladies connues, dès fois qu’on risquerait de mourir en mauvaise santé… Ca, on le savait déjà. Mais voilà qu’elle veut faire en plus de la post-prévention post-maladie une fois que le malade est guéri (j’ai d’abord écrit dire post-prétention…).
En lecteurs avisés, Fugh-Berman et Melnick détectent immédiatement l’information médicale la plus importante de cet article des Annals of Internal Medicine : les déclarations des conflits d’intérêts. Les auteurs de cette idée farfelue sont membre des « speaker’s bureau » (sorte d’experts / conférenciers qui vont influencer leurs collègues) de la firme Pfizer et officient comme consultants pour les firmes Pfizer, Novartis, GlaxoSmithKline et Celtic Pharma. Pfizer produit la varénicline (Champix/ Chantix) et le spray nasal nicotinique Nicotrol. GSK produit les gommes à mâcher Nicorette, les pastilles nicotiniques Commit, les patchs Nicoderm et le médicament Zyban (bupropion, vendu aussi comme antidépresseur sous le nom Wellbutrin). Celtic Pharma travaille au développement de TA-NIC, un … vaccin (anti)nicotinique… Rien que ça ! On voit bien qu’il n’existe toujours pas de vaccin ni de traitement de la bêtise humaine et de la cupidité pharmaceutique… Le profit justifie les moyens.
Quant à Novartis, il produit une gomme à mâcher nicotinique dont le nom est à lui seul un présage pour l’administration à long terme d’un médicament dans une addiction : Thrive (« prospérer », « fleurir »). Il y a fort à parier que l’addiction aux substituts prendra fort opportunément la place de l’addiction au tabac. Ces firmes cherchent à faire vendre leurs produits en les érigeant au rang de substituts chroniques pour des maladies chroniques, comme la méthadone pour l’héroïne… Pour ce faire, elles doivent les présenter comme parfaitement tolérables et sans risque ; ainsi, la nicotine (produit addictif dans les cigarettes et dans les substituts) serait anodine sous forme médicale, tout comme le Zyban/ bupropion (qui peut provoquer des convulsions) ou encore le Champix/ Chantix/ varénicline. Ce dernier, qui avait été mis en cause surtout pour ses effets secondaires psychiatriques, allant de la dépression à l’idéation suicidaire et aux suicides, est désormais pointé du doigt pour des effets indésirables sévères de type neurologique (convulsions, pertes de connaissance, pertes de l’équilibre, etc.), cardiovasculaire (troubles du rythme cardiaque), ophtalmologique (troubles de la vision) et dermatologique. Nous en avons parlé dans la note intitulée « Une étude met en évidence les effets indésirables neurologiques du Champix, médicament d’aide à l’arrêt du tabac vendu par Pfizer »
L’article de pub des Annals – parce qu’on ne peut pas l’appeler autrement que publicité déguisée – donne l’exemple d’une femme qui a recommencé à fumer, et ce, disent les auteurs, parce que son assurance a refusé de continuer à lui rembourser les substituts nicotiniques deux ans après qu’elle a arrêté de fumer… Il y a une pression on ne peut plus claire qui pousse à la consommation chronique de substituts ou aides à l’arrêt. On verra certainement « fleurir » dans quelque temps des aides à arrêter les aides à l’arrêt… Des substituts pour substituer, etc. Le sevrage des moyens de sevrage, autrement dit… Le potentiel est infini, pour le grand bonheur des actionnaires de l’industrie pharmaceutique.
Le comble est que ces médecins inféodés aux firmes ne se gênent pas de faire de la publicité pour une indication et un usage somme toute non autorisés (hors AMM) de ces médicaments et autres gommes et substituts. On voit bien que le virage amorcé aux Etats-Unis – allant vers la permission d’une publicité pour ces usages hors AMM – commence à avoir les conséquences qu’on prévoyait, avant même que les nouvelles directives de l’agence américaine du médicament (FDA) soient avalisées…
Une habitude potentiellement dangereuse deviendrait ainsi une maladie chronique, à soigner même s’il n’y a pas de conséquences. Avec ce message d’ »encouragement » que la médecine et les firmes feraient parvenir aux fumeurs désireux d’arrêter : vous ne pouvez pas arrêter sans substituts, vous ne pouvez pas arrêter même avec des substituts, vous êtes condamnés à un traitement à vie. Qui, si vous avez de la chance, sera moins dangereux que le tabac et le tabagisme. Mais rien ne le prouve. On verra bien une fois l’expérimentation faite.
En tout cas, vous fumeurs, vous êtes malades, pas la peine d’essayer de faire des efforts par vous-mêmes ! La volonté, c’est quoi ça ? Arrêtez les enfantillages et passons aux choses (économiquement) sérieuses ! Vos amis de l’industrie pharmaceutique et leurs amis dans la décidément très inventive gente médicale sont là pour penser et agir à votre place. Ils savent, eux, ce qui est bien pour vous. Plus la peine d’activer vos neurones.
Elena Pasca
Nous avons traité le champix de façon légère sur ce blog, mais ce médicament n’est pas à prendre à la légère.
Après trois semaines de traitement, des effets secondaires tels que cauchemars à répétition, insomnies brutales, sautes d’humeur, fatigue, vertiges, nausées. nous avons arrêté le médicament d’un coup (tous les deux).
Nous avons donc passé une semaine de plus à souffrir du sevrage tabagique et du sevrage champix. Aves des effets de manque vertigineux, bien plus importants vis à vis du champix que du tabac.
http://salegosse.wordpress.com
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Bonjour,
Je vous remercie de votre témoignage. J’espère que les effets indésirables ont complètement disparu entre-temps.
Etes-vous sûrs d’avoir lu attentivement ce qui est dit dans ces pages sur le Champix ?
Je ne comprends pas de qui vous parlez en disant « nous », dans « nous avons traité le champix de façon légère sur ce blog ». S’agit-il de l’un des deux blogs auxquels vous renvoyez (et avec Pharmacritique n’a aucun lien, je dois le préciser, puisque vous y faites de la publicité) ?
En tout cas, je crois pouvoir dire que ce blog-ci, c’est-à-dire Pharmacritique, n’a pas pris le Champix « de façon légère ». Il me semble que nous avons, au contraire, dénoncé de façon assez véhémente les effets secondaires du Champix, l’écran de fumée publicitaire de Pfizer, l’usage des vétérans de guerre comme cobayes, les conflits d’intérêts des experts, etc. Ce qui nous a d’ailleurs valu pas mal de critiques sur certains forums…
Je crois qu’il suffit de lire les notes de la catégorie « Tabac, sevrage, aides à l’arrêt »
http://pharmacritique.20minutes-blogs.fr/champix-sevrage-tabagique/
pour voir que ce blog-ci n’est pas favorable à une quelconque médication dans l’arrêt du tabac. Et ce parce qu’il plaide en général pour un usage raisonnable des médicaments, et qu’employer le Champix, le Zyban ou la nortriptyline ne me paraît pas relever de la raison, mais uniquement des intérêts financiers des Pfizer et Cie…
Vous pouvez lire plus particulièrement les notes suivantes, portant sur le Champix et faites assez rapidement après la sortie de l’info dans la blogosphère anglophone :
« Une étude détaille les effets indésirables neurologiques et cardiovasculaires du Champix, médicament d’aide au sevrage tabagique »
« Le Champix et Pfizer encore… Retour sur les experts payés pour faire vendre la varénicline »
« Des vétérans de guerre ayant des troubles psychiques, cobayes du Champix. Et un ancien secrétaire d’Etat américain fait du lobbying »
« La FDA et Pfizer ont ignoré les mises en garde d’un expert sur les effets indésirables du Champix pris à la longue »
Vous avez raison de témoigner des effets néfastes, pour mettre en garde d’autres personnes et leur permettre d’avoir aussi un autre son de cloche, et pas seulement la soupe publicitaire de l’industrie pharmaceutique.
Bon courage dans l’arrêt du tabac !
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Bonjour Mercusot,
Je me permet de réagir à cet article car trop subjectif à mon goût…
Bien sur que les industries pharmaceutiques vont sauter sur l’occasion pour se faire un peu d’argent sur le dos des pauvres fumeurs « malades »; mais comme elles le feraient pour n’importe quel problème de santé potentiel.
Il faut essayer de voir plus loin que le bout de son nez : qualifier le tabagisme de pathologie peut aussi être un moyen d’essayer de se sortir des représentations que chacun a du tabac.
Il faut savoir qu’au même titre que l’alcoolisme et la toxicomanie, le tabagisme est une addiction; et cela se saurait si toutes les personnes atteintes de conduites addictives parvenaient à s’en défaire sans aide.
Une personne peut être fébrile et utiliser ou non un antipyrétique. Dans le cas où elle n’en prend pas, cela fait-il d’elle une personne en bonne santé, parce qu’elle n’a pas utilisé de médicament ?
Malgrès toutes les actions de santé publique entreprises, il y a toujours autant de fumeur… Alors il est beau de s’enflamer quand quelque chose nous titille mais c’est encore plus merveilleux lorsque nous poussons la réfléxion plus loin en proposant une critique constructive.
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Mon médecin m’a prescrit du Zyban, je l’ai pris 3 jours.
J’ai vite arrêté, une vraie horreur.
Dés le 1er jour j’ai eu des effets visuelles bizarres, c’est le moins que l’on puisse dire…j’avais l’impression qu’on m’avais intégré un zoom à mes yeux. A grande vitesse j’avais ma vue qui zoomais (avancer –reculer)…ce qui bien entendu, était très perturbateur, pour faire simple, on tombe (c’est d’ailleurs super quand ça arrive dans les escaliers, sic) et ça donne des nausées.
+ un autre truc vraiment spéciale, ne rigoler pas….j’avais des vaguelettes sur le front. J’ai cru que ce que je sentais, était seulement dans mon imagination, jusqu’à je demandé à une collègue de vite regarder quand cela arrivait, et qu’elle me dise que ce que je sentais était oui ou non visible.
En effet, j’avais bien la peau de mon front qui faisait des vaguelettes. Je ne vous dis pas, mais une fois tout le monde au courant….je suis passée pour une extra-terrestre.
J’ai fait le rapprochement avec mes prises de zyban…j’ai arrêté et je suis redevenue humaine.
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fumeur durant 35 ans,en 2004 jai décidé d’arreter la cigarette.Pour me faciliter le
sevrage je me suis fait prescrire du ZYBAN par mon médecin généraliste.
Contrairement à vos affirmations je peux vous dire que pour moi le sevrage s’est
très bien passé….
j’ai arrete de prendre du Zyban au bout de 3 semaines sans effets indésirables,quant au tabac cela fait maintenant presque six ans que j’ai arrete de fumer…
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Voila j’ai demandé a mon médecin de me prescrire du Champix il y a de ça environ 2 a 3 mois suite a de bons commentaires venant d’une copine.Dans la première semaine j’ai été malade..vomissement,chaleurs-froideurs.Toujours dans la première semaine et je dirais les 3 premières état très dépressif.Moi qui a une joie de vivre la du tout je me sentait vide….pas de vie,inerte.Beaucoup de rêves aussi pas toujours joyeux,insomnie.Plaques au visage qui ont duré 2 gros mois.
Après avoir lu tout ça, je me pose plus de questions.J’ai mes réponses et je cesse de prendre cette cochonnerie la!!
Merci bcp pour cette précieuse information.Je tacherai de la partager dans mon entourage.
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Etre un peu dépressif quand on arrête un drogue ( la clope) c’est un peu normal, non ?
je n’ai aucune connaissance en médecine, je fume depuis 40 ans, j’ai essayé d’arrêter trois fois avec les patch de nicotine, je prend du Champix depuis 10 jours et pour la première fois n’ai pas envie de fumer.
Je vous trouve trop catégorique, aucun médicament n’est anodin de toutes façons.
je vais très bien à part peut-être un manque « d’enthousiasme », un peu de fatigue et de constipation, mais surtout je suis heureux car je sais que je tiens le bon bout cette fois… Alors la fatigue, je peux assumer sachant que c’est provisoire.
Dans quelques semaines ( 2 maxi) je vais baisser la dose de Champix graduellement.
Si des personnes ont de graves effets secondaires avec Champix, en ce qui me concerne, n’ayant pas d’antécédents médicaux, je pense que cette méthode me convient parfaitement.
Je commente sur ce site car je trouve que vous prenez un malin plaisir à décourager les gens en sevrage tabagique, ce n’est pas très cool. Soyez plus modérés svp, vous savez bien que chaque cas est unique.
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Bonjour,
je viens d’être informée des effets secondaires des substituts nicotiniques et je dois dire, pour avoir déjà pris du Ziban et du Champix que je suis en stress sur les effets secondaires à long termes une fois que les médicaments pour le sevrage ont été arrétés, quels peuvent êtres les troubles physiques et psychiques les années suivantes, moi j’ai pris du champix en 2008. J’ai été déprimée depuis et même maintenant je m’en sors avec une thérapie!!!
Durant l’année suivant ma prise de Zyban j’avais toujours des visions de moi en train de m’ouvrir les veines! est ce possible que se soit liés à ces médicaments, sachant que je suis de nature plutôt optimiste et joyeuse? Je tiens à signaler aussi pour l’avoir vécue que l’arrêt brutal du zyban est très dangereux j’ai eu des saignements de nez très conséquents limite hémorragie, très flippant, du genre jets de sang qui sortent de la gorge, larmes de sang et grosse impression que les timpans explosent!!!! films gore assuré!
Alors sincèrement sans vouloir faire flipper tout le monde j’aimerai bien connaitre si possible les cas avérés de problèmes physiques et psychiques sur le long terme et dire aux gens qui fument que l’arret c’est super dur et que je suis de tout coeur avec eux!
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bonjour
36 ans de cigarettes (j’ai commencé à 11 ans), toutes mes tentatives précédentes étaient clairement dans ma tête une étape et non une fin. cette fois j’ai décidé d’arrêter à vie. d’arrêter ma lente autodestruction pour profiter des années qui me restent.
le champix a eu comme effet secondaires….un effet aphrodisiaque dont ni moi ni mon mari ne se sont plaint vous imaginez bien
un mois 1/2 après l’arrêt j’ai commencé naturellement a oublié de prendre le champix, une fois par jour puis une fois tous les 2-3 jours puis j’ai arrêtée totalement
maintenant, 3 mois 1/2 après, à part une grosse crêve (mais nous sommes en plein hiver) tout va bien et je sens que les images mentales que je me suis ancrées fonctionnent très bien et ont pris le relai de ce médoc dont je ne me plains pas.
j’en ai repris du champix une fois « pour voir » (j’avais un peu peur que la situation mette à dure épreuve mon souhait de ne plus jamais fumer) comme d’autres tirent sur une clope et j’ai eu les mêmes effets (coeur acceléré et vague envie de vomir pendant 2 heures)
voila juste pour donner un autre son de cloche
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cela m étonne et me fait peur , nous avons commencé le champix mon épouse et moi même il y a 1 moi et demi devont nous le continuer ou stop au vù du prix ce n est pas 1 petit cout » en plus »
attendons réponses merci à vous
[Nom de famille supprimé par Pharmacritique, par prudence, s’agissant de détails personnels d’ordre médical. Un prénom suffit sur internet]
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Bonjour,
Un fois arrêter, comment on traite l’arrêt de tabac quand on était dépendant de celui ci? c’est la question qui se pose. Déjà qu’on trouve que c’est difficile d’arrêter de fumer.
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